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La tripartite cafouille sur l'entrée «facile» des PME à la Bourse d'Alger

par El Kadi Ihsane

Il existe 337 titres cotés en Bourse en Iran, 272 en Jordanie, 79 au Maroc et deux en Algérie. La tripartite du 28 mai dernier a mis en place un groupe de travail «introduction des PME à la Bourse d'Alger». Mission, créer un second compartiment de cotation et faire décoller la place. Sauf que le document final est truffé de «conditionnalités» qui annoncent encore un nouveau ratage.

Le rapport du groupe de travail «introduction des PME à la Bourse d'Alger» résultat d'une série de réunions abrités par la Commission d'Organisation et de Surveillance des Opérations de Bourse (COSOB) dans le courant de juin dernier fait le pas le plus attendu des spécialistes. Il propose d'exonérer durant 5 ans de l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) les PME qui ouvrent leur capital en Bourse. Exonération proportionnelle à la part de capital qui flottera en bourse. Mais plafonnée à 50%. Premier accroc. «L'incitation aurait pu aller plus loin», aux yeux d'un membre du FCE, partie prenante du groupe de travail. L'intention est là. Mais à chaque pas elle parait bridée par un surcroît de réglementation. Ainsi le document, remonté au ministère des Finances, propose que les PME qui rentrent en Bourse doivent avoir deux ans d'existence au moins. Pour le premier compartiment, la condition est de 3 ans. La barrière d'entrée est à peine plus basse. «Pourquoi une nouvelle entreprise, qui a donc moins d'un an d'existence, ne peut-elle pas faire un appel public à l'épargne si elle remplit les conditions d'affaire et de gouvernance, qui sont jugées par le marché ?» s'interroge le directeur d'un cabinet conseil à Alger, pour enchaîner «la jeunesse d'une entreprise peut être compensée par une bonne gouvernance établie et une équipe managériale complète et expérimentée». Cette dérogation est encore plus facile à accorder «lorsque les perspectives du plan d'affaire sont lisibles comme par exemple dans le cas d'une filiale algérienne d'entreprise étrangère». D'autres «conditions», bien plus discutables, ont été parsemées sur le document final. Il ne faut pas que les PME éligibles à ce mécanisme soient détenues à plus de 25 % par des entreprises ne correspondant pas à la définition de PME. Ce qui exclut, entre autres, les PME passées par la case capital-risque. Alors même que les spécialistes s'accordent sur le fait que le chemin de croissance traditionnelle d'une PME passe par l'apport d'un fonds d'investissement avant d'aller à la Bourse.

Ligne de barbelés

Autre ligne de barbelés sur le document, l'exigence pour les PME concernées par ce second compartiment de la Bourse d'Alger d'avoir «suivi seules ou avec le soutien du programme, une mise en conformité ou de mise à niveau ou s'inscrire dans le dispositif de soutien aux PME». Une embrouille pure et simple pour qui connaît la faiblesse de la fonction mise à niveau en Algérie. Une autre exigence, est, elle, mieux acceptée. Celle du parrainage des PME entrantes en bourse par un «listing sponsor» ou conseiller financier «qui accompagne la PME et n'intervient qu'en dehors de la bourse» notamment pour l'aider à communiquer autour de son titre. La fonction de promoteur en Bourse va être créée. Pour les spécialistes le listing sponsor ou le Nominated Advisor devraient être exigés aussi dans le compartiment premier de la Bourse. In fine, le document décrète que «le dispositif d'introduction des PME en Bourse est beaucoup plus souple que celui d'introduction au marché principal» : Pas d'exigence de capital minimal, de taille, ou de résultats. Sauf que les petites chicanes menacent l'élan. Des détails qui ressemblent beaucoup à ceux qui font que le premier compartiment de la Bourse d'Alger n'existe, en réalité, toujours pas.