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Une ville aux abonnés absents

par A. El Abci

Une véritable frénésie s'est emparée des Constantinois, aussi bien des consommateurs que de nombreux commerçants qui ont procédé à une honteuse hausse des prix, les derniers jours du mois sacré et même durant les fêtes de l'Aid. Depuis jeudi dernier en effet, profitant d'une sorte de boulimie qui s'est emparée des consommateurs, il a été constaté notamment chez les bouchers et les vendeurs de fruits et légumes, des augmentations effarantes. Ainsi, les retardataires, pour n'avoir pas pris leurs précautions comme ils l'affirment, ont dû payer 1.000 DA le kilo de viande de mouton, contre 800 dinars la veille, 1.200 DA le kilo de bœuf de qualité médiocre. Même l'escalope de dinde est brutalement passée de 500 à 800 DA le kilo. Les légumes ont suivi, avec 50 DA le kilo de pomme de terre contre 35 la veille, 120 DA la salade contre 60 le mercredi d'avant. Les haricots à écosser ont atteint 180 DA contre 120 la veille, etc. Et chose plus effarante encore, les clients qui faisaient leurs emplettes dans les deux marchés du centre-ville, se disputaient pour être servis!

 Finalement, hier dimanche, le calme est revenu semble-t-il. Bien que beaucoup de commerçants chômaient encore, les tarifs ont été relativement revus à la baisse et même les transports, taxis et bus, ont repris leur train-train habituel.

 A l'exception de la ville d'El Khroub, les deux journées de l'Aid El Fitr, qui ont coïncidé cette année avec le week-end, ont été on ne peut plus éprouvantes et handicapantes pour les citoyens de la métropole Constantine. La plupart des commerçants ont baissé le rideau de leurs échoppes. Acheter un sachet de lait ou des baguettes de pain était difficile pour ne pas dire impossible. La plupart des boulangeries, la quasi totalité des épiceries et commerces de fruits et légumes étaient fermés, prenant au dépourvu tous ceux qui ont cru bon de se défaire du réflexe de constituer des stocks en ces matières. Il y a lieu d'ajouter que concernant les moyens de transport, la situation n'était pas meilleure car aussi bien les bus que les taxis ont totalement disparu de la ville. Cette situation a fait que durant ces deux jours, la «ville des ponts» ressemblait, à s'y méprendre, à une ville «morte», comme peut-être jamais auparavant. Seule la municipalité d'El Khroub a décidé d'un programme comprenant plusieurs mesures renforçant surtout les moyens de transport. Et c'est ainsi que la mairie a mis à la disposition des usagers une cinquantaine de bus pour le transport à l'intérieur de la ville et vers Constantine et 15 taxis d'une société privée, la deuxième qui existe à l'échelle de la wilaya, après celle de la «ville du vieux rocher». Concernant l'enlèvement des ordures ménagères et contrairement au chef-lieu de wilaya où elles s'entassaient, un programme spécial Aïd a été tracé avec 9 sociétés privées à la nouvelle ville Ali Mendjeli et Massinissa. A Constantine, à part quelques parents sortis en compagnie de leurs enfants, l'atmosphère ressemblait à tout sauf à une ville en fête. D'ailleurs, des gens venus des environs pour tenter de se distraire, en ont eu pour leurs frais, car il fallait chercher longtemps pour trouver un café ou une gargote ouvert. Ce dont ont profité des vendeurs occasionnels de brochettes, installés notamment à Rahbet El Djemal, au centre-ville. Ce sont, donc surtout les photographes ambulants qui ont fait des affaires, le reste de l'activité habituelle d'une ville normale était aux abonnés absents.