Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Une grande surprise attendue

par Ghania Oukazi

«Vous allez voir, nous allons vous organiser quelque chose de formidable, moderne que vous n'avez jamais vu.»



Lancée avec un sourire et une assurance absolue, cette promesse est d'un membre important du «comité de préparation de l'annonce de candidature de Monsieur Abdelaziz Bouteflika». C'est dire que les préparatifs de ce rendez-vous sont menés selon «un programme et un plan précis» comme déjà dit la semaine dernière, par quelqu'un du même gabarit. En fait, à ce jour, la journée du jeudi 12 février n'a pas été annoncée officiellement comme étant véritablement celle-là qui verra l'annonce de la candidature de Bouteflika.

Jusque là, ce ne sont que des supputations de presse qui s'y est lancée depuis longtemps jusqu'à épuiser tous les arguments, combinaisons et analyses à ce sujet. D'ailleurs, du côté du candidat président, les choses sont toujours menées dans le flou et avec un suspense qu'on a tendance à entretenir sciemment pour on ne sait quel objectif.

Dans le communiqué « numéro 1 » que le comité de Bouteflika, que gère le ministre des ressources en eau, Abdelmalek Sellal, a envoyé aux rédactions après l'avoir fait dûment signé par Abdeslam Bouchaoureb, chef de cabinet du secrétaire général du RND, le premier ministre Ahmed Ouyahia, ce caractère est bien entretenu.

«Le comité de préparation de l'annonce de candidature de Monsieur Abdelaziz Bouteflika vous prie de bien vouloir faire parvenir avant le dimanche 8 février 2009 à 15h, le nom du journaliste et du photographe de votre organe de presse désignés pour la couverture de l'événement, » est-il noté. Sans plus.

Les tentatives d'en savoir plus auprès de ce conglomérat de circonstances à propos de «l'événement » s'avéreront toutes vaines, «pas de commentaires tant », nous a-on dit, «que le président n'a pas annoncé officiellement sa candidature.»

Cette façon de faire n'est même pas dictée par des calculs politiques ou politiciens ou autres tactiques préélectorales que le président-candidat se devrait de s'imposer pour, comme dirait un de ses courtisans fort sympathique «éloigner le mauvais oeil». D'autant que ce qui est pensé par tous a été dit tout haut et avec une parfaite clarté par le ministre d'Etat, président du MSP, Abou Djerra Soltani sous forme de ce qui pourrait être une maxime chez le pouvoir dans toutes ses tangentes à savoir «qu'on vote ou qu'on s'abstienne, le président sera élu.»

Lui au moins ne fait pas semblant. Il peut toujours se targuer de faire partie de l'Etat et non du pouvoir et qu'il est ainsi, en droit de dire des vérités vraies. Et même si comme tout le monde sait que l'Etat et le pouvoir ne font qu'un dans notre pays, Abou Djerra Soltani se serait donc arrogé le droit de se mêler à la mêlée pour dire lui aussi son mot. Il doit bien voir que ceux qui agissent en faveur de la candidature de Bouteflika ne s'imposent aucune retenue sauf celle, bien sûr, en matière de rétention d'informations.

«Vous allez voir, nous allons vous organiser quelque chose de formidable, de moderne que vous n'avez jamais vu » était sorti de la bouche d'un d'entre eux sans réserve. Tous les moyens sont permis pour appâter les masses. En fait, l'on est en droit de s'interroger sur le pourquoi qui obligerait Bouteflika a annoncer sa candidature en grandes pompes, c'est-à-dire solennellement voire officiellement avec tous les honneurs de la République et les moyens de l'Etat. Les nombreuses candidatures à l'élection présidentielle du 9 avril prochain ont été bien annoncées par un simple communiqué ou, au plus, au cours d'une conférence de presse que les concernés se sont donné le droit d'animer. En plus, c'est connu, quand le président se déplace dans Alger, la capitale, déjà bloquée dans tous ses coins et recoins par les barrages de police et les embouteillages, suffoque sous le poids des dispositifs sécuritaires et l'excès de zèle de leurs personnels. Si, comme l'ont fait les autres candidats, le communiqué aurait été la manière la plus simple et la plus appropriée pour annoncer sa candidature, animer une conférence de presse relèverait pour Bouteflika, jusqu'à preuve du contraire, de l'impensable. Dix ans qu'il est chef de l'Etat mais à aucun moment il n'a songé à rencontrer la presse nationale. C'est dire qu'il n'a pas encore décidé de décréter la réconciliation entre sa personne et les journalistes algériens qu'il a qualifié dés sa première investiture de président, de «tayyabet el hammam».

Et comme il n'y a pas de sots métiers, les tayyabet -les vraies, celles du bain- gardent au moins ce privilège de colporter les nouvelles de bouche à oreille, sans entraves, aucune. Quant à la presse, elle ne peut qu'être otage de supputations tant que le pouvoir continuera de mettre en avant son ministre de l'Intérieur pour spéculer entre autre, sur la date de l'élection présidentielle en en lançant plusieurs à la fois alors que les lois de la République en règlementent clairement les délais et les procédures.