L'Algérie est-elle en train de se repositionner pour s'adapter aux tensions géopolitiques et énergétiques qui marquent le monde actuel ?

Pour l'expert international en questions énergétiques, Mourad Preure, « le domaine de l'énergie, qu'il soit minier ou hydrocarbures, est à très fort potentiel, surtout que les hydrocarbures (gaz et pétrole) représentent actuellement plus de 70% de la consommation mondiale et cette proportion va rester autour de 50% au moins jusqu'à la moitié du siècle en cours ». Intervenant jeudi sur les ondes de la Radio nationale, l'expert algérien a estimé que l'Algérie « reprend avec force et sérieux l'expansion de son industrie pétrolière, mais aussi l'affirmation de ses grandes ambitions en matière de transition énergétique ». Le marché mondial est actuellement « pris de folie, et il est devenu impossible de prévoir ce qui pourrait se produire d'ici juin prochain », a estimé l'expert international en questions énergétiques. Ce dernier a indiqué qu'il « redoutait une récession au second semestre de l'année en cours » et appelle l'Algérie à adopter « une stratégie offensive afin d'immuniser son économie et tirer parti de la crise actuelle ». Pour lui, « des signaux contradictoires sont émis : mais, si l'on tente d'en extraire une tendance médiane, on constate qu'ils penchent globalement vers une baisse, notamment en ce qui concerne les prix du pétrole et du gaz », a-t-il déclaré. Toujours selon l'hôte de la Radio, « l'économie mondiale frôle la récession et la guerre commerciale déclenchée par les États-Unis ne fera qu'aggraver la situation ». « La Chine ne parvient toujours pas à stimuler suffisamment sa croissance par son marché intérieur, les États-Unis sont surendettés, l'Europe est en perte de vitesse, et les décisions de Trump auront inévitablement un effet inflationniste, compte tenu de tous ces facteurs aggravants, une récession au second semestre semble probable », a averti Mourad Preure. Dans ce contexte d'incertitude et de tension, l'expert algérien a plaidé, néanmoins, pour l'adoption d'une « politique prudentielle stricte », ainsi qu'une « allocation rigoureuse des ressources financières, afin de renforcer la résilience de l'économie nationale», a-t-il souligné. Preure a également recommandé à l'Algérie « d'adopter une stratégie lui permettant de tirer avantage d'une crise » qui, selon lui, « ne fera que s'intensifier ». Il propose notamment la création de deux fonds souverains : « un fonds souverain national pour soutenir l'investissement à l'intérieur du pays, et un autre à vocation internationale, destiné à l'acquisition d'actifs à l'étranger ».