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Quinze ans de prison

par Abdou BENABBOU

Si l'huile de table et le lait coulent à flots dans les magasins d'alimentation et dans les supérettes, ce n'est pas par un enchantement éclair ni par un quelconque confortement tombé du ciel. Les surprises des providences ne sont plus de ce temps.

Ce n'est pas non plus par un retour à la bonne conscience des commerçants et des approvisionneurs en produits alimentaires se rendant compte subitement qu'un pays n'est pas une jungle où tous les coups bas sont permis. Il a fallu que les tribunaux aient la main lourde et mettent comme jamais en branle leur balance pour que la régularité commerciale se vête des habits de la pondération pour le respect des consommateurs. Leur couperet a été incisif à la hauteur des énormes perturbations des circuits de distribution.

Allant de trois à quinze ans de prison contre les spéculateurs, les sentences prononcées ont provoqué des ressentiments contradictoires sans pour autant que le fond du problème ne soit réellement perçu. D'aucuns ont crié à l'exagération des peines en déduisant que la justice a frappé trop fort. Mais les données ne sont pas aussi simples qu'on le pense.

Certains, en grand nombre, d'une débilité caractérisée, sont incapables de disposer d'une conscience nécessaire et d'une vertu utile pour comprendre que vivre en communion dans un Etat digne de ce nom ne se conçoit pas avec le déploiement des comportements primitifs. L'acte spéculatif avec des produits de premières nécessités n'est pas un petit forfait condamnable ne nécessitant que la réprobation élémentaire. Il n'est pas non plus un jeu d'enfants. Il est malheureusement, en cette désagréable circonstance, une des nombreuses caractéristiques navrantes d'un état d'esprit ancré qui pourfend l'harmonie de la société algérienne.

Comme il est illusoire de vouloir éteindre un incendie avec un verre d'eau, il est aussi contre-indiqué de s'échiner à guérir un cancer avec du paracétamol. C'est de l'impératif d'une discipline d'une Nation qu'il s'agit.

Bien évidemment, on aura le loisir de triturer avec n'importe lesquelles des sauces toutes les compréhensions sur les libertés et sur les droits humains. Mais les réclamer ne peut les accompagner par les comportements de prédateurs à plusieurs visages.