Dans la dernière ligne droite, les entreprises à l'œuvre au niveau du chantier d'extension du port d'Arzew mettent toutes voiles dehors pour livrer le projet dans son intégralité avant la fin d'année en cours.

Un vrai contre-la-montre est en effet engagé depuis quelque temps pour mener à bon port les travaux d'extension et de modernisation de cette infrastructure avant l'échéance fixée. Qualifié de stratégique, le projet d'extension du port d'Arzew figure en bonne place dans le programme national de développement et de modernisation des ports. Visant à dynamiser davantage le trafic des marchandises dans ce port et à améliorer la qualité des services offerts, tout en encourageant la promotion des exportations hors hydrocarbures, ce projet a fait l'objet, fin juin dernier, d'instructions fermes données par le ministre des Transports, Saïd Sayoud, pour « l'accélération du rythme des travaux », assorties de la décision de mise en place d'une « cellule spéciale de suivi, d'inspection et de coordination ». Selon des sources bien informées, le retard accusé dans ce chantier, livrable par sections successives, est en grande partie à l'origine de ces directives, notifiées lors d'une séance de travail, tenue au siège du ministère à Alger, consacrée principalement à un exposé sur l'état d'avancement de ce projet, dont l'un des objectifs à terme est de faire du port d'Arzew « une plateforme pour le transport maritime, notamment pour l'exportation de produits énergétiques et transformés en Afrique et en Méditerranée ». Il faut noter que déjà lorsqu'il était wali d'Oran, M. Sayoud accordait un intérêt tout particulier à ce chantier, qu'il vantait sans cesse la consistance et les retombées non sans manquer pour autant d'y déplorer plus d'une fois une certaine lourdeur dans l'exécution et, par voie de conséquence, un glissement dans le planning. A l'évidence, avec les plus larges prérogatives que lui confère le poste de premier responsable du secteur, M. Sayoud ne devait plus se contenter des mises au point, ni des mises en demeure non plus, mais avait lui-même l'obligation de résultat, c'est-à-dire faire respecter les échéances d'exécution et d'exploitation assignées à ce projet sectoriel centralisé. A cet égard, la cellule mise en place a, entre autres missions, le rôle de « la coordination entre tous les intervenants afin d'assurer un meilleur dynamisme et une efficacité dans la réalisation des travaux de ce projet devant permettre l'augmentation et la valorisation des capacités opérationnelles du port d'Arzew ». Une infrastructure portuaire qui compte aujourd'hui parmi les plus importantes du pays, en termes de flux logistique et de retombées économiques, mais qui a été trop longtemps délaissée et livrée à des aléas de gestion et d'exploitation et à des contraintes exogènes bien éloignées des critères de rendement et de modernité. Fort heureusement, depuis ces quelques dernières années, les initiatives se multiplient, s'inscrivant dans une nouvelle vision stratégique du choix et des impacts de l'investissement productif, et de promouvoir des exportations hors-hydrocarbures. L'ensemble du projet étant prévu pour fin 2026, la livraison et la mise en service se fera par phases. Le premier compartiment devait être réceptionné à la fin du mois de juillet en cours, la deuxième section à la fin de l'année 2025. Les travaux incluent la construction d'un nouveau quai commercial de 1.200 mètres de long et près de 14 mètres de profondeur et couvrant une superficie de 52 hectares. Il comprendra au total quatre sites destinés à l'exportation d'urée et de divers produits en acier, ainsi qu'au traitement des containers avec une capacité de 500.000 tonnes par an et un autre site pour la réparation des navires.

LE PLUS GRAND CHANTIER NAVAL DU PAYS

Ce projet est à même d'atténuer la tension sur le port qui ne cesse de connaître une dynamique de trafic de marchandises hors hydrocarbures, à l'instar de l'urée, le fer, le ciment, le gypse, le bois, outre la résorption de plusieurs effets collatéraux tel que le stationnement prolongé et fort contraignant des camions au port et le long de la façade maritime d'Arzew.

L'étude prévoit la mise en place de 6 postes à quai : 3 pour les hydrocarbures et 3 pour les marchandises diverses, notamment les solides, avec des tirants d'eau de 14 m. Le futur bassin est projeté à côté de la jetée secondaire. Outre les complexes qui étaient alors en phase d'étude ou de réalisation, la nouvelle configuration de l'enceinte portuaire du port d'Arzew devait prendre en charge d'autres exportations, dont celle résultant du projet initié dans le cadre du partenariat Sonatrach/Total, le complexe de vapocraquage d'éthane et le projet de méga-train de GNL d'Arzew. Autant de projets qui rendent nécessaire cette extension, laquelle se traduirait par 25 ha en superficie d'entreposage et de stockage. Le projet est supervisé par l'Entreprise nationale de construction et de réparation navale (ERENAV) et les travaux sont confiés à un groupement algéro-chinois (Cosider et Meditram-Shac) pour un délai n'excédant pas 39 mois, à compter de mai 2023, pour une enveloppe de 45 milliards DA. De dimension internationale, s'étalant sur plus de 5 hectares avec ses huit ateliers de réparation et de construction, équipé d'un nouveau dock d'une capacité de levage de 20.000 tonnes, le chantier naval d'Arzew en voie d'achèvement va supplanter celui de Bejaïa pour devenir carrément le N°1 du pays. Au sommet de l'échelle d'un ambitieux plan de déploiement de plusieurs unités du genre, lancé par l'Erenav, le chantier naval d'Arzew a nécessité à lui seul un investissement de 20 milliards de DA. Doté de tous les équipements nécessaires, soit une autonomie de 100% en moyens et logistiques, ce chantier naval est conçu également pour être une station-pivot qui traitera autant avec les entreprises maritimes étatiques et privées, en matière de réparation de bateaux, qu'avec des pays étrangers. Il était prévu dans un premier temps que la structure du chantier naval d'Arzew consacrée aux activités de réparation et de maintenance devait être livrée en novembre 2024, mais ce délai a été largement dépassé. Quant au compartiment spécialisé dans la fabrication navale, il devait être fin prêt avant fin 2025.