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Séisme de magnitude 8,9 au Japon: Tsunami dévastateur, des centaines de morts

par Djamel B. Et Agences

Un séisme de magnitude 8,9, le plus fort jamais enregistré au Japon, a frappé hier le nord-est de l'archipel, déclenchant un tsunami de plusieurs mètres de haut sur les côtes Pacifique et a fait au moins 337 morts et 531 disparus selon un bilan provisoire de la police établi douze heures après le violent tremblement de terre. L'agence de presse Kyodo redoute un bilan plus lourd, plus de 1.000 morts. Outre 110 personnes dont le décès a été confirmé dans différentes régions du nord et de l'est, 200 à 300 corps ont été découverts sur une plage de Sendai.       

A Tokyo, à environ 380 km de l'épicentre, les gratte-ciel, construits sur des structures parasismiques spéciales, ont tangué pendant de longues minutes après le séisme. Un toit s'est effondré sur un bâtiment du centre de Tokyo où 600 étudiants participaient à une cérémonie de remise de diplômes, faisant de nombreux blessés, selon les pompiers et les médias. Dans les bureaux et les habitations, des objets ont chuté des étagères, les ascenseurs ont été automatiquement arrêtés, tandis que des millions de personnes se précipitaient dans les rues. Une dizaine d'incendies ont été signalés dans la capitale, et il y a plusieurs blessés, selon les médias.

Dans la région de Tokyo, une raffinerie de pétrole était en feu à Iichihara et des flammes s'élevaient à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. L'aéroport international de Narita, situé à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Tokyo, a suspendu le trafic pendant plusieurs heures, mais a annoncé dans la soirée que les opérations reprenaient progressivement. Les transports ferroviaires et routiers ont également été interrompus dans une grande partie de l'archipel, en particulier dans Tokyo et sa région, bloquant des millions de personnes qui ont pris d'assaut les hôtels de la ville ou bien tentaient de regagner leur domicile à pied.       

«Les dégâts sont si énormes qu'il nous faut plus de temps pour regrouper les éléments», a indiqué a l'AFP un responsable. De nombreux blessés et plusieurs dizaines de disparus étaient également signalés par les télévisions et agences de presse. Le gouvernement fait de son mieux pour coordonner les secours et opérations de sauvetage, «en prenant comme hypothèse que ce tremblement de terre a fait des dégâts considérables», a affirmé aux journalistes le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano. Des navires des forces navales d'autodéfense sont partis sur place. La secousse la plus destructrice, d'une magnitude de 8,9 selon l'Institut de géophysique américain (USGS), s'est produite à 24,4 km de profondeur à 14h46 et à une centaine de kilomètres au large de la préfecture de Miyagi. Ressentie très fortement à Tokyo (qui se situe à moins de 400 kilomètres de l'épicentre), elle était toujours suivie de nombreuses importantes répliques plusieurs heures plus tard.

Des vagues dévastatrices de 10 mètres

Des vagues de dix mètres de hauteur se sont abattues sur les côtes de la préfecture de Sendai et d'autres de sept mètres dans la préfecture voisine de Fukushima, ont rapporté les médias. Une alerte au tsunami a été émise sur pratiquement toutes les côtes du Pacifique par le Centre américain pour les tsunamis et un ordre d'évacuation a été donné aux îles Mariannes et à Hawaï. Dans la province de Miyagi, une vague de boue et de débris a déferlé à grande vitesse dans les champs, dévastant tout sur son passage. A certains endroits, l'eau a pénétré jusqu'à cinq kilomètres à l'intérieur des terres. Les télévisions nippones diffusaient en direct des images de maisons inondées, de bateaux ayant chaviré et de voitures submergées par les eaux. Des colonnes de fumée s'élevaient au-dessus de certaines localités situées dans le nord-est de l'île principale de Honshu, où une quarantaine d'incendies ont été jusqu'à présent recensés.

Selon l'Agence météorologique nippone, il s'agit du plus fort séisme jamais enregistré au Japon. «Nous avons été secoués si violemment qu'il fallait s'accrocher pour ne pas tomber», a témoigné une responsable de la municipalité de Kurihara, la plus durement touchée dans cette préfecture. «Nous ne pouvions pas nous échapper de l'immeuble parce que les secousses n'arrêtaient pas de se succéder», a-t-elle dit à l'AFP au téléphone.

 Les centrales nucléaires des préfectures de Miyagi et de Fukushima se sont automatiquement arrêtées, a indiqué la compagnie d'électricité Tokyo Electric Power (Tepco) qui dessert la capitale. Le Premier ministre, Naoto Kan, a assuré qu'aucune fuite radioactive n'avait été constatée. Les réseaux de télécommunications fixes et mobiles restaient soumis à de fortes perturbations plusieurs heures après le séisme.

Deux trains disparus, un bateau emporté par les vagues

Dans la préfecture de Miyagi, un bateau avec une centaine de personnes à son bord a été emporté, et on ignorait le sort des passagers, selon les médias. Deux trains sont portés disparus. L'une des deux rames appartenant à la compagnie JR East circulait à proximité de la gare de Nobiru sur la ligne Senseki reliant les villes de Sendai et Ishinomaki lorsqu'une vague de dix mètres de haut a déferlé, selon l'agence Kyodo qui cite la police. Par ailleurs, un barrage a rompu dans la préfecture de Fukushima et des maisons ont été emportées, quelques heures après le puissant séisme.

A Tokyo, quatre millions de foyers étaient privés d'électricité. «J'étais au bureau, au dixième étage de mon immeuble. Les murs ont commencé à trembler, puis tous les meubles. Je n'ai jamais connu ça ici, j'ai eu peur», a expliqué Saki Horikane, une employée de bureau du quartier de Ginza descendue avec ses collègues quelques minutes après la secousse. Plusieurs fortes répliques de magnitude supérieure à 6, voire 7, se sont ensuite produites et ont été ressenties jusque dans la capitale. La piste de l'aéroport de Sendai, située dans la préfecture de Miyagi, a été inondée, selon les médias. D'autres points de la côte du Pacifique ont également été touchés par des vagues de plusieurs mètres de haut. Un tsunami de 7 mètres a également été signalé plus tard le long de la préfecture de Fukushima, située au sud de celle de Miyagi. Le parking du gigantesque complexe de loisirs Tokyo Disney Resort (Disneyland), dans la préfecture de Chiba, à quelques kilomètres de la capitale, est également sous les eaux.

6.000 habitants sommés de quitter la zone d'une centrale nucléaire

Six mille habitants des environs d'une centrale nucléaire ont été appelés à évacuer dans la préfecture de Fukushima quelques heures après le violent tremblement de terre, ont annoncé les autorités locales. Le gouverneur de la région a demandé l'évacuation des résidents d'une zone de trois kilomètres de rayon autour de la centrale Fukushima n°1. Des troupes des forces d'autodéfense (le nom de l'armée japonaise) en tenue de protection nucléaire (NBC) ont été dépêchées sur les lieux. Les eaux de refroidissement de l'installation nucléaire ont baissé à un niveau inquiétant, mais aucune fuite radioactive n'a été signalée, a précisé la télévision Nippon TV. Par ailleurs, selon l'agence de presse japonaise Kyodo, un départ de feu avait été signalé plus tôt dans un bâtiment abritant une turbine dans la centrale nucléaire d'Onagawa située dans la préfecture de Miyagi. Toutefois, aucune fuite radioactive ni dans cette installation, ni dans les autres sites nucléaires des préfectures touchées n'a été détectée dans les heures suivant les plus fortes secousses, ont affirmé les autorités. La compagnie Tohoku Electric Power, qui exploite la centrale d'Onagawa et aussi celle de Fukushima, n'a pas détecté de problème radioactif.

Alerte rouge

L'Agence de météorologie japonaise maintenait en alerte rouge ou orange toutes les côtes est et nord de l'archipel, ainsi qu'une partie des flancs ouest. Le Japon, situé au confluent de quatre plaques tectoniques, subit chaque année environ 20% des séismes les plus forts recensés sur Terre. Le Comité de recherches sismiques du gouvernement a averti qu'un grand tremblement de terre de magnitude 8 avait 70% de chances de se produire d'ici à 30 ans dans les plaines du Kanto, où est située la mégalopole de Tokyo, peuplée d'environ 30 millions d'habitants. En 1923, la capitale avait été dévastée par un séisme majeur, qui avait fait 140.000 morts. La plupart des décès étaient survenus dans des incendies. Plus récemment, en 1995, le séisme de Kobe avait fait plus de 6.400 morts.