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Frappes sur l'Iran: Le droit international à l'agonie

par Salah Lakoues

Dans la nuit du 21 au 22 juin 2025, les États-Unis ont lancé des frappes aériennes contre trois sites nucléaires iraniens, marquant un tournant majeur dans l'escalade militaire au Moyen-Orient. Cette attaque unilatérale, menée sans mandat de l'ONU, pose une question existentielle : l'ordre international fondé sur le droit est-il définitivement enterré ? Face à cette provocation, un front multipolaire - Chine, Russie, BRICS, Sud global - semble dessiner une ligne rouge. Sommes-nous à l'aube d'un basculement stratégique ou d'un désastre planétaire ?

Une frappe qui change la donne

Peu avant minuit, des bombardiers furtifs américains B-2, accompagnés de missiles de croisière Tomahawk, ont visé trois installations nucléaires iraniennes majeures : Fordow, Natanz et Isfahan. Les images satellites confirment des dégâts importants. Washington affirme avoir voulu « neutraliser les capacités nucléaires offensives de l'Iran ». Téhéran dément toute militarisation de ses sites, affirmant que tous étaient sous surveillance de l'AIEA. Cette attaque intervient dans un climat d'extrême tension, après une première frappe israélienne contre l'Iran, et alors même que des discussions diplomatiques étaient en cours à Oman. Le président Trump a revendiqué l'opération comme un « acte de dissuasion », tout en avertissant : « Ce n'est que le début si l'Iran poursuit ses provocations. »

Le droit international une fois de plus contourné

Comme en Irak en 2003 ou en Libye en 2011, les États-Unis agissent hors du cadre du Conseil de sécurité de l'ONU, sans autorisation internationale, et sans consultation de leurs alliés du Sud. En frappant des sites civils sous contrôle de l'AIEA, ils piétinent le traité de non-prolifération (TNP), fragilisant encore la légitimité de l'ordre mondial. Ce contournement systématique du droit international n'est plus l'exception : il est devenu la norme occidentale, reposant sur le postulat que la force prime sur la loi, dès lors qu'elle est exercée par une « puissance démocratique ».

La ligne rouge multipolaire

Mais cette fois, la réaction est différente. La Russie et la Chine, par des déclarations conjointes, ont dénoncé « une violation grave de la Charte des Nations Unies » et appelé à un cessez-le-feu immédiat. Ils ont convoqué une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, dénonçant « un acte d'agression mettant en péril la paix mondiale».

Pour la première fois, les BRICS dans leur ensemble (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, rejoints par l'Iran, l'Égypte et d'autres) se positionnent en ligne de front diplomatique contre l'unilatéralisme américain. C'est une ligne rouge multipolaire qui se dessine : celle d'un monde qui refuse d'être éternellement soumis aux décisions d'une seule puissance.

Des voix dissidentes aux États-Unis

Aux États-Unis même, les critiques se multiplient. Le sénateur Bernie Sanders a condamné une « opération irresponsable, illégale, et potentiellement dévastatrice», rappelant que l'Iran ne menaçait pas directement les États-Unis, et que cette guerre n'avait été ni débattue au Congrès ni autorisée par le peuple. De son côté, le colonel Douglas Macgregor, ex-conseiller de Trump, a dénoncé une logique « suicidaire » : « L'Amérique d'abord ne signifie pas Israël d'abord. Cette frappe est une provocation géopolitique majeure dont nous paierons le prix.»

Une épée de Damoclès nucléaire

Depuis Hiroshima, jamais le monde n'a été aussi proche d'une confrontation nucléaire régionale. La cheffe du renseignement américain, Tulsi Gabbard, en déplacement à Hiroshima même, a mis en garde dans une déclaration solennelle : « Le monde se trouve à quelques décisions d'un anéantissement nucléaire. La frappe contre l'Iran nous rapproche dangereusement du point de non-retour. » Elle aurait, selon des sources confidentielles, tenté de dissuader Trump dans les heures précédant l'attaque, évoquant « un précédent moral et stratégique catastrophique ».

Pétrole, détroit d'Ormuz, crise mondiale

L'Iran a déjà annoncé que la fermeture du détroit d'Ormuz est « sur la table ». Ce détroit stratégique voit transiter 20 % du pétrole mondial. Si l'Iran décide d'y interdire le trafic, cela provoquerait une crise énergétique et financière planétaire:

Pétrole à plus de 150 $ le baril,

Inflation globale, Crises alimentaires dans le Sud, Récessions en Europe et aux États-Unis.

Un sursaut mondial est encore possible

Ce nouvel acte de guerre peut encore être arrêté si une coalition de peuples, d'intellectuels, d'États non-alignés et de diplomates courageux impose :

Un cessez-le-feu immédiat,

La convocation d'une conférence de paix multipolaire sous l'égide des BRICS et de l'ONU, La suspension des aides militaires à Israël,

La reconnaissance des droits souverains de l'Iran et de la Palestine,

La réaffirmation du droit international comme norme contraignante pour tous. La fin d'un monde, ou la promesse d'un autre.

Les États-Unis viennent de franchir un seuil. En bombardant l'Iran sans mandat, ils ne défient pas seulement Téhéran : ils défient le droit, l'équilibre global, et la volonté des peuples. Mais en face, une résistance émerge. La ligne rouge multipolaire n'est pas seulement une position stratégique: c'est un sursaut moral mondial, un refus de la guerre perpétuelle, une affirmation de la souveraineté des peuples.

À nous tous, désormais, de faire vivre cette alternative. Car la guerre n'est pas une fatalité. Mais la paix, elle, devient un acte de courage.