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Médéa: Huit ans de prison pour le meurtre de son frère

par Rabah Benaouda

« La violence physique et les insultes presque quotidiennes dont faisait preuve la victime, que Dieu ait son âme, envers ses parents, ses frères et soeurs ne peuvent en aucun cas justifier l'acte d'homicide volontaire avec préméditation dont s'est rendu coupable l'accusé, aujourd'hui, devant nous, qui tente de nous faire croire un autre scénario reposant sur une simple dispute entre les deux frères».

Ainsi a commencé le long réquisitoire du procureur de la République à l'issue duquel il réclama la peine capitale à l'encontre du dénommé Nacer.S, âgé de 29 ans : «la vérité est qu'une animosité réciproque, profonde et latente opposait ces deux frères et qui a fini par s'exprimer à travers les quatre coups de couteau au niveau du poumon et du foie, qui ont entraîné l'hémorragie interne fatale».

C'est avec ce malheureux drame familial que s'est ouverte, samedi dernier, la première session criminelle pour cette année 2009. Un drame dont les faits ont eu lieu le 11 août 2008, aux environs de 13h00 dans la fraction rurale de Mendès, relevant de la commune et également chef-lieu de daïra de Sidi Naamane, chef-lieu de daïra situé à 50 km à l'est de Médéa.

Selon l'arrêt de renvoi de l'acte d'accusation, Nacer S, qui s'apprêtait à convoler en justes noces dans une semaine, procédait à la pose de carrelage dans sa chambre, située à l'intérieur de la maison familiale où habitait également la victime, Lounès.S âgé alors de 37 ans, marié, deux enfants, quand le petit garçon de ce dernier y entra et marcha sur le sol encore frais.

Une réprimande suivie de gifles et le drame, qui allait coûter la vie à Lounès S, venait de commencer.

Une dispute verbale puis physique, entre les deux frères, s'en suivit : «Il m'a donné un violent coup de poing sur l'oeil droit», dira Nacer S. et le président du tribunal de dire : «Mais pourquoi avoir poursuivi votre frère aîné, à l'extérieur de la maison, avec le couteau dans la main ? Un long silence puis Nacer S lâcha: «Une grande colère, monsieur le Président. Mais je ne voulais en aucun cas tuer mon frère».

Ce qui n'a pas été de l'avis du président du tribunal : «Vous lui avez porté non pas un seul, mais quatre coups profonds, dans une région très sensible du corps ! Et l'accusé de dire : je regrette mon geste et je le regretterai durant toute ma vie».

Dans leurs longues plaidoiries, les deux avocats de la défense, notamment Maître Farida Abri, insisteront surtout sur : «le destin qui a voulu que Lounès S perde la vie dans ces circonstances malheureuses alors que son jeune frère était sur le point de fonder un foyer. Il est aujourd'hui en prison.

Nous prions cet honorable tribunal de faire preuve de la plus grande clémence possible en accordant à notre mandant les circonstances atténuantes les plus larges à travers la requalification de l'accusation en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

Et nous n'en voulons pour preuve que c'est Nacer lui même qui a emmené son frère Lounès à l'hôpital de Berrouaghia où, malheureusement, il succomba à ses blessures, une heure et demie après son admission. Rendez Nacer à ses parents et à sa future femme».

Un appel qui sera quelque peu entendu par le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa qui, après de longues délibérations, fit bénéficier l'accusé Nacer S des circonstances atténuantes en maintenant l'homicide volontaire mais sans préméditation, prononça un verdict de huit ans de prison ferme à son encontre.