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Alliance nationale pour le changement: «Le changement se fera par les urnes»

par Amine L.

Tout en défendant le «droit constitutionnel d'organiser des marches pacifiques en Algérie», Abd El Mekki Aïssa, membre du conseil consultatif d'El Islah, s'est dit «ne pas adhérer à l'appel lancé par la coordination nationale pour la démocratie et le changement (CNDC)

d'observer la marche à Alger, du moment où le contexte ne s'y prête pas». «Organiser une marche est une démarche ultime. Nous divergeons avec la CNDC sur la question du timing. Nous sommes d'accord sur le principe mais la conjoncture n'y est pas favorable», a affirmé M. Abd El Mekki sur les ondes de la radio chaîne 3.

 Ce responsable s'est exprimé, hier, au nom de l'Alliance nationale pour le changement (ANC) dont son mouvement fait partie. L'invité de la radio considère qu'il «ne saurait y avoir de changement sans passer par les urnes». «Cela passe à ses yeux par l'organisation d'élections transparentes». Pour lui, «le problème central reste la crédibilité des élections». Et d'appeler le pouvoir à mener «des réformes globales et à commencer par la révision de la Constitution». «Il doit y avoir un changement. Le verrouillage est létal», a-t-il considéré. Et d'appeler au «rassemblement de toutes les forces vives de la nation qu'elles soient laïques, islamistes, communistes? pour aboutir à un consensus national qui remettra en branle la conscience nationale». «Notre but, dit-il, est de rétablir la notion de justice sociale et construire un Etat de droit».

 Ce responsable du mouvement El Islah a réitéré l'appel de l'ANC à l'ouverture d'un dialogue national pour «trouver une solution politique civilisée» aux problèmes politiques et socio-économiques et consacrer la stabilité et la solidarité. M. Abd El Mekki a indiqué que son mouvement œuvre à «la réalisation de réformes en rejetant l'exclusion et la marginalisation», voyant en cela «une option susceptible de garantir le progrès et la prospérité au pays».

 L'ANC a vu le jour lors d'assises qui se sont tenues à Zeralda le 5 février dernier. Elle regroupe l'ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour, El Islah, le Mouvement de la jeunesse pour le développement (MJD), du mouvement El Infitah et l'Association des oulémas algériens. Le Mouvement pour la prédication et le changement (MPC), groupe dissident du MSP, le parti du Rassemblement algérien (RA), le Parti républicain algérien (PRA) de Abdelkader Merbah, sont aussi signataires de la déclaration finale annonçant la naissance de l'ANC. Outre ces partis politiques, des syndicats ont également rejoint

l'alliance. Parmi les objectifs de l'ANC figurent l'organisation d'une conférence nationale pour le changement, l'élaboration d'une charte d'honneur de l'opposition et d'une plate-forme de revendications politiques. L'ANC réclame des mesures assurant «un minimum de

conditions susceptibles de garantir les libertés individuelles et collectives». «Notre plate-forme de revendications n'est pas scellée», a précisé M. Abd El Mekki qui souligne que l'ANC ne vise pas à absorber les partis qui la constituent. Le mouvement El Islah appelle à la tenue d'une rencontre entre le pouvoir et l'opposition pour une «refondation de l'Etat ». M. Abd El Mekki a qualifié l'annonce de la levée de l'état d'urgence de «bonne chose si toutefois il ne sera pas

remplacé par d'autres lois liberticides». Sur un autre volet, l'invité de la radio dit «adhérer entièrement» à l'appel pour le changement lancé tout récemment par l'ancien secrétaire général du FLN,

Abdelhamid Mehri, qualifié comme «faisant partie de l'aile saine du système». Un appel considéré comme «une démarche désintéressée et sincère.» Enfin, ce responsable d'El Islah exprime le rejet «de toute ingérence étrangère notamment par ceux qui continuent de considérer l'Algérie comme leur chasse gardée», allusion faite à la France qu'il accuse «d'adopter une position ambiguë en soutenant d'une part les régimes tout en donnant des leçons de démocratie».