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Carmen Burgos est la première journaliste femme espagnole. Elle est la
pionnière sur ce plan. Elle a débuté sa carrière en 1901. Au départ, elle
tenait une sorte de rubrique intitulée «Lectures pour femmes». Mais elle avait
fini par déborder cet espace pour d'autres sujets concernant les femmes. Elle
est la première à avoir revendiqué le droit de vote pour les femmes. Elle est
décédée en 1932. Ces informations, tirées de son livre «Pourquoi mon fils
ressemble à sa grand-mère», ont été avancées par Inès Garcia, une des deux
journalistes qui ont animé une rencontre sur «les journalistes femmes en
Espagne», avant-hier à l'Institut Cervantès. Inès Garcia qui a travaillé au
journal «El Pais», touche aussi au documentaire. La seconde journaliste est
Josefina Carabias, née dans un petit village, aux alentours de Madrid, au début
des années 20, du siècle dernier. Après la guerre civile, elle s'était exilée à
Paris. Lors de son retour à son pays, dans les années 40, elle signait ses
papiers avec un pseudo. Une autre femme a occupé même le poste de directrice de
publication du journal «L'avant Guardia» en 1936. Mais cette promotion, note
l'hôte de l'institut Cervantès, cache mal les motivations de ce choix. «On la
prenait pour un être faible et donc facilement manipulable» dira-t-elle.
Attaquant son sujet d'un autre angle, elle indiquera que l'école du journalisme
en Espagne a reçu cinq femmes, dans les années 1945. Sur ce lot, deux
uniquement ont pu finir leurs études et travailler dans la presse. Dans les
années 80 et suite aux changements qu'a connus la société espagnole, les femmes
ont investi massivement le domaine des médias. Mais les inégalités entre les
sexes, dans ce domaine, demeurent toujours. Pour preuve, en haut de la pyramide
de cette profession, on trouve peu de femmes. Sur le plan salarial, 50% des
journalistes femmes touchent moins de 1.500 euros, alors que 91% des
journalistes hommes perçoivent plus de 3.000 euros. Ces deux chiffres indiquent
le fossé entre les deux sexes, dans ce métier. Cette situation n'empêche pas
Inès Garcia de se déclarer très optimiste.
Pour sa part, Edurene Arbeola, qui travaille actuellement à la Chaîne «Cuatro» acquise par Berlusconi, et spécialiste des conflits et catastrophes naturelles, donnera quelques chiffres illustrant la situation des femmes journalistes de son pays. Elles sont 70% à suivre des études dans cette spécialité. Mais uniquement 40% arrivent à accrocher un emploi dans une rédaction et seulement 14% accèdent à un poste de responsabilité. L'enfantement empêche beaucoup d'entre elles de poursuivre leur carrière, estime-t-elle. Celles qui arrivent à accrocher un poste dans l'audiovisuel où les critères esthétiques sont trop présents, terminent leur carrière très tôt. Dans ce sens, elle affirme que le modèle italien (consistant à allier journalisme féminin et mannequinat) est, de plus en plus, rampant en Espagne actuellement. Soulevant la nature des couvertures des catastrophes naturelles et des conflits, elle notera l'approche féminine très différente de celle des hommes. Les premières mettent en relief surtout les dimensions humaines de ces phénomènes, dira-t-elle. Les deux interventions ont donné lieu à un débat très animé portant sur la comparaison entre la situation espagnole et celle qui prévaut en Algérie. Quelques consœurs présentes ont dressé le parallèle entre les deux réalités et surtout mis le doigt sur les ressemblances. Avec cette différence cependant : les deux Espagnoles se déclarent très optimistes quant à l'avenir du métier. Ce qui n'est pas le cas pour les nôtres? |
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