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Tlemcen: Les fausses notes de la capitale de la culture islamique

par Khaled Boumediène

Ancienne capitale des Zianides au Maghreb, Tlemcen, principale ville de l'extrême ouest algérien, est, depuis, la «capitale de la culture islamique» pour 2011, proclamée par l'Organisation islamique de l'éducation, de la culture et des sciences (ISESCO).

Le choix porté par l'ISESCO sur «la perle du Maghreb» en tant que capitale de la culture islamique est une consécration de la place qu'occupe Tlemcen en tant que cité arabo-islamique en Afrique du Nord et une reconnaissance de ses contributions dans les domaines de la jurisprudence islamique, les sciences, la langue, la littérature, la poésie et l'histoire.

 Il est à rappeler que Tlemcen abrite un certain nombre de monuments d'une très grande spiritualité historique et qui seront au cœur de cette grandiose manifestation, compte tenu de leur rayonnement culturel qui remonte à plusieurs siècles et, surtout, à leur place parmi les monuments qui attirent à longueur de l'année des touristes de tous les coins du monde.

 Parmi ces célèbres monuments, on trouve le palais du Méchouar, la Grande-Mosquée, la mosquée de Mansourah et ses remparts, les vieilles mosquées de Sidi Brahim El Gharik, Sidi Belahcen Ettenessi, Ouled Sid Limam, Sidi El-Yeddoun, les mosquées de Zahra, Tafessera, Khémis et Nedroma.

 A ces lieux de culte, s'ajoute un nombre important de zaouïas, de mausolées et de lieux de culte où sont enterrés d'illustres personnages de la ville, tels que Sidi Boumediène Choaïb Ibn Al-Ansari Al-Hocein El-Andaloussi (décédé à Tlemcen en 1198), Mohamed Ben Youssef Ben Choaïb Es-Senouci Et-Tlemçany (décédé à Tlemcen le 9 mai 1490), Mohamed Ben Ahmed Ben Abou Yahia, plus connu sous le nom d'El-Habbaq (décédé en 1462), Mohamed Ben Ibrahim Ben Ahmed El-Abdeny, plus connu sous le nom d'El-Abili : parmi ses disciples, le très savant El-Maqarri, El-Oqbani (décédé le 26 juillet 1467 à Tlemcen) : parmi ses disciples, Abou'l Abbès El-Ouenchéricy, célèbre théologien?

Ce choix vient réaffirmer en outre les efforts réussis de l'Algérie aujourd'hui en matière de diffusion d'une culture islamique modérée, ouverte et tolérante, ainsi que l'adhésion à la mondialisation, tout en préservant les spécificités culturelles et l'identité nationale. A cet égard, l'Algérie a mis en place, sur instruction du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, un riche programme de festivités à l'échelle nationale et internationale pour cet évènement majeur qui vient mettre en exergue l'héritage historique de Tlemcen.

Mais les préparatifs pour l'accueil de cette méga manifestation ont démarré très en retard. Les nouvelles infrastructures, à savoir un théâtre de plein air de 2.500 places pour les grands spectacles, un pavillon des expositions de 4.000 m² pour le patrimoine islamique, un musée des arts et de l'histoire, un palais de la culture, un centre des études andalouses (inspiré de l'Alhambra de Grenade), l'aéroport de Zénata et la restauration des vestiges? connaissent un retard considérable, alors que Tlemcen entame son deuxième mois de l'année 2011. Les salles de cinéma (Colisée, Rex et Lux) ne sont qu'à un stade moyen d'avancement, ce qui a gâché l'inauguration «officieuse» de cet évènement, qualifié par les Tlemcéniens de «mariage sans la famille !». A en croire des représentants du mouvement associatif, des organisations nationales et des associations culturelles de la capitale des Zianides, aucun d'eux n'a été convié ni sollicité pour participer à la cérémonie d'ouverture organisée à la maison de la culture Abdelkader Alloula de Tlemcen.

«Comment se fait-il que les gens de «Ahl El-Dar » soient écartés de la fête ?», se lamentent des familles tlemcéniennes. Et d'ajouter : «Nous voulons savoir qui veut vraiment nous écarter de ce prestigieux évènement !». Alors les organisateurs rattraperont-ils leurs erreurs lors de l'inauguration officielle, prévue le mois d'avril prochain ?