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L'affaire des cadres de Sonatrach jugée aujourd'hui

par Houari Saaïdia

Reporté il y a deux semaines, le procès des transactions douteuses conclues entre le groupe Sonatrach et la coentreprise algéro-française d'engineering et de réalisation Safir SPA, impliquant l'ex-n°2 de la compagnie pétrolière nationale et ex-PDG de sa filiale « Aval», Feghouli Adbelhafid, est prévu aujourd'hui devant le pôle spécialisé d'Oran.

 A priori, le contretemps lié à la défaillance des témoins cités dans l'affaire, fait qui a servi la fois passée de motif pour l'ajournement, a peu de chances de se reproduire, les treize témoins ayant été convoqués à nouveau via le greffe judiciaire par voie postale dès la levée d'audience du mercredi 13 avril, confirme-t-on de source judiciaire. Il s'agit de fonctionnaires de Sonatrach Aval et du joint-venture Safir, proches des dossiers à l'épicentre de cette affaire. Sauf imprévu donc, l'affaire devra être jugée dès aujourd'hui. Les compagnons de box de M. Feghouli, ancien vice-président de Sonatrach-Aval et PDG par intérim du groupe Sonatrach sont : Henni Mekki, ex-directeur des études et du développement de l'activité Aval, M. Nechnech, ex-DG de Safir SPA et M. Benamar, cadre à la retraite. Leur cinquième co-prévenu n'est autre que l'ancien PDG du groupe Sonatrach, Meziane Mohamed, le seul des cinq accusés en liberté sous contrôle judiciaire. M. Feghouli, l'ex-vice-président du groupe Sonatrach, qui avait occupé transitoirement le poste de PDG du groupe par intérim suite à l'inculpation de Mohamed Meziane en janvier 2010, au niveau de la Cour d'Alger, et qui cumulait un temps les deux fonctions de PDG de Sonatrach-Aval et Tassili Airlines, avait été placé sous mandat de dépôt, le 20 décembre 2010, en compagnie de M. Henni, M. Nechnech, M. Benamar, et ce, sur ordre du juge d'instruction près la 2ème chambre du tribunal d'Arzew, dans le cadre d'une enquête sur une série de transactions suspectes, entre 2007 et 2008. Au centre de cette affaire, le fameux mode du «gré à gré», comme mode en raccourci qu'offrait la circulaire A 408 R-15, avec à la clé le motif d'urgence pour passer outre au code des marchés publics. L'un des marchés «irréguliers», selon l'accusation, est celui de la réalisation d'une station de stockage d'azote au complexe pétrochimique d'Arzew pour un montant de 10 millions d'euros. Un autre marché non moins important, d'une enveloppe de près de 16,8 millions d'euros, a été attribué à Safir sans le recours à l'appel d'offres par le biais de conventions signées entre Sonatrach et cette société algéro-française créée en 1992 entre Sonatrach, Sonelgaz et Gaz de France à travers sa filiale Sofregaz. La même année 2008, Safir, dont l'État algérien détient 51% (Sonatrach 36% et Sonelgaz 15%) contre 49% pour l'entreprise française Marais Contracting, décrochait un autre marché d'un montant de 27 milliards de centimes pour des prestations d'engineering et de services de projets. Les raisons de ces contrats de plusieurs milliards passés de gré à gré, sans solliciter des appels d'offres et les publier dans le BAOSEM, le bulletin d'offres du secteur de l'énergie et des mines, comme le stipule la réglementation en vigueur, restent inexpliquées. Installée depuis le départ de Gaz de France en 2003, Marais Contracting a pris le relais dans Safir SPA, en 2004. Mais, en 2005, ses employés ont entamé des sit-in et une grève pour dénoncer l'incompatibilité et l'inutilité de cette partie française qui n'a rien apporté au groupe Safir SPA. Après avoir frôlé le dépôt de bilan faute de commandes, Safir avait obtenu son premier gros contrat de gré à gré avec Sonatrach, en 2007. Il s'agissait de la construction d'un nouveau centre de stockage et de conditionnement d'azote au niveau de la zone industrielle d'Arzew.