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Médicament: La vente concomitante «déguisée» à l'index

par M. Aziza

Plusieurs problématiques liées à la régulation et aux bonnes pratiques de distribution des médicaments et des dispositifs médicaux ont été abordées lors de la tenue jeudi dernier à Alger, de la quatrième édition de la journée scientifique organisée par l'association des distributeurs pharmaceutiques algériens (ADPHA). Les participants à cette journée, placée cette année sous le thème « La distribution pharmaceutique, un des piliers fondamentaux du système national de santé », ont mis l'accent sur la nécessité de renforcer le contrôle notamment sur le respect de l'éthique professionnelle. Un des garants d'un approvisionnement sûr et équitable en médicaments sur le territoire national.

A noter que parmi les dérives redoutées dans la distribution des médicaments, la vente concomitante. Une pratique consistant à conditionner la livraison de certains produits à l'achat d'autres références. Une dérive qualifiée de véritable menace pour la santé publique par les professionnels du secteur. Cette pratique avait été déjà dénoncée par le Syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO). Le président du SNAPO, M. Sami Tirèche, a souligné dans une déclaration au « Quotidien d'Oran » que la vente concomitante continue d'être dénoncée aussi bien par les pharmaciens que par les distributeurs, soulignant que cette pratique perturbe parfois la disponibilité des médicaments essentiels et accentue les inégalités d'accès pour les patients.

Les petites et les moyennes pharmacies, faute de moyens, n'acceptent pas le système des packs. Le problème devient plus sérieux quand il s'agit d'officine installée dans des régions enclavées. Car en refusant de prendre un pack de médicaments, elles auront ainsi un problème d'approvisionnement notamment pour les médicaments les plus demandés.

Ce qui va pousser certains malades à renoncer au médicament, notamment dans les zones éloignées. M.Tireche a précisé que « bien que les membres de l'ADPHA respectent une charte et une éthique de distribution, certains grossistes, je dis bien certains, s'adonnent encore à de mauvaises pratiques telles que la vente concomitante », a-t-il affirmé. Pour rappel, les membres de l'ADPHA ont adopté, en mai dernier, le projet de charte d'éthique pour les acteurs de la chaîne de distribution des produits pharmaceutiques et dispositifs médicaux. Les adhérents sont aujourd'hui tenus de respecter les standards d'éthique et de responsabilité dans toutes leurs activités.

Le président du Snapo a précisé que son syndicat dénonce régulièrement ces dérives, rappelant que le ministère de la Santé a mis en place un dispositif de signalement pour dénoncer les auteurs de ces pratiques. « Le ministre nous encourage à signaler directement les cas à sa personne ou auprès du secrétaire général». Cette démarche, dit-il, « commence à porter ses fruits ; pas plus tard qu'avant-hier, deux établissements (grossistes) ont été fermés pour vente concomitante».

Le président du SNAPO a reconnu que si les cas de vente concomitante directe se font plus rares aujourd'hui, une nouvelle forme de pratique émerge, la vente par packs. « Certes, le code du commerce autorise cette pratique, mais pour qu'un pack soit conforme », explique-t-il, « le pharmacien doit pouvoir acheter séparément les produits selon ses besoins et ses moyens ».

« Le distributeur peut proposer un pack avec une remise, c'est légitime, mais il faut laisser le choix au pharmacien de n'acheter qu'un seul médicament sans remise. Si cette liberté n'existe pas, on est alors face à une vente concomitante déguisée.»

M. Tirèche a également tenu à souligner que les distributeurs eux-mêmes ne sont pas toujours à l'abri de ces pratiques. « C'est pourquoi, conclut-il, nous essayons ensemble, dans un cadre de dialogue et de négociation, de trouver des solutions ou un compromis garantissant l'équilibre entre les différents acteurs de la chaîne pharmaceutique ».