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Le «CapDel» garde-t-il le cap ?

par Abdelkrim Zerzouri

La démocratie participative, un slogan creux ? Il y a longtemps qu'on a entendu parler de ce concept de gestion au niveau des collectivités locales, avec pertinence en 2017, dans le cadre du lancement du Programme de renforcement des capacités des acteurs du développement local «CapDel», puis plus rien. Lancé avec des partenaires de l'Union européenne (UE) et le PNUD, le programme de formation ?CapDel' a bénéficié, durant ces cinq dernières années, à 480 cadres relevant des collectivités locales et autres élus des Assemblées populaires communales (APC) du pays, et il est toujours en cours, mais les résultats ne sont pas très perceptibles sur le terrain.

Qu'ont-ils fait pour la démocratie participative les présidents d'Assemblées populaires communales (P/APC) qui ont bénéficié du même programme de formation ? Peut-être qu'ils ont tous quitté les communes qu'ils dirigeaient en les laissant en l'état, sans trace d'aucune démocratie participative. Pis, certains P/APC ne se frottaient pas à la population et ne répondaient même pas aux demandes d'audiences qui leur sont adressées par les citoyens. En 2018, quelques mois après le lancement du programme ?CapDel' au niveau de 10 communes pilotes sur le territoire national, la commune d'El Khroub, qui fait partie de ce petit ensemble, a tenté de passer à l'action en mettant en pratique les notions acquises pour l'enrichissement de la gouvernance locale au service des citoyens à travers l'installation d'un conseil consultatif dont les représentants devaient être élus parmi les représentants des associations (15), des opérateurs économiques (15), des comités de quartier (12), des femmes (3), des jeunes (3), des personnes aux besoins spécifiques (2), d'universitaires (2) et 8 sièges au profit de la société civile (experts dans les domaines de la santé, l'éducation, le sport, la culture, l'urbanisme,...). Pratiquement une Assemblée ?bis', présentée par des experts en gouvernance participative comme un partenaire «privilégié» de l'Assemblée populaire communale (APC), avec pour objectif d'instaurer le dialogue avec les acteurs locaux en les consultant sur les options de développement et les projets prioritaires de la commune ayant une incidence sur les conditions de vie des citoyens. On était à un doigt de créer une synergie, entre les élus et leurs électeurs, qui garde le goût de l'inachevé.

Dans les années qui suivirent, le pays est entré dans une phase trouble, et il n'y avait vraiment pas de place pour penser à la démocratie participative. Aujourd'hui, les choses ont changé, et une remise sur selle du programme CapDel doit être sérieusement envisagée par les responsables au niveau des collectivités locales. C'est à ce niveau qu'on devrait commencer à concrétiser la dimension accordée à la société civile par la Constitution. Verra-t-on bientôt la relance des installations de conseils consultatifs auprès des communes ? Et pourquoi ne pas penser à les rendre réglementaires, obligatoires, donc, à travers les nouveaux textes des codes de la commune de la wilaya en gestation ? Parce que, pour la laisser à l'humeur du P/APC ou chef de daïra en place, la démocratie participative risque de mettre du temps pour prendre forme, ou ne jamais voir le jour.