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Tlemcen: Des postiers sous pression à Hennaya

par Khaled Boumediene

Les insultes et la violence sont des réalités dans la sphère professionnelle. Les agents d'Algérie poste, qui sont plus particulièrement victimes, savent quelque chose sur l'ampleur et les formes que prennent les insultes et les comportements violents de certains usagers.

C'est le cas des guichetiers de la poste de Hennaya qui n'en peuvent plus. Ils sont chaque jour confrontés à un ou plusieurs comportements hostiles dans le cadre de leur travail de distribution de services de proximité et à domicile ou de gestion de comptes postaux, avec pour but de satisfaire un besoin d'intérêt général. Pour les quatre agents de ce bureau de poste (le seul de la ville), le climat s'est dégradé depuis le début de la crise du manque des liquidités et files d'attente interminables. Ils tirent la sonnette d'alarme. «Notre sécurité est vraiment en danger car il n'y a ni agent de sécurité ni agent d'accueil pour la distribution de tickets aux nombreux clients à l'intérieur ! Idem pour l'écrivain public qui devait être à l'intérieur de la poste, pour aider les usagers qui ne savent ni lire ni écrire, alors que ce bureau de poste reçoit des centaines de personnes par jour. Nous avons également un manque flagrant de personnels. Avant, on était presque 11 agents, mais aujourd'hui il ne reste que quatre en plus de la responsable. Forcément, nous ressentons une grande charge de travail ! On a beau expliquer à nos clients ces difficultés en vain !», peste une guichetière de la poste de Hennaya. Parfois en raison de l'absence d'un ou de deux agents pour maladie ou pour accident de travail, l'attente des usagers est plus longue et la pression monte. Et naturellement en remplacement, on place des intérimaires pas ou peu formés, ce qui n'arrange rien aux tensions.

Selon d'autres agents, des faits graves et des incivilités récurrentes se produisent quotidiennement dans leur bureau de poste. « Jusqu'à quand nous allons continuer à travailler dans ces conditions difficiles et dangereuses. Il y a beaucoup d'accrochages avec des clients et très régulièrement, des usagers nous insultent et nous jettent leur téléphone portable à la figure pour un simple problème technique ou encore que d'autres vous menacent de mort pour la simple raison qu'ils n'ont pas pu encaisser une pension de leurs parents faute de présentation d'une procuration !».

A la veille de ce mois de Ramadhan, les postiers de Hennaya craignent surtout les opérations de paiement d'indemnités sociales du couffin, qui seront distribuées aux familles nécessiteuses. Ils s'apprêtent aussi à assurer le paiement de l'allocation chômage dans ces mêmes conditions de travail pénibles. «Tout ce que nous espérons c'est que les responsables concernés se penchent sérieusement sur ces phénomènes d'incivilités et de violence, qui peuvent se trouver aussi à travers les principaux bureaux de poste, et trouvent de vraies solutions à nos conditions de travail archaïques », souhaitent de tout cœur les postiers de Hennaya.