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Plaidoyer pour une réglementation rigoureuse: Fausse information, médecins auto-proclamés et charlatanisme

par M. Aziza

De fausses informations médicales, des vidéos développant un contenu de santé qui parfois ne repose sur aucun élément scientifique, des personnes qui s'autoproclament médecins intervenant dans des médias et sur les réseaux sociaux sans se soucier des conséquences. Pourtant» l'information médicale ou de santé peut sauver des vies et la fausse information peut tuer, notamment dans les situations d'urgence telles que les crises sanitaires». C'est ce qu'a affirmé le Pr Issam Frigaa, chef du Centre d'hémobiologie et de transfusion sanguine du CHU Mustapha, président du Conseil scientifique de l'Agence nationale du sang, lors de la tenue, avant-hier, d'une session de formation destinée aux journalistes autour du rôle des médias dans la diffusion de l'information liée au secteur de la santé. Cette formation, initiée par les Laboratoires Frater Razes, intervient dans un contexte mondial où l'accès à une information fiable et précise devient crucial, notamment en période de crise sanitaire. Ayant présenté une conférence intitulée « Le rôle des médias dans les crises sanitaires - informer sans déformer », le Pr Frigaa a mis en exergue les mécanismes de communication de crise, les recommandations de l'OMS, ainsi que les facteurs d'amplification ou de sensibilisation aux risques médiatiques. A travers l'étude de cas illustratifs (sang contaminé, épidémies d'Ebola, Covid-19 ou conflits vaccinaux), le Pr Frigaa a tenté d'analyser les tendances, les succès et les responsabilités des médias. Il a évoqué, dans ce contexte, une analyse SWOT (Strengths - Weaknesses - Opportunities - Threats) qui met en évidence les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces associées au rôle de pression dans la gestion des crises sanitaires.

Les médias jouent un rôle crucial dans la diffusion rapide de l'information, la promotion des mesures de prévention et la révélation des dysfonctionnements.

Il existe cependant certaines limites sous-jacentes, notamment le manque de spécialisation médicale, les risques de désinformation et les pressions éditoriales.

Le Pr a recommandé la spécialisation des journalistes dans le domaine de la santé et de travailler en partenariat avec les experts de la santé. En évitant de donner la parole à des personnes qui s'autoproclament médecins, à des charlatans de la science. L'affaire du «RHB» présenté, il y a quelques années comme un remède miracle contre le diabète par certains organes de presse illustre bel et bien les risques médiatiques et aujourd'hui les risques des réseaux sociaux, sur le bien-être du malade et sa santé, précise le Pr Frigaa, tout en mettant en garde contre ce genre de dérives qui peuvent entraîner des conséquences fâcheuses.

Le professeur Zoubir Sari a, pour sa part, affirmé que les professions des médias et de la santé sont des «professions réglementées». Précisant qu'on ne peut dire n'importe quoi et faire n'importe quoi que ce soit dans les supports médiatiques ou à travers les réseaux sociaux. Et de poursuivre : «Les journalistes et les acteurs de la santé, notamment les médecins sont tenus par les règles d'éthique et de déontologie». Pour ce qui est «des intrus» à la profession qui n'ont aucune formation dans le domaine journalistique ou médical, le Pr plaide pour une réglementation rigoureuse dans ce sens. En citant des influenceurs qui font parfois la promotion et la publicité sur des contenus médicaux et de santé.

Il dira que les conseils de l'ordre des médecins doivent jouer leur rôle, comme une instance de veille pour dénoncer les faux médecins et ceux s'autoproclamant médecins et ceux qui se prononcent sur tous les sujets sans aucun recul, que ce soit à travers les médias ou à travers les réseaux sociaux. Les médias, dit-il, doivent être recadrés par les autorités de régulation et prévoir une réglementation pour le cas des influenceurs qui se prononcent sur tous les sujets sans retenue.

Le Pr résume : le rôle des médias est crucial, c'est eux qui créent le pont entre la science, les citoyens et les décideurs, en jouant un rôle essentiel dans la prévention et la gestion des crises sanitaires. Mais ils doivent donner la parole aux professionnels et experts (médecins, vétérinaires, épidémiologistes, écologues...), notamment, pour la vulgarisation des principes « One Health » et à la mobilisation de l'opinion publique en faveur de la santé mondiale.