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Non-lieu prononcé hier à Paris: La justice française blanchit le diplomate Hasseni

par Yazid Alilat

Finalement, presque deux ans après sa rocambolesque arrestation à l'aéroport Marignane de Marseille, le diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni a été définitivement lavé de tout soupçon par la justice française dans l'affaire de l'assassinat à Paris en 1987 d'un des cadres du FFS, alors dans la clandestinité, Ali Mecili, avocat de profession.

Hier mardi, la cour d'appel de Paris a prononcé un non-lieu au diplomate algérien, selon son avocat, Me Jean-Louis Pelletier. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris avait été saisie d'une demande de non-lieu du diplomate dans cette affaire, qui a mis à mal les relations algéro-françaises depuis l'arrestation du diplomate algérien, chef du protocole au ministère des Affaires étrangères. L'affaire avait fait grand bruit. La justice française, qui se prévalait de la séparation des pouvoirs et refusait toute intervention politique pour dénouer cette malheureuse affaire, avait voulu aller jusqu'au bout, malgré les protestations du diplomate algérien et celle officielle de l'Algérie. Depuis août 2008, Ziane Hasseni était accusé, aux yeux de la justice française, même s'il avait apporté les preuves de son innocence, et en dépit des accusations de Samraoui. «La chambre de l'instruction a accordé un non-lieu à M. Hasseni, il n'est plus concerné par cette affaire», a déclaré Me Pelletier.

 Plus de vingt ans après l'assassinat de l'avocat algérien dans le centre de Paris, cette affaire avait connu un rebondissement avec l'interpellation en question à Marseille le 14 août 2008. En fait, la justice française avait lancé depuis l'instruction de cette affaire, non élucidée jusqu'à présent, un mandat d'arrêt international à l'encontre d'un sieur nommé Ziane Hasseni. Mais le diplomate arrêté s'était dit victime d'une homonymie, car il avait été désigné par l'ancien officier des services de sécurité Mohamed Samraoui, réfugié en Allemagne, comme ayant été le commanditaire de l'assassinat de Ali Mecili. Le diplomate avait été mis en examen pour complicité d'assassinat et placé sous un contrôle judiciaire, qui lui a un temps imposé de rester en France. Cependant, Samraoui est en partie revenu sur ses déclarations lors d'une confrontation avec M. Hasseni, organisée le 4 juin 2009 par visioconférence.

Les juges chargés de l'enquête avaient finalement placé, fin mars 2010, M. Hasseni sous le statut de témoin assisté et non plus de mis en examen en raison de l'insuffisance des charges pesant contre lui. Une porte de sortie en quelque sorte que s'était ménagée la justice française, après l'intervention de la diplomatie algérienne et les protestations officielles d'Alger sur ce cas précis.

Après la confrontation avec Samraoui, le nouveau statut de M. Hasseni était intermédiaire entre celui de témoin et celui d'inculpé. Mais la machine diplomatique algérienne avait balisé la voie vers un non-lieu dans cette affaire qui a passablement compliqué les relations, déjà pas au beau fixe, entre Alger et Paris. Au point qu'Alger manifeste officiellement sa colère, après la convocation au ministère algérien des Affaires étrangères, début avril dernier, de l'ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, pour lui faire part «de la grande surprise et de la profonde préoccupation» d'Alger à la suite du refus des juges français d'accorder le non-lieu au diplomate algérien. Quatre mois après, le non-lieu a été prononcé, classant définitivement une autre affaire de mauvaise gestion par l'équipe de Nicolas Sarkozy des relations bilatérales avec l'Algérie, notamment ces écoutes téléphoniques dont les minutes auraient été versées au dossier en décembre 2009.