
Le gaspillage ne se limite
pas au pain, nous avons des déperditions dans le domaine agricole et dans
l'industrie agroalimentaire. C'est ce qu'a affirmé à notre journal, Hassan
Menouar, président de l'Association de protection des consommateurs. En
précisant que son association mène des campagnes de sensibilisation tout au
long de l'année et pas uniquement durant le mois de Ramadhan, avec des
propositions constructives émanant d'experts et de spécialistes en la matière.
Il dira que la majorité est focalisée sur le gaspillage du pain.
Il est vrai que les Algériens
gaspillent le pain. L'Agence nationale des déchets (AND) a fait état, l'an
dernier, d'un gaspillage de plus de 600 tonnes de pain par an. C'est
l'équivalent d'un milliard de baguettes, jetées dans les poubelles. Mais,
souligne notre interlocuteur, le problème du gaspillage concerne aussi d'autres
denrées et produits alimentaires. «Les déperditions dans les produits agricoles
sont de l'ordre de 30%. Des agriculteurs et des producteurs dans
l'agroalimentaire souffrent souvent de déperdition, en raison parfois de
surestimation des besoins, stockage inapproprié, manque de chaînes de transport
et de distribution». Justement, affirme-t-il, la commercialisation des produits
devient parfois problématique dans les deux cas, que ce soit dans le cadre
d'une surproduction ou une baisse de production, car dans tous les cas de
figure, le plus souvent les prix ne changent pas. Dans tous les pays du monde,
les produits agricoles ou de la pêche périssables sont vendus à un prix élevé
le matin, mais cédés à un prix bas le soir, sauf chez nous où les prix sont
fixes du matin au soir, ce qui ne laisse aucun choix aux consommateurs, ni même
aux producteurs qui se voient parfois contraints de jeter leur production. Pour
l'association, le consommateur n'est pas le seul responsable de gaspillage ou
de cette déperdition dans la production. Selon le Dr Menouar, même les pouvoirs
publics ont une part de responsabilité. «L'absence de stratégie de production,
entre autres, absence de cartographies agricoles des besoins réels, une cartographie
sur la production, l'absence d'études et de statistiques fiables sont souvent
derrière des pratiques inadéquates, avec des conséquences économiques
considérables», explique la même source. Pour ce qui est du gaspillage
domestique, « il faut inculquer au consommateur la culture de rationalisation
de la consommation, à travers des campagnes de sensibilisation tout au long de
l'année, ça ne devrait pas être occasionnel ». «Il faut lui apprendre comment
éviter le gaspillage et consommer au plus juste, lui apprendre comment il doit
faire ses achats et économiser un tant soit peu son argent, et comment
économiser l'énergie et l'eau». L'association propose un plan de lutte contre
le gaspillage avec des objectifs à atteindre. «On parle de 30% de déperditions
dans les produits agricoles, les produits énergétiques, l'on doit fixer un
objectif de réduction du gaspillage atteignant les 20% avec une politique de
planification basée sur une estimation réelle des besoins avec la
multiplication des campagnes de sensibilisation», dira-t-il.