Par un jour de marché, hier samedi, dans la ville de Sougueur, véritable baromètre du prix de l'ovin, les éleveurs, peu nombreux, présents au marché à bestiau x, s'arrachaient presque les cheveux tant les prix du mouton ont dégringolé, jusqu'à 25.000 DA de moins par tête.

Cette baisse des prix était attendue, avec l'arrivée des premières cargaisons de têtes de moutons importées de l'étranger. 15.000 têtes étaient attendues, hier après-midi, en provenance de Roumanie, en attendant d'autres cargaisons dans les prochains jours jusqu'à atteindre un million de têtes prévues par le gouvernement.

En effet, et alors que l'Aïd Al-Adha approche à grands pas, les autorités ont déclenché une vaste opération logistique, un véritable corridor maritime depuis l'Europe pour approvisionner le pays en moutons.

Quatre (04) autres navires en provenance de Roumanie, chargés de milliers de têtes ovines, sont attendus dans les prochains jours dans les ports algériens. Une première livraison, assurée par le groupe public «Agrolog», relevant du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, transportait 15.000 moutons vivants vers le port d'Alger.

Trois autres navires accosteront successivement au port d'Alger, tandis que le quatrième accostera à Annaba, pour approvisionner les régions de l'Est.

Ces animaux sont destinés à être mis sur le marché en tant qu'offrandes pour l'Aïd El-Adha, à des prix accessibles, selon les directives présidentielles. Les moutons, à leur arrivée, sont dirigés vers plusieurs centres de quarantaine sanitaire, afin de garantir leur conformité aux normes sanitaires, avant leur distribution vers des points de vente agréés, à travers le territoire.

Le ministre de l'Agriculture a récemment présidé une réunion stratégique avec les représentants de plusieurs départements ministériels et institutions sécuritaires pour affiner les modalités logistiques et sanitaires de cette opération. Il a été décidé que les importations seraient étalées et supervisées rigoureusement, afin d'assurer un acheminement fluide et un accès équitable aux moutons pour l'ensemble des citoyens.

Décidée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, cette opération d'importation d'un million de têtes d'ovins, est venue pour d'abord casser les prix sur le marché, mais aussi répondre à la forte demande des citoyens et lutter contre la spéculation.

Le marché local du mouton a vite réagi, faisant plonger les prix à des niveaux inattendus. Au marché à bestiaux de Sougueur, dans la wilaya de Tiaret, les prix ont reculé jusqu'à 25.000 DA par tête. Un antenais d'une vingtaine de kilogrammes, proposé au début du mois en cours à 110.000 DA a vu son tarif baisser jusqu'à 70.000 DA. Et la baisse des prix devrait continuer au fur et à mesure de l'approche de l'Aïd Al-Adha, prévu le 06 prochain. Reste la question, celle de savoir à quel prix vendre les moutons «made in» pour convenir aux Algériens ? La décision du chef de l'Etat en faveur de l'importation d'un million de têtes de moutons sur le marché algérien, pourrait suffire à couvrir la demande locale, estiment les experts. Actuellement, les besoins pour le sacrifice de l'Aïd sont estimés à environ 4 millions de têtes, et l'apport de ce million supplémentaire «contribuerait donc à stabiliser le marché, réduire la spéculation et protéger le pouvoir d'achat». Bonne nouvelle pour les Algériens aux bourses modestes : le prix moyen d'un mouton devrait osciller entre 50.000 et 60.000 dinars. Même si pour certains, le coût de l'importation aura son impact sur les prix, puisqu'à titre d'exemple, le transport des moutons de Roumanie varie entre 4 et 4,6 euros/kg, tandis qu'en Espagne, il oscille entre 2,55 et 4,4 euros/kg.