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En présence du ministre des TP : La pénétrante portuaire réceptionnée demain

par Houari Saaïdia

Au bout d'une très longue série d'annonces, dont la plupart n'étaient pas en prise avec la réalité du terrain, voilà enfin une date « fiable » pour la livraison du projet : jeudi 8 août 2024. Avant-hier lundi, après avoir supervisé les toutes dernières retouches du chantier, le wali Saïd Sayoud a instruit sur place son équipe de préparer la visite du ministre des Travaux publics et des Infrastructures de base, pour jeudi prochain, en vue de la réception du projet de la pénétrante portuaire. L'on ne sait toutefois pas si la mise en service officielle aura lieu séance tenante ou sera décalée au 20 août dans un but commémoratif, comme l'a laissé entendre le chef de wilaya. Une chose est sûre, la nouvelle liaison autoroutière est « déjà exploitable », le couper du ruban marquant symboliquement l'ouverture à la circulation n'étant plus qu'un simple détail. Sur les lieux, à quelques mètres du poste d'accès du port via cette nouvelle voie côtière, le wali a fait le point avec les responsables du projet sur des aspects d'ordre esthétique dont le traitement paysager du talus et du massif rocheux longeant la route côté falaise, les cascades artificielles, les jets d'eau, la végétalisation des bordures, le reboisement des espaces dégarnis. L'opération sera budgétisée sur fonds de wilaya, précise-t-on.

LES TOUTES DERNIÈRES RETOUCHES

L'on a également exposé à grands traits le plan d'aménagement de tout le site engendré par le passage de cette desserte routière, côté mer comme côté terre. Une marina comprenant un port de pêche et de plaisance est l'élément-phare de cet aménagement, avec comme thématiques accessoires : sports nautiques, détente et loisir, shoping… Ayant eu droit bien auparavant à une visite au chantier, Le Quotidien d'Oran a pu parcourir en véhicule les 8 km linéaires de cette première tranche en 2x3 voies, qui va du port d'Oran à la Rocade à hauteur de Canastel, après avoir eu un exposé bien détaillé sur le projet. Le parcours commence par une digue maritime, ouvrage longitudinal à base de remblai et de roches et dont la fonction principale est d'empêcher la submersion des basses terres par les eaux marines, longue de 1.780 m. S'ensuit la partie tranchée couverte sur 930 m. Le troisième segment de la liaison est de type section routière (profil mixte), s'étendant sur un linéaire de 3.416 m. Portion suivante, le viaduc. Cet ouvrage d'art long de 692 m est le compartiment qui a mis le plus de temps pour rattraper le train du chantier, tant il était très en retard. Le tunnel, enfin. Il s'agit précisément d'un tunnel à deux tubes unidirectionnels de 1.600 m chacun (exactement 3.174 m au total). Une paire de deux longues « galeries » parallèles formant un passage en demi-cylindre réalisé par force de perforation par l'entreprise turque Makyol par la nouvelle méthode autrichienne de construction de tunnels, connue aussi sous le nom de méthode d'excavation séquentielle.

LE PLUS GRAND CHANTIER ROUTIER DANS L'HISTOIRE D'ORAN

A tout point de vue, la connexion entre le Port et l'autoroute Est-Ouest est le plus grand projet routier qu'a connu Oran. En termes de technicité, ce chantier est sans commune mesure. Audacieux, il « marche » sur l'eau par enrochement sur mer, transperce le rocher par tunneliers, asservit une topographie des plus hostiles, repoussant ainsi les limites terrestres d'une ville qui ne veut plus tourner le dos à sa mer.

Ce cordon autoroutier, qui a bravé tous les obstacles naturels, physiques et géologiques qui se dressaient sur son passage : mer, rivage, milieu poreux, éboulis rocheux, dépôt sédimentaire, falaise abrupte, terrain en pente raide, sol instable... va ouvrir sous peu les horizons d'une ville qui veut vivre et s'épanouir, avoir un pied dans l'eau qui lui était longtemps interdit. Cette route, avant même qu'elle ne s'ouvre, on la voit déjà apporter la délivrance, l'émancipation, la vie, l'effloraison, le développement, le raz-de-marée en sens inverse.

LA ROUTE DE LA RÉCONCILIATION VILLE-MER

Car, oui, la ville s'arrêtait au seuil de son port. Une frontière, une barrière, une impasse. Jusqu'à l'arrivée de cette route. Ce ruban d'espoir. En jetant un coup d'œil du haut de la frange marine, extension urbaine du Front de mer côté Est, on voit déjà s'effriter pierre à pierre ce vieux rempart ville-mer. Cet interminable brise-lame érigé sur terre ferme. On voit cet étendu grillage surélevé de fil barbelé se démanteler, panneau à panneau, au fur et à mesure que prend corps le tracé de la pénétrante portuaire. Celle-là, bien plus qu'un corridor autoroutier déviateur de trafic vers l'extra-muros et une voie de transit excentrique à effet soulageant sur le réseau urbain et suburbain, est un trait d'union entre deux espaces adjacents, la ville et le port, qui ne se communiquaient que par l'intermédiaire d'un débarcadère. Mais aussi une veine qui apportera du sang neuf et insufflera un nouveau souffle à la zone portuaire qui a récemment inauguré son nouveau terminal à conteneurs, les pôles économiques, les zones industrielles et d'activités qu'elle aura à interconnecter. C'est par-dessus tout le déclencheur potentiel d'une métamorphose de la façade maritime de la ville côté Est, pratiquement du centre-ville jusqu'à Kristel en passant par Canastel.