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Grosses chaleurs et canicules estivales: La clim, l'ultime solution ?

par Moncef Wafi

Le dilemme n'en est que trop flagrant et le choix à faire est douloureux pour les bourses moyennes, s'entend s'il en reste. Faut-il sacrifier une partie des économies ramassées laborieusement tout au long de l'année sociale pour se payer un climatiseur afin de faire face aux vagues de chaleur qui s'abattent sur Oran, ou faut-il faire l'impasse et «cuire» pour mieux préparer le Ramadan et la rentrée scolaire ?

Si l'été caniculaire a mis du temps pour s'installer, les derniers jours de chaleur intense ont vite fait de rappeler les Oranais sur l'implacabilité de la saison estivale, côté mercure. Le sirocco qui a soufflé sur la wilaya a ébranlé plus d'un dans ses certitudes de thésaurisation et du coup ramené la nécessité de se munir d'un climatiseur sur la table des discussions. Besoin absolu ou caprice de nouveau parvenu, le climatiseur version individuelle ne semble pourtant pas faire l'unanimité parmi la population locale, qui le voit d'un oeil méfiant et particulièrement économe.

Pour Kader, la quarantaine, il est hors de question d'acheter un clim vu son prix et surtout le fait qu'il n'en a pas besoin. « J'habite au 7e étage à Akif Lotfi et j'ai toute la clim du Bon Dieu ! », expliquera-t-il. Même s'ils sont nombreux comme lui à se contenter des courants d'air naturels, il n'en demeure pas moins qu'un grand nombre de citoyens souffrent et suffoquent sous la chaleur. Ceux-là se trouvent dans l'obligation de mettre la main à la poche pour se prémunir des dangers de la canicule et surtout éviter à des membres de leur famille de trop souffrir.

«J'ai un fils asthmatique qui souffre le martyre pendant les périodes de forte chaleur et j'ai dû m'endetter pour acheter un de ces machins», raconte Bachir, agent de bureau dans une administration publique.

En effet, il n'est pas rare d'assister à des pics de chaleur qui attaquent directement le système respiratoire et engendrent souvent des malaises et des détresses respiratoires chez les personnes vulnérables. Dimanche dernier, et au plus fort de la tempête de chaleur qui a soufflé sur Oran, le service de pneumologie du Centre hospitalo-universitaire d'Oran a fonctionné pratiquement en état d'alerte, car il a eu à soigner quelque 35 cas souffrant de troubles respiratoires en un laps de temps n'excédant pas les trois heures.

Ce sirocco, une alerte et un avant-goût de ce que sera l'été cette année, puisque coïncidant avec le jeûne, changera probablement les prévisions les plus pessimistes du côté des magasins spécialisés dans la vente des climatiseurs. «Je n'ai vendu aucun climatiseur cette année», constate, un peu amer, un revendeur installé rue de Mostaganem. Ce constat est partagé par d'autres magasins qui ont enregistré une désaffection des clients, qui ne peut s'expliquer que par la chute drastique du pouvoir d'achat. Une simple comparaison entre les ventes effectuées l'année dernière et celles depuis le mois de mai, une baisse de près de 90% pour certains, renseigne sur le degré de réticence qui a frappé le consommateur local.

« Un bon climatiseur coûte entre 2,5 et 12 millions de centimes. Alors faites le calcul. Et en plus, il ne faut pas oublier la facture de l'électricité qui va suivre », commentera, philosophe, Samir, 39 ans, enseignant dans le primaire. La facture énergétique est ainsi mise en avant des explications sur le refus d'installer un climatiseur chez soi et ce ne sont pas les incessants appels du pied de la Sonelgaz envers leur tutelle pour augmenter les prix de l'électricité qui vont rassurer les hésitants.

Cependant, et comme à chaque période de l'année, les utilisateurs des clim et ceux qui s'en sont passés appréhendent les fameux délestages si chers à la Sonelgaz. «Avec les grosses chaleurs qui iront de pair avec le Ramadan, il faut s'attendre au pire», résumera Samir qui n'a jamais cru en les promesses des responsables, qui n'ont de cesse de rassurer les citoyens quant à une rupture définitive avec les délestages inopinés et qui ne touchent que certains quartiers de la ville et jamais d'autres.