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Optimisation des coûts, un objectif capital: Les grands projets sous surveillance

par A. Z.

Passer des fameux avenants aux devis initiaux des marchés publics, qui ont saigné le Trésor public pratiquement durant deux décennies (2000-2020), à l'optimisation et au contrôle rigoureux des coûts des grands projets en voie de réalisation, est un défi économique qu'il fallait relever pour atteindre une meilleure rationalité des dépenses publiques.

Et, surtout, éviter les dilapidations des deniers publics, parce que dans leur grande majorité les avenants au devis initialement conclu entre les parties contractantes n'étaient qu'un subterfuge pour augmenter les coûts des marchés publics, notamment en allongeant les délais de réalisation et ouvrir la porte aux révisions des études de projets introduisant de nouveaux paramètres qui multiplient parfois les coûts de réalisation par deux voire trois fois ce qu'il était convenu de débourser en première étude du marché. C'est la mission à laquelle s'attelle la Caisse nationale d'équipement pour le développement (Cned), à savoir prendre en charge l'optimisation et le contrôle des coûts des grandes infrastructures. Dans cette optique, «la Cned assure actuellement le suivi d'une cinquantaine de projets d'équipement, représentant une autorisation d'engagement globale de plus de 6.400 milliards de dinars. Plus de 78% de ces projets relèvent du secteur des travaux publics et des infrastructures de base (33 projets), tandis que les autres concernent les secteurs de l'hydraulique (11 projets) et de l'habitat, de l'urbanisme et de la ville (6 projets)», selon son directeur général, Mohamed Salim Telidji.

Il s'agit de projets qui couvrent notamment la réalisation de liaisons autoroutières, de lignes ferroviaires, de tramway et de métro, ainsi que la construction de barrages, de stations de dessalement et de réseaux de transfert. Ils incluent également des projets de villes nouvelles et d'équipements publics, selon les précisions du même responsable dans ses déclarations à l'APS qui a expliqué également que la Caisse, qui relève du ministère des Finances, adopte une approche fondée sur l'efficience de la dépense publique, en examinant les études des projets d'infrastructures financés par le budget de l'Etat. Elle formule des avis en vue d'une utilisation optimale des financements, afin de prévenir les risques de surcoûts et les dépassements de délais. Clairement, a-t-il souligné, «l'objectif est de disposer d'une vision globale sur l'état d'avancement des projets en termes de coûts, de délais et de qualité. Cela permet d'identifier les difficultés rencontrées par les maîtres d'ouvrage et de leur proposer des recommandations et des actions concrètes pour anticiper les facteurs de risque», en passant en revue plus de 30 dossiers d'études, en 2024, portant sur une vingtaine de projets d'infrastructures.

Partenariat public-privé

Depuis sa création en 2006, l'organisme a examiné les études de quelque 180 grands projets d'équipement public, a-t-il relevé. Non sans reconnaître que le suivi des projets et les mesures de contrôle sont accompagnés par «une prise de conscience accrue des promoteurs sur l'importance d'investir dans des études de faisabilité, d'impact environnemental et social, ainsi que dans des études techniques approfondies avant de lancer des projets de grande envergure». Concernant le développement des compétences locales, le responsable a salué «le progrès progressif en matière d'ingénierie, de conseil et d'expertise nécessaires à la réalisation de ces études». Les guides de gestion élaborés par la Cned, combinés à l'adoption de bonnes pratiques, ont permis, selon lui, une meilleure maturation des projets. Et les choses sont appelées à s'améliorer avec le lancement imminent d'une plateforme numérique dédiée à la gestion et au suivi des projets, a indiqué le même responsable. Cette application permettra aux partenaires institutionnels, notamment les ministères et maîtres d'ouvrage délégués, de transmettre à la Cned les dossiers d'études et les données des grands projets. En retour, ces derniers auront accès aux rapports d'analyse, aux documents techniques élaborés par la Caisse, ainsi qu'aux indicateurs de performance des projets, consultables en temps réel. Dans un autre registre non moins important, la Cned œuvre à promouvoir le Partenariat public-privé (PPP) comme mode de financement alternatif, qui constitue selon les déclarations de M. Telidji «un axe majeur des réformes structurelles visant la diversification de l'économie nationale». Dans ce sillage, il a relevé que la Cned a participé, sous la direction de la Direction générale du budget (DGB), à l'élaboration d'un avant-projet de loi sur le PPP, actuellement en phase d'enrichissement, conformément aux orientations du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune.

Tout en rappelant que l'Algérie a déjà mis en œuvre, avec succès, plusieurs modèles de PPP au cours des deux dernières décennies, notamment pour les stations de dessalement d'eau de mer et les centrales électriques. Ce mode de financement concerne également plusieurs contrats de gestion de la distribution d'eau dans les wilayas d'Alger, Tipaza, Constantine, Oran et Annaba, ainsi que des concessions de terminaux à conteneurs dans les ports d'Alger et de Djen Djen. «L'expérience accumulée dans ce domaine constitue un capital précieux», a-t-il affirmé.

Ainsi, M. Telidji a estimé que pour réussir les PPP, il est indispensable de mettre en place un cadre législatif cohérent avec les réglementations sectorielles et les textes régissant les marchés publics, tout en améliorant le climat des affaires et le cadre institutionnel général.