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Le Dr Alain Iwalalen: «Mon voeu est d'introduire la laparoscopie en Algérie»

par Ziad Salah

Séjournant à Oran depuis le 3 janvier dernier, il est à sa cinquième opération effectuée au service de l'urologie du CHU Oran. Ses opérations ont toutes une particularité : elles sont réalisées sans recours au bistouri et donc sans ouverture de l'abdomen.



Il s'agit du Docteur Alain Iwalalen, un médecin français d'origine algérienne, séjournant actuellement à Oran, dans le cadre du 3ème Congrès international d'urologie organisé par la Société algérienne d'urologie. L'opération, la dernière, accomplie dans l'après-midi du mercredi, a concerné une jeune fille de 22 ans souffrant d'un cancer du rein. Elle a subi l'ablation de l'organe atteint.

Lors de notre passage dans le service du professeur Attar, nous avons suivi à travers l'écran d'une télévision quelques moments de cette opération. Auparavant, Alain Iwalalen a opéré une autre dame souffrant d'une jonction, c'est-à-dire une malformation au niveau du rein se traduisant par une mauvaise conduite des urines. Comme il a soulagé une autre patiente souffrant d'incontinence. Tous ceux et celles qui sont passés par les mains d'Alain se trouvent en bonne santé. Selon le professeur Attar, elles peuvent quitter le service au lendemain ou deux jours après l'intervention, une intervention lourde, précise-t-il.

Alain Iwalalen est une des autorités reconnues en coelioscopie en Europe. Depuis sa prouesse en 2004, consistant à enlever la vessie d'une patiente atteinte de cancer et de lui en placer une autre à partir d'un bout de son intestin, Alain est demandé sur tous les plateaux des télévisions françaises. L'intervention, sans ouverture de l'abdomen, a duré 8h 30mn et la patiente s'est rétablie en un temps record. Cette intervention a été considérée comme une première en France et une deuxième après une autre réalisée en Allemagne. Evoquant cette prouesse, Alain nous explique qu'il a suivi un entraînement quasi militaire pendant des mois, pour pouvoir manipuler l'instrumentation requise tout en concentrant son attention sur l'écran. «J'ai effectué un tas d'essais sur des cadavres frais», souligne-t-il. Juste pour nous fournir une petite idée, il ajoutera «j'ai effectué 150 sutures grâce à un clip».

Après la réussite de cette intervention qui a connu une grande médiatisation, Alain dirige un centre de formation pour spécialistes européens. Ce centre se trouve à la clinique parisienne Antony, relevant du groupe Général Santé. Donc, il dispense des formations à des urologues, des gynécologues et autres spécialistes. En Algérie, pour la seconde fois, Alain est disposé à fournir périodiquement des formations à des médecins à Oran, Alger et Constantine. Il ne réclame rien en échange. Son souhait se limite à ce que les gens formés par ses soins se chargent de la formation de leurs confrères. Il est persuadé que d'ici 10 à 15 ans, le recours au bistouri pour des interventions chirurgicales sera totalement banni. Et d'expliquer ses prévisions «la nouvelle technique de laparoscopie, déjà répandue en France et en Europe, offre un certain nombre d'avantage : pas de cicatrice, moins de douleurs, moins de risques d'infection et moins de risque de saignement». S'exprimant sur sa disponibilité à contribuer à l'introduction de cette technique en Algérie, il remarquera qu'il a déjà pris contact avec l'ambassadeur d'Algérie à Paris pour discuter un éventuel partenariat. « Mais c'est d'une lourdeur bureaucratique ! », laisse-t-il entendre. Donc, en attendant des formules plus efficientes, il fonctionne sur la base du copinage. Il est à Oran en raison de sa relation avec Attar, un de ses anciens confrères en France. Mais son retour à son pays d'origine marque aussi sa réconciliation avec la patrie qui l'a vu naître. Son père a été emprisonné au lendemain de l'indépendance et a dû son salut en s'échappant de la prison à la fin des années soixante. Lors de son premier retour, il a même opéré des personnes qui ont participé directement à l'incarcération de son père. Soulignons que ce médecin, qui a fait ses classes en France et qui s'est fait à coups de bras, n'a pas oublié sa langue maternelle. Parlant de la situation de la médecine en Algérie, il reconnaîtra que les conditions ne sont pas réunies.

Il relèvera le manque flagrant de matériel. « Pourtant, un matériel complet pour la laparoscopie ne doit pas dépasser les 100.000 euros, indique-t-il. Il notera l'enthousiasme des médecins pour s'approprier la nouvelle technique qu'il veut introduire en Algérie. D'ailleurs, le Dr Benmerad, du service de l'urologie, l'a assisté pour les interventions au CHU Oran.