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L'enquête se poursuit pour « identifier les auteurs »: Le corps de la petite Marwa retrouvé à Constantine

par M. Aziza

La disparition de la collégienne Marwa Boughachiche, depuis le 22 mai dernier, avait suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, et l'annonce de la découverte de son corps avant-hier, a ravivé cette émotion. Avec notamment de nombreux messages de soutien à la famille, d'une part, et des appels au rétablissement de la peine de mort pour les criminels qui visent des enfants et des mineurs, d'autre part. La toile s'était enflammée après que le procureur de la République près le tribunal de Constantine a confirmé, à travers un communiqué rendu public, que l'analyse ADN du corps retrouvé dans la forêt de Djebel El Ouahch, correspondait à la jeune fille disparue, avec des réactions de colère et d'indignation. Le procureur de la République a précisé que suite à «des informations qui nous sont parvenues, faisant état de la présence d'un cadavre non identifié dans la forêt de Djebel El Ouahch» et »après notre déplacement sur les lieux, accompagnés des services de la police judiciaire, de la police scientifique et du médecin légiste, les examens nécessaires ont été effectués et des échantillons ont été prélevés». En poursuivant : «Nous avons ordonné une enquête approfondie, avec une analyse ADN du corps décomposé de la victime, qui a confirmé qu'il s'agit de la jeune fille disparue Boughachiche Marwa», a ajouté la même source. Et de préciser que les enquêtes sont toujours en cours pour déterminer les causes et les circonstances de cette affaire et identifier les auteurs. Cette affaire nous rappelle le cas de la jeune fille Chaïma, enlevée, violée et brûlée par son agresseur. Mais la majorité des spécialistes dans le domaine sécuritaire et membres de l'association contre le féminicide ou infanticide soulignent que l'arrestation des auteurs de crimes n'est pas toujours suffisante pour endiguer ces pratiques criminelles. C'est ce qu'a précisé au «le Quotidien d'Oran», Abderrahmane Arar, président du réseau NADA pour la protection des droits des enfants. M. Arar a souligné que ces cas d'enlèvements et de crime ne sont pas un phénomène par le fait qu'il ne s'agit pas d'organes criminels organisés spécialisés dans le rapt et le kidnapping d'enfants. Par contre, dit-il, tous ces comportements sont liés à la délinquance et la violence qui a atteint un certain stade dans notre pays. Précisant que son association et des membres de la société civile ont toujours plaidé pour un travail préventif en amont contre la délinquance et la violence et la lutte contre ses causes. Et d'affirmer que grâce aux efforts sécuritaires les cas d'enlèvements sont en recul constant, mais beaucoup reste à faire sur le plan social et sur l'intégration institutionnelle et familiale des délinquants.

« L'absence d'accompagnements de ces délinquants nous expose à vivre de telles situations d'enlèvements et de crimes notamment envers des enfants », souligne notre interlocuteur. L'urgence aujourd'hui, selon le président du Réseau Nada, n'est pas l'application de la peine de mort qui n'est pas vraiment dissuasive. «On doit sauver les victimes avant la catastrophe», dit-il. «Autrement dit, on doit agir en amont, en révisant les mécanismes de protection, en révisant le fonctionnement de certaines institutions chargées de la protection des enfants et des femmes et celles chargées de la réintégration des délinquants». L'idéal est d'arriver à un seul guichet de protection qui regroupe tous les acteurs à travailler ensemble y compris les associations, sur le plan opérationnel. Car, dit-il, «nous avons beaucoup avancé en matière de loi de lutte contre la délinquance et la violence, mais dans l'application, il n'y a pas assez de coordination pour lutter contre ces fléaux».