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Les vacances du roi Mohammed VI

par Amine Bouali

On a beau vouloir ne pas être mauvaise langue à propos du souverain du pays voisin du nôtre à l'ouest (Mohammed VI pour ne pas le nommer), le comportement de ce personnage de haut rang par sa fonction, sa naissance et sa fortune est parfois plus que déroutant. Ainsi, l'un de ses derniers caprices est d'avoir fait faux-bond, la semaine dernière, au chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez qui effectuait une visite très attendue à Rabat et qu'il devait recevoir en audience dans son palais. Selon le journaliste ibérique, Ignacio Cembrero, qui, il est vrai, est «un caillou persistant dans la chaussure du Maroc depuis plus de dix ans», M6 «a posé un lapin au dirigeant espagnol, non pas pour être grossier mais parce qu'il n'a pas voulu écourter ses vacances dans son hôtel particulier du cap Pointe-Denis, près de Libreville, la capitale du Gabon, où il se trouve depuis le 25 décembre dernier». «J'attribue cette impolitesse, a-t-il souligné, à la paresse et à la prédilection que le roi a pour les loisirs, le repos et les vacances, avec sa bande d'amis qui sont fondamentalement des combattants ou des ex-combattants d'arts martiaux avec qui il parcourt le monde» (Fin de citation).

Qu'un haut responsable qui frôlerait le burn-out (est-ce la situation de M6 ?) ait besoin de repos, on en convient aisément; mais annuler une audience prévue depuis des mois, accordée en plus à un chef d'Etat étranger qui a tout fait pour rentrer dans vos bonnes grâces, et cela juste pour ne pas rater une bronzette à la plage, est quelque chose d'absolument ahurissant. Assumer une responsabilité quelconque implique, en principe, des obligations et des contraintes auxquelles on est tenu de faire face, quoi qu'il arrive. Sauf si on se considère non concerné par les règles et les usages généralement admis et que nos actes tiennent avant tout (c'est le cas de le dire) du fait du prince !

Si, comme l'affirme Ignacio Cembrero, le motif du lapin posé par Mohammed VI à Pedro Sanchez est bien son refus d'interrompre ses vacances d'hiver au Gabon, alors, le peuple marocain est en droit de se poser de sérieuses questions sur son souverain fainéant qui «aime le pouvoir mais pas le travail qu'il suppose». Le repos, dit-on, n'a jamais tué personne, mais quand même !