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L'Algérie proteste contre l'arrestation d'un de ses agents consulaires: Nouvelle cabale judiciaire en France

par A. Z.

La réaction d'Alger après à l'arrestation, vendredi 11 avril, d'un agent consulaire en France, n'a pas tardé et n'a pas fait dans la demie mesure.

Le lendemain même de cette arrestation, l'ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, a été convoqué au ministère des Affaires étrangères, où il a été reçu par le Secrétaire général du ministère, M. Lounès Magramane, qui lui a exprimé la vive protestation de l'Algérie suite à la décision des autorités judiciaires françaises de mettre en examen et de placer en détention provisoire un de ses agents consulaires en exercice sur le sol français.

Le ministère a précisé à travers un communiqué que l'audience de l'ambassadeur de France à Alger «a eu pour objectif d'exprimer la vive protestation de l'Algérie suite à la décision des autorités judiciaires françaises de mettre en examen et de placer en détention provisoire un de ses agents consulaires en exercice sur le sol français, dans le cadre de l'ouverture d'une information judiciaire sur un supposé enlèvement du voyou Amir Boukhors, dit Amir DZ, en 2024». Soulignant que «l'Algérie rejette fermement, tant sur la forme que sur le fond, les motifs invoqués par le Parquet antiterroriste français, à l'appui de sa décision de mettre en détention provisoire son agent consulaire.

Sur le plan de la forme, l'Algérie rappelle que l'agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue, sans notification par le canal diplomatique et en flagrante contravention aux immunités et privilèges rattachés à ses fonctions près le Consulat d'Algérie à Créteil ainsi qu'à la pratique prévalant en la matière entre l'Algérie et la France». Dans ce sillage, la même source insiste sur le fait que «sur le plan du fond, l'Algérie retient surtout la fragilité et l'inconsistance de l'argumentaire, vermoulu et farfelu, invoqué par les services de sécurité du ministère de l'Intérieur français durant les auditions, laquelle appuie cette cabale judiciaire inadmissible sur le seul fait que le téléphone mobile de l'agent consulaire inculpé aurait borné autour de l'adresse du domicile de l'énergumène Amir Boukhors». Non sans appeler «à la libération immédiate de l'agent consulaire placé en détention provisoire et exige que les droits rattachés à ses fonctions, aussi bien dans le cadre des conventions internationales que des accords bilatéraux, soient scrupuleusement respectés en vue de lui permettre de se défendre convenablement et dans les conditions les plus élémentaires», selon les termes du communiqué, qui relèvent également que «ce tournant judiciaire, inédit dans les annales des relations algéro-françaises, n'est pas le fruit du hasard et que son occurrence intervient dans un contexte bien déterminé et à des fins de torpillage du processus de relance des relations bilatérales convenu entre les deux Chefs d'Etat, lors de leur récent entretien téléphonique». Rappelons dans ce contexte qu'après huit mois de tension dans les relations entre l'Algérie et la France, cet entretien entre les présidents des deux pays a permis de reprendre la voie de l'apaisement, qui s'est soldée par le déplacement, à Alger, le 6 avril, du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. Ce dernier a annoncé «une nouvelle phase» pour les relations entre la France et l'Algérie, et une volonté de «reconstruire un partenariat d'égal à égal, serein et apaisé», à l'issue d'un entretien de 2h30 avec le président Tebboune. Mais c'était compter sans cette inlassable force qui tire vers le bas les relations entre Alger et Paris.

La visite du ministre français de la Justice à Alger compromise ?

C'est ce que relève le communiqué du ministère des Affaires étrangères, qui n'a pas omis de souligner que «ce tournant, malheureux et malvenu, prouve que certaines parties françaises ne sont pas animées de la même volonté de revitalisation des relations bilatérales et que l'engagement des uns et des autres n'est pas à la confluence de la bonne foi et de la sincérité nécessaires à la réunion des conditions d'une reprise sereine du cours normal des relations bilatérales». Dans cette optique, le texte ajoute que «nous ne pouvons nous empêcher d'être surpris sur le choix cynique fait par les fossoyeurs de la normalisation des relations bilatérales concernant le nervi utilisé comme levain de cette nouvelle action préméditée. L'empressement balourd à utiliser ce voyou comme nouvel étendard de la faconde anti-algérienne qui anime ses instigateurs, contraste avec la passivité longtemps affichée dans le traitement des demandes d'extradition émises par les autorités algériennes à l'encontre de cette activiste subversif et lié à des organisations terroristes».

Tout en prévenant que «ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises et ne contribuera pas à l'apaisement», la même source laisse entendre que «l'Algérie n'a pas l'intention de laisser cette situation sans conséquences tout comme elle veillera à assumer pleinement et résolument la protection de son agent consulaire». Notons que ce nouvel épisode du climat crispé entre les deux pays intervient dans une période où le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, était attendu à Alger dans le sillage de la visite de M. Jean-Noël Barrot, afin de renforcer le dialogue sur la coopération judiciaire. Une visite qui semble compromise par «les fossoyeurs de la normalisation des relations bilatérales» entre l'Algérie et la France.