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Ghaza: La population en proie à de mystérieux virus

par Mohamed Mehdi

Dimanche 694e jour de l'agression sioniste contre la population civile de Ghaza et 6 mois (182 jours) de siège total de l'enclave, l'armée génocidaire d'Israël poursuit ses massacres contre les femmes, les enfants, et les personnes à la recherche d'aide alimentaire.

Le rapport statistique publié, hier, par le ministère de la Santé, fait état de 501 victimes lors des précédentes 24h (samedi), dont 88 martyrs et 421 blessés transférés vers les hôpitaux de Ghaza, portant à 63.459 martyrs et 160.256 blessés, le nombre total de victimes palestiniennes depuis le 7 octobre 2023. Quant au bilan des victimes depuis la reprise des bombardements, le 18 mars 2025, il passe à 11.328 martyrs et 48.215 blessés.

En outre, l'armée d'occupation et les agents de la fondation américaine «GHF» ont tué 30 Palestiniens et blessé 166 autres dans les «centres d'aide» israélo-américains, durant les précédentes 24 heures, portant le nombre total des victimes parmi les demandeurs d'aide alimentaire à 2.248 martyrs et 16.600 blessés.

Par ailleurs, le ministère a fait état du décès de 7 nouveaux cas de personnes affamées, portant le nombre total de victimes de la famine et de la malnutrition, imposées par Israël avec le soutien des Etats-Unis, à 339 martyrs, dont 124 enfants.

Rapportées par Al Jazeera, deux sources médicales à Ghaza évoquent la gravité de la situation sanitaire, notamment la propagation de virus dont ils ne connaissent «ni la nature ni l'origine», comme le déclare le directeur général du ministère de la Santé, Mounir al-Barsh.

«Nous sommes confrontés à des virus dont nous ne connaissons ni l'origine ni la nature. Nous avons perdu la capacité de diagnostiquer les maladies en raison du manque de moyens. Les stocks de fournitures médicales sont au plus bas, ce qui a paralysé le système de santé», affirme Mounir al-Barsh. De son côté, Khalil al-Dakran, porte-parole de l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa Martyrs, a également déclaré à Al-Jazeera que le secteur souffre d'une «importante pénurie de sang», et que les hôpitaux «ont du mal à trouver des donneurs» en raison de la famine et la malnutrition.

L'intervenant a également ajouté qu'à Ghaza «l'eau est contaminée» car «l'occupation empêche l'entrée de carburant pour faire fonctionner les stations d'épuration et de traitement des eaux».

«Incapables d'allaiter, les mères donnent de l'eau à leurs bébés»

Le reportage de Hind Khoudary, correspondante d'Al Jazeera English (AJE) à Deir el-Balah (centre de Ghaza) sur des mamans qui, dans l'incapacité d'allaiter faute d'alimentation, se contentent de donner de l'eau à leurs bébés pour les «rassasier», montre à quel point la situation est catastrophique dans l'enclave assiégée totalement depuis plus de 6 mois.

«J'ai discuté avec de nombreuses mères qui se reprochent de ne pas manger comme elles le devraient pour pouvoir allaiter. Elles souffrent de malnutrition et ne peuvent donc pas allaiter leurs bébés. Faute de pouvoir leur donner du lait, la plupart d'entre-elles donnent de l'eau à leurs bébés juste pour qu'ils se sentent rassasiés», affirme Hind Khoudary.

«Elles savent que ce n'est ni nutritif ni sain, mais elles n'ont pas d'autre choix. Les mères sont tristes de voir leurs enfants souffrir de malnutrition sous leurs yeux», et «tant que les points de distribution (alimentaires, ndlr) et les cuisines qui fournissent des plats chauds ne fonctionneront pas, la situation ne fera qu'empirer», ajoute la correspondante d'AJE.

Explosions de dizaines de robots piégés pour faire déplacer la population vers le sud

L'armée d'occupation a fait exploser, durant les trois dernières semaines, «plus de 80 robots piégés au milieu de quartiers résidentiels», dans le nord et le centre de Ghaza, pour pousser «plus d'un million de Palestiniens» vers le Sud, a déclaré hier un communiqué du Bureau des médias du gouvernement de l'enclave. Pour «pousser de force la population à un exode massif», l'armée d'occupation israélienne «continue de commettre des crimes contre des civils sans défense, y compris des enfants et des femmes», en faisant exploser «plus de 80 robots piégés dans des quartiers résidentiels, au cours des trois dernières semaines, dans un comportement criminel qui incarne la politique de la terre brûlée», lit-on dans le communiqué. «Malgré cela, plus d'un million de Palestiniens restent dans la ville de Ghaza, refusant de se plier à la politique d'expulsion forcée et d'épuration ethnique, affirmant leur résistance légendaire face à la machine de guerre criminelle «israélienne»», ajoute le gouvernement. Hier, depuis l'aube jusqu'à 16h (localement), les bombardements israéliens sur plusieurs régions de Ghaza ont fait 51 martyrs, dont 16 demandeurs d'aide alimentaire, selon des sources hospitalières citées par Al Jazeera. Une mère et trois de ses enfants sont tombés en martyrs lors d'une frappe aérienne israélienne sur une maison dans le nord de Ghaza, affirme une source à l'hôpital al-Awda, citée par Al Jazeera. A Jabaliya, une source à l'hôpital Al-Shifa a confirmé le martyr de 3 Palestiniens, dont un enfant, lors d'une frappe aérienne.

UNRWA : l'occupation bloque depuis 6 mois l'entrée d'abris à Ghaza

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a déclaré hier sur X, que «l'intensification des opérations militaires israéliennes pousse des milliers de personnes vers l'inconnu», ajoutant qu'elle est «empêchée d'acheminer des fournitures pour abris depuis près de six mois», une restriction qui «aggrave la crise, des milliers de familles déplacées».

«Les enfants de Ghaza ne vont pas à l'école. Ils sont à nouveau contraints de chercher un endroit sûr où s'abriter. Mais il n'y a nulle part où aller», écrit l'UNRWA.

L'agence a indiqué que la surpopulation et le blocus israélien persistant sur l'aide humanitaire laissent des milliers de familles sans abri. «Il n'y a pas assez d'espace. Il n'y a pas assez de tentes», a ajouté l'agence. L'UNRWA est empêchée d'acheminer des fournitures pour abris depuis près de six mois, une restriction qui, selon elle, aggrave la crise, des milliers de familles étant déplacées sans aucun endroit où aller.