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Les causes d'un échec annoncé

par K. M.

La déroute de l'équipe nationale de football en République centrafricaine (2-0) dénote l'absence de stratégie de la FAF, laquelle s'est contentée de gérer les résultats de l'équipe. Sans projet en matière de formation et de développement, la Fédération demeurera incapable de constituer une équipe nationale forte et représentative. En ce sens, l'entraîneur Abdelhak Benchikha ne devrait pas être accablé après cette défaite, de même que les joueurs dans la mesure où il s'agit d'un résultat reflétant la situation réelle et amère du football algérien. Il est inconcevable qu'une Fédération dont l'équipe est mondialiste ne dispose pas d'une direction technique nationale digne de ce nom. Une DTN, qui est par définition l'émanation des techniciens, a pour mission d'assurer la formation et le développement, ce qui n'est pas le cas en Algérie. Pis encore, la mise en place d'une DTN était un vœu pieux pour l'ancien entraîneur national Rabah Saâdane. D'ailleurs, il avait souhaité s'occuper de la DTN après le Mondial, une fois qu'il se serait retiré de l'équipe nationale. Mais, comme en Algérie les compétences ont toujours été marginalisées, Saâdane a été dégommé d'un trait de la FAF, comme s'il n'avait jamais entraîné l'équipe nationale. Le maintien de Saâdane à la FAF, ne serait-ce que par respect aux années qu'il a passées à la tête de l'équipe nationale, aurait facilité la transition avec Benchikha.

 Sa présence aurait mis en confiance les joueurs de l'équipe nationale, lesquels s'étaient engagés avec lui de se racheter après le faux-pas contre la Tanzanie. Mais grande fut leur surprise d'apprendre que Saâdane est parti sur la pointe des pieds. Un fait qui renseigne sur la manière avec laquelle est gérée une équipe mondialiste, bénéficiant de tous les égards de la part des plus hautes instances de l'Etat. Sans verser dans le pessimisme, le pire est à venir dans la mesure où les sélections des jeunes catégories continuent de se faire éliminer dès les tours préliminaires des compétitions continentales. Les juniors et les cadets ont déjà été balayés, alors qu'ils devraient constituer la relève de l'actuelle équipe seniors. Ce constat remet également en cause les académies de football initiées par la FAF. Les résultats parlent d'eux-mêmes. En revanche, le technicien allemand Peter Schnittger, qui avait été engagé par le MJS pour mener un travail de formation et de développement, a été empêché de mener à bien sa mission. Une situation qui n'est pas nouvelle dans les pratiques du football algérien où les compétences et les références se trouvent marginalisées. Toutefois, l'absence d'une DTN à la FAF reste préjudiciable pour le football algérien d'autant plus que Raouraoua s'était engagé, au lendemain de son élection, de mettre en place une direction technique à la hauteur des attentes; même s'il faut aller chercher des compétences du Japon, pour reprendre son expression. Or, bientôt trois ans se seront écoulés après son élection et la FAF ne dispose pas encore d'une DTN, se contentant de prospecter des joueurs formés en France. Une solution de facilité que l'ancien entraîneur national Rabah Saâdane n'avait pas cessé de dénoncer. En ce sens, il ne cessait jamais de comparer l'équipe nationale à l'arbre qui cache la forêt.

 A ceux qui exigeaient des résultats, ils rétorquaient : «Soyons réalistes, il ne faut jamais oublier d'où l'on vient. Il y a trois ans, on rêvait de se qualifier à une phase finale de la CAN. L'équipe actuelle est importée, rien n'est entrepris en Algérie. On ne forme pas, il est temps de se remettre au travail». Mais son discours était mal apprécié ou perçu. Aujourd'hui, le football algérien s'est replongé dans sa dure réalité, les mêmes causes produisant les mêmes effets. La FAF sautera certainement sur l'occasion de prospecter un entraîneur étranger à la place de Benchikha, sachant que le problème du football algérien est ailleurs.