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Belgique-Luxembourg: Si l'Algérie savait...

par Notre Bureau de Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med

Comme promis à nos lecteurs, nous avons suivi le projet de création d'une association civile qui regrouperait les Algériens de Belgique et du Luxembourg. C'était un voeu exprimé par nos compatriotes lors de la campagne électorale présidentielle d'avril. C'est au forceps que le nouveau-né arrive. Et pas pour les raisons que l'on croit. Parole d'Algérien !

Le «Quotidien d'Oran» s'était engagé à suivre le processus de création de l'association censée représenter l'ensemble de la communauté algérienne vivant en Belgique et au Luxembourg (édition du 26 avril) pour trois raisons au moins. La première est celle de notre devoir d'informer sur la vie de nos compatriotes à l'étranger. La seconde tient à la mise à l'épreuve de la volonté des Algériens de l'étranger à s'organiser, d'autant plus qu'ils n'ont eu de cesse de revendiquer une association digne de ce nom. Enfin, la troisième raison est que c'est la première fois, depuis la disparition en 1988 de la défunte Amicale des Algériens en Europe, appendice du parti FLN, que nos compatriotes tentent de fonder une association civile de cette dimension, c'est-à-dire qui couvre deux pays, en l'occurrence la Belgique et le Luxembourg.

Que s'est-il passé depuis le 26 avril dernier ? Les volontaires (bénévoles) au nombre de 47 qui s'étaient engagés, devant les quelque 500 personnes présentes lors de la rencontre du 28 mars, à plancher sur les textes fondateurs de la future association, ont finalisé leurs travaux. Ils ont, avec l'aide et l'assistance des services diplomatiques et consulaires de Bruxelles, programmé une séries de rencontres avec leurs compatriotes pour soumettre les textes du projet à débat. C'est ainsi que deux séries de rencontres ont eu lieu tout au long du mois de juin, et continuent jusqu'au 4 juillet prochain. Une première série de rencontres ont eu lieu à Bruxelles, Charleroi, Gand, Liège, Mons et Luxembourg pour soumettre au débat les textes et programme indicatif de la future association. Ces rencontres ont alterné avec l'autre série de rencontres destinées à l'élection des candidats au conseil d'administration de l'association. A l'heure où nous mettons sous presse, il ne reste plus que l'élection des délégués des régions de Flandre (2 juillet), Mons (3 juillet) et Bruxelles (le 4 juillet).

Jusque-là, les 47 bénévoles qui s'étaient baptisés dès le premier jour de leur engagement «Groupe du G 47» ont assumé leur mission avec abnégation. Ils se sont réunis, depuis le 28 mars, chaque samedi au siège de l'ambassade d'Algérie à Bruxelles. Certains d'entre eux venaient de Liège, Gand, Luxembourg, etc. Au cours de l'une de notre visite (les débats du G 47 étaient ouverts au public), nous avions constaté combien les discussions étaient âpres, vives et sérieuses. Parfois elles s'étiraient sur de très longues heures. Fiers d'avoir pu tenir leur engagement, souvent au détriment des joies familiales du week-end, les membre du «G 47» ont dû s'armer de beaucoup de patience lors des rencontres pour le débat avec nos compatriotes. Certains parmi les meilleurs niveaux intellectuels, à bout, ont laissé entendre qu'ils ne se porteront pas candidats à l'élection du conseil d'administration de l'association qu'ils ont baptisée ALGEBEL (association Algérie-Belgique-Luxembourg). Pourquoi ?



Calcul des uns et dignité des autres



Dès la première rencontre-débat, du 13 juin, consacrée aux Algériens de la région de Bruxelles, bien de vieux réflexes antidémocratiques se sont manifestés. «Vous n'êtes pas élus, vous n'êtes pas nos représentants!», a hurlé un des intervenants dans la salle. Qui a dit que le «G 47» était élu ? Personne, jusqu'aux concernés eux-mêmes. Tout le monde, y compris l'intervenant, savait que le groupe était composé de volontaires bénévoles, et qu'ils n'ont pas plus qu'un quelconque autre compatriote d'être candidat au conseil d'administration. «Pourquoi avoir donné le nom d'ALGEBEL à l'association et d'avoir choisi ce logo et pas un autre! Ça veut tout dire!», crie un autre.

Les délégués bénévoles ont sué pour expliquer, par exemple, qu'il y a eu 53 propositions de logo de la part des compatriotes, et que ce n'est qu'après un vote à plusieurs tours et à bulletin secret que le choix du logo définitif a été adopté. Puis carrément, ça a été le tour des agressions verbales où il a été question du passé de «un tel» et «tel autre» ; pourquoi vous et pas nous ; et même de sous-entendus de serviteurs zélés de l'ambassade et de ses «services», etc. N'était-ce le souci d'être le plus fidèle au climat des débats, nous aurions sans regret éviter d'en rapporter le contenu, eu égard à leur niveau. Le docteur dermatologue, le physicien, le sociologue, le formateur en bâtiment de la ville de Bruxelles, l'étudiante en sciences politiques, l'ex-député... membres du G 47, médusés, ont écouté le flot de reproches injustifiés et répondu, à de rares exceptions, par la pédagogie, le calme et le self-control, ne déviant pas d'un degré de l'objectif principal: faire aboutir l'association «ALGEBEL», appellation signifiant, phonétiquement, en langue arabe «les montagnes».

Les débats ont été à l'algérienne: difficiles et soupçonneux. Les nerfs de certains compatriotes qui ont donné de leur temps et de leur savoir pour réunir tous les compatriotes dans une association civile, libre et forte qui les représente auprès des pouvoirs publics belges et algériens, ont lâché... un temps seulement. Car, aux dernières nouvelles, et après avoir récupéré de tant d'indigence et d'ingratitude de la part d'autres compatriotes, ils ont décidé de revoir leurs décisions d'être candidat, et seulement candidat au conseil d'administration. Au final, il va falloir affronter le vote secret des Algériens. Enfin, rappelons qu'en assistant le projet de création d'une si belle association (mise à disposition de salles de réunions, moyens de communication et secrétariat), les services de l'ambassade et du consulat général à Bruxelles n'ont fait que répondre à la demande unanime de nos compatriotes lors de la campagne pour l'élection présidentielle d'avril. L'ambassade et le consulat couperont le cordon ombilical avec le G 47 et ALGEBEL, au lendemain du 5 juillet prochain, date de proclamation officielle de la naissance d'ALGEBEL.