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Mort d'une Algérienne à La Mecque : sept ans de prison pour un Yéménite

par Djamel Belaïfa

Arrêté le 15 septembre dernier par la police saoudienne, un Yéménite a été condamné par un tribunal saoudien à sept ans de prison et 500 coups de fouet pour avoir provoqué indirectement la mort d'une jeune Algérienne, Sarah Khatib, à La Mecque en septembre dernier.

 La jeune fille, âgée de 15 ans, avait trouvé la mort en sautant du toit d'un hôtel où elle logeait en compagnie de sa famille qui effectuait le pèlerinage à La Mecque, selon une source officielle. Le quotidien saoudien al-Iqtissadia, qui rapporte l'information, souligne que le Yéménite «a reconnu au cours de son interrogatoire avoir eu une liaison avec la jeune fille», et précisé qu'il était en train de dîner avec elle lorsqu'un de ses camarades a fait irruption. Une dispute entre le Yéménite et son camarade s'en est suivie.

 L'inculpé a alors demandé à l'adolescente de «fuir avant que ses parents ne découvrent qu'elle était en sa compagnie», a ajouté le journal. La jeune fille a alors sauté du toit de l'hôtel et est morte, a ajouté le journal. L'adolescente, qui résidait en France, était venue à la mi-septembre avec des membres de sa famille à La Mecque pour effectuer la Omra. Son corps avait été retrouvé sur le toit d'un hôtel contigu à celui où elle résidait avec ses proches. Des médias saoudiens avaient alors affirmé qu'elle essayait d'échapper à une tentative de viol et se serait jetée du balcon ou de la terrasse de son hôtel. L'autopsie a montré que le corps portait des traces de blessures, mais que l'adolescente n'avait pas été violée, selon le quotidien al-Iqtissadia.

 Le 15 septembre dernier, la police avait appréhendé deux Yéménites accusés du meurtre de la jeune Algérienne. Le 25 du même mois les deux individus ont été déférés devant la justice. Le quotidien saoudien Okaz avait souligné que le principal accusé allait être poursuivi également pour tentative de viol. Les deux Yéménites étaient passibles de la peine de mort conformément à la charia, en vigueur en Arabie Saoudite.

 A la mi-septembre, les autorités saoudiennes ont ouvert une enquête sur les circonstances de la mort de l'adolescente algérienne. Selon certains journaux saoudiens, la jeune fille essayait d'échapper à une tentative de viol et se serait jetée du balcon ou de la terrasse de son hôtel. Le porte-parole de la police de La Mecque, le commandant Abdel Mohsen al-Mayman, cité par la presse, avait annoncé que «quatre employés de l'hôtel, originaires du Yémen et du Bangladesh, ont été appréhendés et sont interrogés».

 L'affaire avait suscité l'émoi des Algériens. Quelque 300 pèlerins algériens se sont rassemblés devant l'hôtel le 15 septembre pour réclamer une enquête sur les circonstances de la mort de la jeune fille. Tout le quartier de Ghaza, mitoyen de la grande mosquée de La Mecque, où logent généralement les pèlerins algériens et maghrébins, a été bouclé par les services de sécurité, qui ont tenté de calmer la colère des Algériens. Le gouvernement algérien avait réclamé une enquête sur les circonstances de cette mort violente de la jeune Sarah. Son père biologique, installé à Tlemcen, avait également réclamé toute la vérité sur la mort de son enfant.

 Depuis l'annonce de la mort de l'adolescente, plusieurs versions et hypothèses avaient circulé dans les journaux sur les véritables circonstances de cette disparition, sur les mobiles du crime ainsi que sur les auteurs présumés.