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Mohammed VI écrit à Bouteflika: Un message diplomatique et des sous-entendus

par Moncef Wafi

Mettant à profit l'occasion du 5 juillet, le roi Mohammed VI du Maroc, dans une correspondance diplomatique adressée au président Bouteflika, a réaffirmé sa volonté d'imprimer une nouvelle dynamique aux relations bilatérales tout en évitant l'évocation des dossiers qui fâchent. Le message de félicitations de M6 s'est voulu un rappel de la température des derniers mois qui ont vu des échanges de visites ministérielles entre les deux capitales mais également à des annonces de bonnes intentions qui ont auguré, un certain temps, un réchauffement de leurs relations politiques. Ce message a été également un relais royal pour se souvenir de l'existence de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) puisque le roi alaouite, se prononçant sur « les obstacles conjoncturels et objectifs » entre les deux pays, s'est dit « déterminé » à les surmonter dans le cadre même de l'UMA. Une union régionale en terme d'option stratégique avec la consolidation de cette union maghrébine mais aussi un clin d'œil à la relance de l'Union Pour la Méditerranée, chère à Sarkozy, avec la nomination de M. Amrani, un haut cadre marocain, au poste de Secrétaire général de l'UPM, « avec l'appui de l'Algérie », comme souligné par Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères et européennes, lors de son dernier passage à Oran. Ce discours de circonstance tranche avec le vocabulaire habituel utilisé par M6 pour fustiger la politique extérieure algérienne, notamment sur le dossier sahraoui et la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays. Une position marocaine qui s'inscrit en opposition avec les recettes de bon voisinage en provoquant des réactions de la part de la diplomatie algérienne pour recadrer les accusations et les manœuvres marocaines. Alors que l'actualité était à une éventuelle et prochaine réouverture des frontières, fermées depuis 1994, la diplomatie marocaine, surfant sur les déclarations du Conseil de transition libyen accusant Alger d'alimenter les forces de Kadhafi en armes et mercenaires, s'est payé une tribune à Washington par l'entremise d'une plume lobbyiste en son nom pour reprendre ces mêmes accusations. Rabat, dont les inimitiés avec Alger sont plus fortes que son désir d'apaisement dans l'espoir de voir les frontières entre les deux pays se rouvrir, a profité de cette occasion pour rebondir sur la question et frapper de suspicion internationale les relations qu'entretiennent l'Algérie et le Polisario, sous le couvert de la sacro-sainte priorité de la lutte antiterroriste. Ce qui a fait dire au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, que ce n'est pas avec ce genre d'initiatives qu'on assistera à une réouverture des frontières, une réouverture vivement souhaitée et conseillée par Paris. L'autre dossier polémique entre Alger et Rabat est celui du Sahara Occidental où, là aussi, la France a pris position. Interrogé à propos de la position de Paris sur le Sahara Occidental, M. Juppé, tout en se félicitant de la volonté de contact entre Alger et Rabat malgré ce problème, a veillé à rappeler les fondamentaux français qui consacrent la médiation américaine et le travail de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, comme base d'une solution dans la voie d'une reconnaissance du peuple sahraoui, soit sous la forme d'une autonomie, un plan préconisé par le Maroc, rappelons-le, soit sous la forme de l'indépendance.