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De surprise en surprise

par Adjal Lahouari

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, pour l'Alle-magne, ce revers n'est pas aussi inquiétant qu'on pourrait le croire, tandis que la victoire des Serbes n'est guère rassurante. Certes, le sélectionneur de la Manschaft ne décolérait pas après cette défaite inattendue, car elle perturbe le tableau de marche escompté après la convaincante démonstration de ses hommes face aux Australiens. Mais il n'en voulait pas trop à ses hommes dans la mesure où une noire malchance a accablé les partenaires de Klose dont, justement, ce dernier fut le symbole et la victime. Effectivement, un invraisemblable concours de circonstances a accablé les Allemands qui ont dominé leurs adversaires et qui ont perdu en cours de route leur buteur Klose, exclu pour deux fautes pas évidentes du tout, deux décisions qui devraient, pour le moins, être analysées de près par la commission d'arbitrage du Mondial à défaut de relancer l'éternel débat l sur les différences d'appréciation et d'application d'un continent à un autre. La FIFA et l'I.Board devraient inscrire ce problème récurrent lors de leurs prochains congrès. Car, à ce que l'on sait, un choc involontaire ne constitue en aucune façon une faute, même si la chute de l'adversaire est spectaculaire. La guigne n'a donc pas lâché les Allemands qui ont trouvé les montants et même gâché un penalty par Podoslki sur une main volontaire du défenseur Vidic. Toujours est-il que ce résultat instaure un suspense terrible dans ce groupe D et ce, jusqu'à mercredi prochain avec les deux chocs qui se dérouleront à la même heure, Ghana-Allemagne et Australie-Serbie, les trois postulants - Allemagne, Ghana et Serbie - se disputant les deux places qualificatives au second tour. Ceci dit, le mystère serbe reste entier. Car voilà une formation constellée de stars qui souffle le chaud et le froid et donc capable du meilleur comme du pire. Il y aurait derrière cette inconstance une histoire d'ego qu'on ne serait pas étonné et contre laquelle, dit-on, le sélectionneur Rodomir Antic lutte chaque jour du mieux qu'il peut. Quoi qu'il en soit, et avant les chocs de mercredi prochain, le goal-average général, première solution en cas d'égalité, est favorable aux Allemands. Dans le groupe C de l'Algérie, les deux nuls de vendredi entre la Slovenie et les USA et l'Algérie et l'Angleterre font que tout reste possible, la décision ne sera connue qu'au terme de la dernière journée de mercredi. Les Slovènes ont bien entamé la rencontre, menant 2 à 0 à la mi-temps, avant de se faire rejoindre par des Américains qui semblent posséder un second souffle. Cependant, les lacunes techniques sont assez criardes au sein de cette formation où seul le capitaine Donavan possède le haut niveau. Voilà qui devrait donner des idées à Saâdane pour le choc de mercredi prochain. Ceci dit, il faut bien reconnaître que la Slovénie a présenté un visage séduisant, développant un jeu collectif de bonne facture, ce qui n'était pas le cas face à l'Algérie, supérieure ce jour-là. La Slovénie - un «nain géopolitique» selon les experts en la matière - a la faculté de tirer le maximum de son effectif. Actuellement en tête du groupe, les hommes du placide Mataz Kek défieront les Anglais mercredi prochain, en même temps que le choc Etats-Unis - Algérie. Les partenaires de Lampard auraient tort de mésestimer leurs rivaux du jour qui, à la rigueur, pourraient se contenter d'un nul pour passer au second tour, ce qui n'est pas le cas des Anglais.

 D'après leur piètre prestation face aux Algériens, les hommes de Fabio Capello risquent gros. Les Slovènes estiment que l'Angleterre est une équipe constellée de stars et d'ego. «Ils ne peuvent pas passer un mois ensemble sans friction», disent-il. Ils se souviennent du match amical de novembre dernier où ils se sont inclinés sur un penalty imaginaire au bénéfice de Wayne Rooney qui avait blessé le défenseur du FC Grenoble César sur cette action. C'est une motivation supplémentaire pour ce dernier et ses camarades. Enfin, nul n'oubliera qu'à l'issue du tirage au sort effectué en Afrique du Sud, la presse anglaise, unanime et versant carrément dans l'arrogance, a estimé «que c'est le meilleur groupe depuis les Beattles !». Or, les Etats-Unis et l'Algérie ont tenu en échec le prétendu grandissime favori.

 Les Slovènes, très revanchards, veulent accrocher l'Angleterre de Rooney et Terry à leur tableau de chasse. En l'état actuel de la situation, ils en ont largement les moyens.