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L'alphabétisation à l'épreuve du conservatisme

par A. Mallem

A l'heure du bilan de l'activité des équipes qui ont été chargées de la sensibilisation pour l'alphabétisation, lancée à travers la wilaya, il a été révélé que la commune de Béni-H'midène n'était pas représentée, étant la seule commune de la wilaya où il n'existe pas encore une cellule de sensibilisation alors que son taux d'analphabétisme atteint localement 36% et est considéré comme le plus élevé de la wilaya de Constantine. De plus, durant la campagne d'inscription pour l'alphabétisation, d'autres aberrations ont été mises au jour comme cette famille composée de 24 membres tous analphabètes et une autre de 14 individus dans la même situation, etc.

Aussi et à l'aube de ce troisième millénaire, ont signalé, hier, les membres des brigades d'alphabétisation, d'autres phénomènes effarants et comportements d'un autre âge ont été remarqués dans la plupart des 12 communes de la wilaya. Comme le cas de ces hommes approchés qui ont catégoriquement rejeté toute idée d'études et même menacé de divorce leurs conjointes qui se montreront séduites par l'alphabétisation.

Demeurant tout de même marginales, a-t-on noté, ces situations découlent de traditions fortement conservatrices qui perdurent dans certaines régions rurales enclavées, mais elles n'empêchent nullement le taux d'analphabétisme dans la wilaya de diminuer et de passer de 22% de la population les dernières années (soit 136.000 analphabètes) à 14% (soit 107.000 analphabètes). A l'échelle nationale, Constantine a fait un bond, passant de la 6ème à la 3ème place, précédée par Alger et Ghardaïa.

Ces révélations, accompagnées de chiffres, ont été recueillies hier lors de la tenue d'une journée d'étude et d'évaluation organisée à «Dar Etalaba» de Constantine par l'annexe constantinoise de l'Office national d'alphabétisation et de l'enseignement pour adultes. Ce conclave a réuni tous les membres des cellules de sensibilisation implantées dans les onze communes parmi les douze que compte la wilaya. Ils étaient environ 150 agents, en grande majorité des jeunes filles. «Nous avons établi le bilan de trois mois d'activité menée par les brigades communales constituées de jeunes universitaires recrutées dans le cadre du préemploi. Durant 90 jours, ces agents ont sillonné les quartiers et les campagnes pour prendre directement contact avec les populations désireuses de s'inscrire aux cours d'alphabétisation. Leur rôle consistait aussi à mener campagne par des contacts avec les associations et les institutions étatiques et par l'organisation d'expositions dans les établissements éducatifs et culturels», nous dit M. Lehileh Chaabane, directeur de l'annexe de la wilaya.

Se montrant satisfait des résultats engrangés cette année, ce responsable a indiqué que l'ensemble des chiffres des inscriptions réalisés par les différents partenaires activant dans le domaine (soit les associations Iqra, El-Irchad wa El-Islah, El-Amal et le secteur des affaires religieuses) a permis d'atteindre aujourd'hui 16.773 personnes qui suivent les cours d'alphabétisation sur le territoire de la wilaya. Sur les trois derniers mois de l'année scolaire, soit du 11 avril au 30 juin 2009, les opérations menées par les brigades de sensibilisation ont permis de rendre visite à 64.003 familles, de contacter 503 associations et institutions et plus de 50.000 personnes ont visité les expositions organisées, ce qui a permis d'enregistrer 6.489 nouvelles inscriptions d'analphabètes.

L'objectif pour l'année prochaine, assure M. Lehileh, sera de réaliser zéro analphabète dans quatre communes qui ont été désignées pour cette expérience-pilote. Ce sont les communes de Constantine, Didouche Mourad, Aïn Smara et Ouled Rahmoune. «Les potentialités humaines et la volonté existent pour réaliser cet objectif», conclura le directeur de l'annexe constantinoise.