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Banque mondiale: L'Algérie «façonne son avenir économique»

par A. Z.

La voie de sortie de la dépendance aux exportations des hydrocarbures est toute tracée pour l'Economie algérienne, comme en témoignent les récents rapports et les expertises établis par les plus grandes institutions internationales. « L'Algérie diversifie son économie, en triplant ses exportations hors hydrocarbures depuis 2017, pour atteindre 5,1milliards de dollars en 2023, soit 2% du PIB, réduisant ainsi sa dépendance au pétrole et au gaz », souligne un article de la Banque mondiale (BM), daté du 18 avril. Et les ambitions sont plus grandes pour l'avenir, avec un objectif d'atteindre les 30 milliards d'exportation hors hydrocarbures d'ici 2030. Un objectif confirmé lors de la rencontre présidée par le Président Tebboune, le 13 avril dernier, en présence de hauts responsables de l'Etat, de membres du gouvernement, de cadres supérieurs, ainsi que de chefs d'entreprises et de groupes industriels, publics et privés, et de responsables d'institutions.

L'article de la BM relève que les engrais, les produits sidérurgiques et le ciment figurent parmi les principales exportations, témoignant des premiers résultats positifs dans l'élargissement de la base économique algérienne. Ajoutant dans ce sillage que le secteur agricole algérien a également enregistré des avancées, particulièrement en matière d'exportation de produits alimentaires frais.

Selon la BM, le Système communautaire portuaire algérien (APCS), lancé en juillet 2021 et développé avec l'expertise de la Banque mondiale, se trouve au cœur de cette transformation de l'Economie algérienne. Il s'agit d'une plateforme numérique qui connecte l'ensemble des acteurs portuaires et réduit les délais de dédouanement, en reliant les douanes, les compagnies maritimes et les exportateurs sur une interface unique. L'assistance technique de la Banque mondiale a également inclus l'établissement d'un cadre juridique, la promotion du dialogue entre les parties prenantes, et l'organisation de visites d'étude dans des ports mondiaux tel que celui de Barcelone, souligne le même article.

Pour Meriem Ait Ali Slimane, économiste principale à la Banque mondiale, « l'APCS marque un tournant pour le secteur commercial algérien. Il démontre comment des réformes ciblées peuvent avoir un impact économique transformateur». Qualifiée d'« élément clé » de ces efforts, la loi sur l'investissement de 2022 est conçue pour attirer les investisseurs nationaux et étrangers, à travers des incitations, telles que des exonérations fiscales, des dispenses de droits de douane et des procédures administratives simplifiées par le biais de l'Agence Algérienne de Promotion de l'Investissement (AAPI) nouvellement créée, et qui a déployé une plateforme en ligne pour simplifier le parcours des investisseurs, facilitant l'accès au foncier, à l'information et aux incitations de manière numérique.

Les défis de la productivité et de la bureaucratie

La Banque mondiale a appuyé l'AAPI à travers des formations et des recommandations stratégiques, en particulier sur les moyens d'attirer les investissements directs étrangers (IDE) et de développer des secteurs tournés vers l'exportation, signale l'article de la BM. Ajoutant que l'assistance technique de la Banque mondiale a soutenu la réalisation d'études de marché, l'évaluation des chaînes de valeur et le renforcement du dialogue public privé. Non sans relever que dans le secteur industriel, des efforts similaires ont ciblé des chaînes de valeur comme le liège et la mécanique de précision. Des initiatives de renforcement des capacités, incluant des voyages d'étude et des programmes de formation, ont contribué à améliorer les compétences et la coordination entre les acteurs de ce secteur. L'article souligne également que la Banque mondiale a accompagné l'Organisme Algérien d'Accréditation (ALGERAC), qui a élargi son champ d'action dans l'élaboration d'un plan stratégique quinquennal et le renforcement des compétences de son personnel afin de garantir la conformité des produits algériens aux normes internationales. Dans ce cadre, il est précisé qu'en juillet 2024, le nombre de laboratoires accrédités s'élevait à 135, contre 77 en 2021, soit une augmentation de 75% en trois ans. Mais, selon l'expertise de la BM, « malgré ces avancées, l'Algérie continue de faire face à des défis en matière de productivité et de bureaucratie. La transition mondiale vers la décarbonisation pose des risques, particulièrement pour les exportations à forte intensité carbone tels que les engrais et le ciment, dans le cadre du Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières de l'Union Européenne (CBAM) ». Préconisant qu'afin de maintenir la croissance des exportations, l'Algérie devra augmenter sa productivité, attirer davantage d'investissements directs étrangers et verdir ses processus industriels. Les recommandations de la Banque mondiale préconisent également « l'adoption d'une tarification du carbone, la diversification des marchés d'exportation et le renforcement des chaînes de valeur dans des secteurs à fort potentiel, tels que les énergies renouvelables et les technologies de l'information ». Le représentant résident de la Banque mondiale en Algérie, Kamel Braham, affirme pour sa part, que « l'Algérie dispose d'un potentiel considérable pour diversifier ses exportations et s'intégrer dans les chaînes de valeur mondiales ». En numérisant les processus commerciaux, en renforçant les capacités institutionnelles et en diversifiant ses portefeuilles d'exportation, l'Algérie pose les bases d'une croissance durable. L'article conclut sur une vue poétique du soleil qui se lève sur le Port d'Alger, où « les conteneurs remplis d'acier, de ciment et de produits agricoles- plutôt que de pétrole et de gaz uniquement -symbolise un nouveau chapitre de l'histoire économique algérienne ».