Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Une guerre, mille trahisons

par Mustapha Aggoun

  L'Iran vient d'être violemment attaqué par la machine de guerre américaine, ses principales installations nucléaires méthodiquement détruites, dans une agression unilatérale d'une brutalité inouïe, qui viole une fois de plus le Droit international et l'idée même de souveraineté.

Sous le prétexte éculé de la menace nucléaire, les États-Unis s'arrogent le droit d'anéantir les progrès technologiques d'un État indépendant, alors même que l'Agence internationale de l'Energie atomique n'a cessé de souligner l'absence de preuves concrètes de militarisation du programme iranien. Mais au-delà des missiles et des explosions, ce qui heurte plus profondément encore, c'est le silence complice, voire la soumission active, de nombreuses puissances dite «émergentes». Où sont les BRICS dans cette tragédie ? Où est cette alliance qu'on nous a tant vantée comme alternative à l'hégémonie occidentale ? Où sont la Russie et la Chine, qui se prétendent garantes d'un nouvel ordre mondial multipolaire? Rien, sinon des communiqués vides, des postures prudentes et une fuite face à l'Histoire. Et plus honteux encore est le rôle de certains régimes arabes, ces gouvernements qui ont vendu leur honneur et leur souveraineté sur l'autel d'une normalisation avec l'ennemi historique des peuples de la région : l'entité sioniste.

Ces mêmes régimes qui prétendent parler au nom de la paix et de la stabilité, mais qui applaudissent en silence lorsque des bombes américaines s'abattent sur une nation musulmane. Leur hypocrisie n'a d'égal que leur lâcheté : incapables de défendre la Palestine, ils se réjouissent aujourd'hui du châtiment infligé à l'Iran, espérant sans doute que cela consolidera leur alliance de survie avec Israël et Washington. En se rendant complices de cette agression, ils signent eux-mêmes leur perte morale et historique. Ils confondent la soumission avec la sécurité, la trahison avec la sagesse diplomatique.

Pendant ce temps, l'Iran paie seul le prix de sa souveraineté, de sa volonté de se libérer du monopole technologique occidental, et de son refus de se plier aux injonctions de l'Empire.

En réalité, cette attaque ne vise pas seulement des réacteurs et des centrifugeuses : elle vise toute aspiration à l'indépendance dans le monde musulman et le Sud global. Elle envoie un message limpide : quiconque ose sortir du rang sera frappé. Et pourtant, ce crime géopolitique ne suscite aucune mobilisation réelle, ni à Moscou, ni à Pékin, encore moins dans les capitales arabes asservies, réduites à des vassalités politiques honteuses. Les BRICS, si fiers dans les discours, révèlent aujourd'hui leur impuissance stratégique et leur vide en matière de solidarité effective. L'agression contre l'Iran est le test ultime de leur crédibilité, et ils l'ont lamentablement échoué. Quant aux régimes arabes complices, ils devraient se rappeler qu'aucune protection israélienne ou américaine ne pourra les sauver du jugement de l'Histoire.

Car ce n'est pas seulement l'Iran qui est attaqué : c'est le dernier bastion de résistance à un ordre mondial fondé sur la domination, l'hypocrisie, et la peur. L'heure n'est plus à la neutralité. Se taire aujourd'hui, c'est approuver. Se justifier, c'est trahir. Et applaudir en secret, comme le font certains palais du Golfe, c'est collaborer activement avec l'oppresseur.