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Les propositions des chefs d'entreprises

par Z. Mehdaoui

«Pour faire progresser notre pays, il est nécessaire de vaincre les dysfonctionnements qui persistent dans notre économie, de réduire les contraintes qui entravent la gestion des entreprises et de l'entreprenariat» a déclaré hier le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE) Réda Hamiani.

Ce dernier, qui intervenait à l'occasion de la présentation de «l'indice du forum pour la performance de l'entreprise», a fait savoir que la conviction au sein du FCE réside dans un «environnement économique simplifié, lisible et cohérent ce qui constitue un facteur déterminant du succès des politiques économiques que conduisent les pouvoirs publics».

Réda Hamiani qui a pris le soin de préciser «avec force» que le FCE ne vise en aucune façon, à travers la confection de cet indice, à en faire un vecteur de critique de la politique économique publique, a indiqué que l'indice pour la performance de l'entreprise (IFPE40) consiste en un suivi de 40 thèmes constituant un ensemble de facteurs sur lesquels portent les principales préoccupations des chefs d'entreprises.

L'IFPE 40, selon les explications fournies lors de la rencontre, organisée à l'hôtel Riadh de Sidi Fredj, est scindé en 7 volets sur une liste de 40 supports recensés en matière d'environnement économique de l'entreprise algérienne.

Il s'agit des volets «Commerce», «Finances-banques», «Industrie», «Exportation», «Investissement»,», «Droit économique», et «Dialogue économique».

En fait le FCE, dans son document ne s'est pas contenté de dresser un état des lieux ou simplement relever les «carences» de certaines législations mais fait des propositions pour chaque problème ou couac soulevé. Dans son volet 1 (Commerce) qui traite de pas moins d'une douzaine d'obstacles ou thèmes identifiés, le FCE recommande des solutions, en affutant ses arguments.

A titre d'exemple, le forum des chefs d'entreprises propose de mettre en place une «formule simplifiée et rapide de dédouanement», une sorte de couloir vert pour les producteurs nationaux et ce dans le but d'éviter les surcoûts de stockage notamment générés par les délais assignés au transit de marchandises dans les zones aéroportuaires qui sont actuellement de 25 à 30 jours.

Le FCE, dans le volet commerce, a proposé des solutions à chaque obstacle soulevé en apportant des arguments. Cela concerne notamment «la mise en place d'un comité de facilitation des opérations commerciales au niveau des zones portuaires et aéroportuaires», «la simplification des dispositions du décret instituant l'autorisation préalable pour le bénéfice de la franchise de droits de douane», «la simplification du système d'autorisation préalable d'importation de produits chimiques et réactifs destinés à l'industrie», la révision du statut des chambres de commerce et d'industrie» «la réforme du système actuel des prix et des subventions sur le marché national», «les surcoûts élevés du transport maritime à l'importation et à l'exportation», «les besoins d'assouplissement des procédures de délivrance du registre de commerce»?etc.

Pour ce qui est du volet «Banques et finances», le forum des chefs d'entreprises y a consacré dans le document (IFPE 40) huit thèmes. C'est ainsi, à titre d'exemple, devant l'inexistence dans la pratique d'un marché de change, le FCE suggère de mettre en place un instrument à la disposition des entreprises algériennes souhaitant se couvrir contre le risque de change.

 Dans le même volet, le forum des chefs d'entreprises traite également de ce qu'il qualifie de «recours excessif au mécanisme budgétaire pour le financement des aides apportées aux entreprises publiques». Le système en place pour l'apport d'aides financières aux entreprises publiques s'appuie fondamentalement sur des mécanismes budgétaires, lit-on dans le document distribué à la presse. «Cette forme de soutien, est-il ajouté, néglige l'apport précieux qui devrait être apporté, en tout premier lieu, par le système bancaire». Tout en précisant qu'il ne s'agit pas de remettre en cause un soutien conséquent aux entreprises dont il est l'actionnaire, le FCE recommande toutefois «le passage par des instruments de marché» qui sont, est-il encore expliqué, de nature à apporter plus de transparence, plus d'efficacité et à terme de meilleurs résultats économiques pour les secteurs d'activités concernés et pour l'économie nationale dans son ensemble.

Dans le volet «Industrie», quatre thèmes et ou/ obstacles sont identifiés dans l'indice du FCE. Il s'agit «des limites du dispositif actuel de régulation des accès au foncier industriel», «la mise en place d'un système opérationnel de gestion des zones industrielles», «les contraintes posées aux industriels algériens par la législation algérienne en matière de brevet» et le problème de «l'absence de statistiques fiables sur les PME algériennes».

 L'interdiction d'exportation de produits alimentaires à base de céréales, décidée depuis le mois d'août 2009 par le ministère du Commerce, arrive par ailleurs en tête de liste dans le volet» exportation». Cette position de l'administration, soutient le FCE dans son document, apparaît aux exportateurs algériens d'autant plus difficile à comprendre que l'encouragement au développement de l'exportation hors hydrocarbures figure officiellement comme une des priorités constantes de la politique externe de l'Algérie.

Le baromètre des chefs d'entreprises

Le baromètre mensuel des chefs d'entreprises algériens pour le mois de décembre fait état d'une baisse de l'indice de confiance de l'ordre de 4 points.

L'enquête mensuelle baromètre des chefs d'entreprises algériens qui est en fait un sondage réalisé par Internet comportant une quinzaine de questions, révèle qu'après le léger rebond enregistré durant le mois de novembre 2010, l'indice de confiance a clôturé la même année (décembre) avec une baise de 4 points par rapport au mois précédent et de 6 points par rapport à la même période en 2009.

 La baisse de l'indice de confiance a touché notamment les secteurs du bâtiment et des travaux publics ainsi que les industries. Même si le baromètre des chefs d'entreprises explique cette baisse pour cause de conditions climatiques défavorables, il n'en demeure pas moins qu'il n'écarte pas d'autres facteurs à l'origine du ralentissement de l'activité économique durant le mois dernier.

Le président du FCE, Réda Hamiani a fait savoir hier lors de son intervention, que les entreprises algériennes ont besoin qu'on leur fasse confiance et plaidera pour l'instauration de «règles stables et lisibles, une fiscalité adaptée, un Etat qui soit à leur côté pour les aider à grandir et à exporter».