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L'Etat compte sur le nationalisme de « sa » presse: Un front médiatique pour contrer les campagnes anti-Algérie
par Houari Saaïdiaa De mémoire de journaliste - et elle n'est
pas courte - jamais le secteur de l'information n'aura fait l'objet d'un
intérêt institutionnel au plus haut sommet du pouvoir que ces temps-ci. On
n'est plus dans les déclarations d'intention, les beaux discours politiques et
les vieilles ritournelles des journées du 3 mai et du 22 octobre. Mais bien
dans les faits.
L'Etat a tout à gagner en ayant, en face et à ses côtés à la fois, une vraie presse professionnelle. Sans quoi, le front médiatique - dont on parle avec insistance dernièrement - ne serait qu'un vain mot. En réitérant son appel à la création d'un front médiatique national lors de la première rencontre régionale des journalistes, professionnels des médias et acteurs du secteur de la communication, tenue jeudi à Oran, le ministre de la Communication, Mohamed Meziane, a réaffirmé toute la confiance placée par l'Etat dans la presse nationale, qui « peut et doit être à l'avant-garde même des lignes de défense du pays contre les campagnes déchaînées de désinformation menées par des officines étrangères ». Un appel fort, certes, mais qui soulève une question de fond : pour être à la hauteur de cette mission nationaliste, la presse nationale ne devrait-elle pas être forte et bien structurée ? Professionnellement parlant, au premier chef. UN PACTE TACITE L'appareil institutionnel, qui ne fait plus mystère de son besoin impérieux d'avoir les médias comme partenaires à part entière dans sa stratégie de défense de la souveraineté nationale en ces temps de conspirations et de complots de toutes formes et de tous bords contre l'Algérie, ne doit-il pas lui-même - et il ne serait là que dans son rôle le plus élémentaire - faire en sorte que le champ médiatique soit bien régulé, structuré et répondant aux standards internationaux modernes ? Honnêtement et objectivement, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui s'était engagé au lendemain de sa première élection en décembre 2019 pour « une presse libre, plurielle, indépendante et respectueuse des règles de professionnalisme, d'éthique et de déontologie », n'aura point failli à ses promesses et les nombreux et sans précédents acquis réalisés au profit du secteur de l'Information, et pour la presse tout en particulier, sont là pour en témoigner. « Ce ne fut pas le président de la République Tebboune qui affirma solennellement qu'il n'y avait point d'avenir pour l'Algérie sans une presse libre et professionnelle ? », a tenu d'ailleurs à rappeler le ministre de la Communication, jeudi à l'ouverture de la rencontre régionale, en présence du représentant de la Direction générale de la communication de la présidence de la République, des responsables de nombreuses institutions médiatiques, ainsi que des journalistes, professionnels des médias et syndicalistes issus de 17 wilayas de la région Ouest, en plus de représentants de bureaux de wilaya des associations et syndicats nationaux. Mohamed Meziane a par la même occasion réaffirmé l'importance de construire un «front médiatique uni» pour défendre l'Algérie et son image, face aux attaques multiformes dont elle fait l'objet. QUAND LA SIMPLE ANNONCE DE FRONT MÉDIATIQUE FAIT PEUR A CERTAINS Ce front médiatique repose en fait sur une idée-force toute simple, selon les explications du ministre. Il s'agit d'une sorte de réplique à dimension réduite ou de projection à échelle restreinte d'une structure plus grande qu'est le front national interne, avec cette différence que cette « sous-structure », bien qu'elle soit similaire et conforme à la structure-mère, a cet atout qu'elle est formée d'une force vive particulièrement percutante et influente à l'intérieur comme à l'extérieur. En l'occurrence la presse, l'arme la plus puissante de la démocratie. Le ministre de la Communication a dévoilé que l'idée de front médiatique, dont il dit être l'œuvre d'un groupe collégial, a dérangé certains cercles qui ne sont connus que par leur esprit systématiquement critique envers l'Algérie. « Certains détracteurs y ont vu une forme déguisée d'un nouveau parti politique monté de toutes pièces. Il n'en est rien. Ce n'est ni plus ni rien qu'une consécration des valeurs professionnelles. Mais si tu te retrouves être la cible d'une guerre menée par des parties pro la France alors sache que tu es sur le bon chemin ! Et si ces mêmes groupuscules t'acclament, soit donc sûr que tu es dans la déviance et que tu dois vite revenir au droit chemin. D'ailleurs, il y a une belle citation de feu Houari Boumediene en ce sens », a rappelé Mohamed Meziane. Et d'ajouter un peu plus loin dans le même ordre d'idée : « Mon souhait, et j'œuvre énergiquement pour cette idée, est de voir les gens de la presse, sans distinction aucune, s'unir et faire bloc contre toute atteinte à la sécurité et à la souveraineté nationales, y compris sur la toile du Net et les réseaux sociaux. LES RESEAUX SOCIAUX : UN AUTRE TERRAIN DE BATAILLE Je milite pour un rôle actif et majeur pour les professionnels des médias sur le Net, mais avec respect et subtilité. Et nous devons sans cesse nous perfectionner pour être dans l'air du temps à l'ère de l'intelligence artificielle ». Face aux campagnes de désinformation visant l'Algérie, le ministre de la Communication a en effet appelé les médias nationaux à redoubler de vigilance et à adopter une approche plus réactive et proactive, dans un front médiatique uni, performant, crédible et ancré dans les valeurs de la nation. Il a également cité les positions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, « qui a toujours exprimé toute son affection, son estime et son respect envers la famille médiatique ». Le ministre a d'autre part insisté sur l'importance de la formation spécialisée et continue pour améliorer les performances journalistiques et garantir une information fiable au public. Il a appelé les journalistes à faire preuve de rigueur dans la vérification des informations et à éviter les sources douteuses, notamment celles provenant des réseaux sociaux. A ce sujet, il a souligné la nécessité de combattre médiatiquement les sources suspectes, notamment sur les réseaux sociaux, qui sont des espaces où « nous devons être vigilants, car nous connaissons la provenance de certaines informations qui peuvent nuire à la sécurité de l'Etat et à la société ». BOUCLIER MEDIATIQUE : UNE QUESTION DE MOYENS AUSSI, DE CONFIANCE SURTOUT Or, cette situation ne manque pas d'interroger, surtout à l'heure où l'Etat appelle à la consolidation d'un front médiatique national soudé, responsable et professionnel. Comment exiger des médias nationaux qu'ils jouent un rôle de bouclier contre la désinformation, s'ils ne sont pas eux-mêmes considérés comme des relais légitimes d'une information stratégique, voire sensible ? La parole du ministre Meziane est sans équivoque : il est impératif que les journalistes nationaux soient outillés pour contrer les propagandes hostiles, en s'appuyant sur « des sources fiables et dignes de confiance ». Une presse bien informée est une presse capable de défendre la position de son pays, de contrecarrer les interprétations biaisées, et de porter la voix de l'Algérie dans l'espace médiatique international avec force et clarté. Dans un contexte géopolitique régional marqué par l'instabilité, et alors que l'Algérie s'affirme de plus en plus comme une puissance pivot dans la défense des causes justes et la protection de sa souveraineté, il devient impératif de synchroniser l'action politique avec le travail médiatique. TEXTES ENCADRANT LA PROFESSION DU JOURNALISTE FIN PRÊTS Quatre ateliers portant sur « la nouvelle législation encadrant le secteur de la communication et la déontologie de la profession », « la réalité de la presse audiovisuelle, écrite et électronique face aux nouveaux défis de l'intelligence artificielle et des technologies 5G », «la communication institutionnelle et son rôle dans la promotion de l'image de l'Algérie » et «la formation spécialisée et continue ainsi que la prospective des métiers du futur» ont été animés. Il est prévu d'organiser des rencontres régionales similaires à Constantine et à Ouargla, qui seront clôturées à Alger, le 28 avril, à l'approche de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai de chaque année. En fin d'après-midi de la même journée, lors d'une émission sur les ondes de Radio Oran, le ministre de la Communication a annoncé le parachèvement de l'élaboration des textes réglementaires régissant l'exercice de la profession de journaliste. Au premier rang de cet arsenal de textes, figure le statut particulier du journaliste, en cours de finalisation et qui est en attente de validation, selon les éclaircissements du ministre. Le statut particulier pour les journalistes définit notamment les droits et les devoirs des professionnels de ce métier. Soulignant que « l'Etat tient à offrir à tous les journalistes et professionnels du secteur les moyens de développer leurs compétences, à la faveur d'une formation continue et spécialisée », M. Meziane a rappelé l'existence de l'ensemble des textes déjà adoptés et publiés au Journal officiel, à l'instar de la loi organique relative à l'information (Ndlr : la loi organique sur l'Information du 27 août 2023 fixant les principes et règles régissant l'activité de l'information et son libre exercice), la loi sur l'activité audiovisuelle (la loi n°23-20 relative à l'activité audiovisuelle) ainsi que celle régissant la presse écrite et électronique. Le ministre de la Communication a d'autre part réaffirmé que son département «poursuivra son soutien indéfectible aux médias dans leurs efforts de formation, et de les accompagner dans la transition numérique pour améliorer la pratique et les performances journalistiques». |
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