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Portrait d'une hôtesse de l'air «comblée»

par  G. O.

Ghania Hachouf nous a raconté comment elle rêvait d'être hôtesse de l'air. C'était vendredi dernier, à Seattle, précisément sur le tarmac de la compagnie Boeing où elle attendait d'embarquer sur le 737-800 qu'Air Algérie venait d'acquérir du fournisseur américain. C'était le septième des avions achetés par un contrat conclu en 2008 entre les deux partenaires. Ghania était d'une élégance assez marquée. Elle était en tenue d'hôtesse de l'air. Coiffée comme elle l'était d'une toque de couleur bleu marine, ornée d'un insigne en rouge, lui donnait beaucoup de classe. Souriante, vive d'esprit et de gestes, Ghania nous disait que sa venue à Seattle était presque un voyage de couronnement d'une carrière de près de 40 ans. Cette Guelmia de naissance, au sourire gracieux et spontané, avait suivi un stage de formation à la fin de 1972. Elle a fait son premier vol en 1973. Un Alger-Lyon dont elle se rappelle au détail près. «Être hôtesse de l'air, c'était pour moi un rêve ! » disait-elle avec beaucoup d'enthousiasme. Comme si elle commençait sa carrière en ce vendredi ensoleillé, dans une ville où il faisait quand même froid en ce mois de juillet. Ghania a visité le monde depuis. « J'ai fait même des vols avec le président Bendjedid et même Boumediene, » a-t-elle affirmé. Cela importe peu puisque sa carrière a été très riche en déplacements en direction du monde. Ce qui ne l'a pas empêchée de se marier en 1980, c'est-à-dire à un moment où elle s'était habituée aux cieux. Elle choisit ainsi de revenir sur terre pour avoir trois enfants tout en continuant de « voler ». Mais elle a dû batailler pour faire accepter son statut de mère de famille alors que sa profession exigeait d'elle d'être « libre de tout engagement. » Elle ne regrette rien de ses choix puisqu'elle les a assumés dignement. Son fils est aujourd'hui pilote de ligne et est à Johannesburg. L'une de ses deux filles vient de réussir le test d'hôtesse de l'air «majore de promotion », précisera-t-elle avec fierté. « J'ai ce métier dans les tripes ! » disait-elle. Jusqu'à avoir transmis l'envie de voler à deux de mes trois enfants. Une fois montée sur le nouvel avion d'Air Algérie, l'hôtesse de l'air vérifie si rien ne manquait pour assurer convenablement son service à bord. Elle devait le faire pour deux commandants de bord, un co-pilote, un chef de cabine et quelques techniciens. L'équipage était certes restreint parce que l'avion venait d'être réceptionné par les mains du fournisseur et n'était donc pas certifié pour assurer un vol commercial. Mais elle avait promis de leur servir un repas qu'elle avait elle-même commandé pour « cette belle occasion.» En 2013, Ghania aura 60 ans. Elle affirme être une femme comblée. « Il faut céder la place aux jeunes, » a-t-elle lancé avec un sourire qui peut pourtant toujours rassurer des passagers qui ont le mal du ciel.