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Boumerdès : La colère du poisson d'eau douce

par K. R.

«Atteindre la sécurité alimen-taire en temps de crise», tel est le slogan développé à la faveur du déroulement d'une journée d'étude sur l'aquaculture et la sécurité alimentaire au niveau du département de biologie de l'université M'hamed Bougara de Boumerdès. Dans une présentation de l'aquaculture intégrée à l'agriculture, il a beaucoup été question du développement des sites propices à l'aquaculture dont 450 sites ont été déjà identifiés en Algérie, qui visent une production de 53.000 t (toutes filières confondues). Néanmoins, pour des dysfonctionnements à certains niveaux, certains investisseurs potentiels sont confrontés à de nombreux obstacles pour concrétiser leurs projets de production de poisson d'eau douce.

Pour illustrer le cas d’un Algérien responsable d’une société mixte algéro-espagnole créée par décision du Conseil des participations de l’Etat (CPE) spécialisée dans la production de dorade, loup et sole à Cap-Djinet (Boumerdès), le PDG, M. Amar Aouci, n’a pas manqué de tirer à boulets rouges sur les responsables du ministère de la Pêche. Cet investissement de ferme aquacole, qui repose sur un fond propre de la société de 240 millions de DA, est confronté depuis le démarrage de la production en 2008 à l’obtention d’une subvention du ministère qui tarde à venir, ce qui freine tout élargissement de l’activité à diverses espèces de poisson et de fruits de mer, la préparation et la transformation et conditionnement des produits de la mer et enfin la commercialisation et l’exportation. «Nous sommes en face d’un vrai népotisme, ni plus ni moins, de la part de certaines directions du ministère de la Pêche», a fait remarquer M. Aouci faisant allusion à la procédure d’octroi des subventions. Et d’ajouter «Il n’y a aucune politique transparente de la gestion des subventions au niveau du ministère, car à mon avis on peut qualifier la gestion des subventions de vraie caisse noire». Actuellement, la ferme aquacole tourne en deçà de ses capacités théoriques de production car, selon son promoteur, il est financièrement asphyxié. Théoriquement la production peut atteindre 800.000 poissons alors que seuls 100.000 sont produits des bassins de la ferme». De son côté, M. Oussaïd, qui est directeur de l’aquaculture au niveau du ministère, nous a expliqué au sujet de cette affaire de subvention que la réglementation actuelle ne permet pas l’octroi de subventions lorsqu’il s’agit de société mixte (nationaux-étrangers), comme c’est le cas de la ferme aquacole de Cap-Djinet. Les soutiens financiers dans le cadre de la production aquacole sont destinés exclusivement aux nationaux qui pratiquent une activité en zone continentale. Parallèlement à la présentation des communications relatives à la situation et aux perspectives de développement de l’aquaculture en Algérie, des expositions de travaux et de produits des sites d’exploitation des poissons d’eau douce ont été organisées. Enfin, lors de la lecture des recommandations de la journée d’étude, une proposition de création d’une branche universitaire de la pêche et de l’aquaculture a été faite aux participants à cette rencontre en présence de la rectrice de l’université de Boumerdès.