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Détails sur le meurtre des deux Algériennes à Londres

par Mustapha Mazari

Mohamed Ali, l'homme qui a assassiné, en septembre 2008, Yasmine et Sabrina Larbi-Cherif, deux sœurs d'origine algérienne, filles d'un haut fonctionnaire de Sonatrach, vient d'être condamné à la réclusion à perpétuité par la cour royale de justice de Londres. Cette sentence a été assortie d'une peine de sûreté de 34 ans, le minimum qu'il aura à passer en prison. Mohamed Ali, 29 ans, de Old Snow Hill, Birmingham, ne se trouvait pas au tribunal, mais la mère et les trois frères de Yasmine et Sabrina étaient dans la salle d'audience lorsque le juge a prononcé la sentence.

La famille des deux jeunes filles réside dans le quartier de Wembley, dans le nord de Londres. Yasmine avait poursuivi des études de biochimie à l'université de Birmingham et espérait trouver un emploi dans le monde médical.

Sa sœur devait commencer ses études de français, en septembre 2008, dans la même université.

Le 14 septembre 2008, le meurtrier s'était acharné sur ses deux jeunes victimes, âgées respectivement de 22 ans et 19 ans, et avait utilisé trois couteaux pour commettre son forfait. L'enquête a dévoilé qu'il était allé deux fois à la cuisine pour changer de couteau, car les deux premiers s'étaient cassés alors qu'il accomplissait sa macabre besogne. Les corps des deux jeunes filles avaient été retrouvés à demi nus, gisant dans leur sang dans leur appartement de Birmingham. L'assassin avait tué Yasmine de deux coups de couteau et a infligé à sa sœur, Sabrina, 35 blessures, avant de tirer leurs corps inertes dans la chambre à coucher. L'une des blessures découvertes sur le corps de Yasmine était si profonde que le couteau était presque passé au travers de son corps.

Il s'agit, selon la police britannique, d'un meurtre commis de sang-froid, puisque les jeunes filles ont été tuées à coups de couteau portés dans le dos, la tête et le cou, après avoir été ligotées. L'agresseur a par la suite brûlé l'appartement pour brouiller les pistes. Mohamed Ali avait été arrêté alors qu'il tentait d'embarquer sur un ferry, à Douvres, dans le Kent, à destination de la France. Il portait un sac dans lequel les policiers ont découvert des vêtements tachés de sang. Il avait déclaré qu'il était Irakien, mais l'enquête a révélé qu'il était de nationalité marocaine.

Le jury a mis trois heures et 20 minutes pour condamner Mohamed Ali pour le meurtre des deux sœurs. Mr Justice Hamblen, le magistrat qui a jugé l'affaire, a condamné les deux horribles meurtres et n'a pas tenu compte des déclarations de Mohamed Ali qui avait tenté de se disculper pour échapper à la justice. «Vous avez de manière barbare et brutale massacré ces deux filles, transformant leur appartement en un chaudron de sang», lui avait-il dit. Mr Justice Hamblen a ajouté que «Ali a tué deux filles instruites et ouvertes, à l'aube de leurs vies, sans montrer le moindre remords». «Vous ne connaissez pas le sens du mot respect, lui avait-il encore asséné, aucun mot d'apologie n'a été dit pour consoler les parents et la famille de Yasmine et Sabrina. Vous leur avez causé un mal inimaginable», a-t-il encore ajouté. Pour finir, le juge a rejeté les déclarations du meurtrier qui avait essayé de se justifier en déclarant qu'il avait été poussé au meurtre dans un moment de perte de contrôle.

Son défenseur, Michael Bromley-Martin, a déclaré au tribunal que Mohamed Ali a eu une vie difficile avant son arrivée en Angleterre en 1999. «Nous soutenons que vers septembre 2008, Mohamed Ali était un homme troublé, sinon détruit», a-t-il ajouté, pour essayer de trouver des circonstances atténuantes à son client. Pour sa part, le Superintendent David Mirfield, de la police de West Midlands, s'est dit «satisfait de la sentence». Et d'ajouter: «Yasmine et Sabrina étaient de jeunes, belles et intelligentes filles qui avaient toute la vie devant elles. Elles ont été brutalement assassinées dans leur maison par quelqu'un en qui elles avaient confiance». «Aucune sentence ne peut ramener les deux jeunes filles que la famille Larbi-Cherif a perdu en ce jour terrible de septembre», a-t-il encore déclearé.