Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Baisse de niveau des élèves: Une réforme, mais sans objectifs ni moyens adéquats

par M. Aziza

De l'avis de parents d'élèves, d'enseignants et de syndicalistes, les résultats scolaires du premier trimestre de l'année en cours sont relativement faibles. Un constat qui revient après chaque épreuve et ce, depuis des années. D'ailleurs l'Algérie a été classée au cours de cette année au 119ème rang mondial, dans l'indice mondial de la qualité de l'enseignement, selon le rapport publié par le Forum économique mondial de Davos, en juin 2021, et ce pour les trois paliers.

Un autre rapport émanant du Centre international pour l'Education (UNICEF), sur la qualité de l'enseignement du primaire dans le monde, daté de 2018, classe l'Algérie à la 22ème place dans le monde arabe et au 189ème rang mondial. Bien que des voix ont appelé, depuis plusieurs années, pour revoir les programmes d'enseignement, les méthodes et les démarches pédagogiques, mais en vain aucun changement n'a été opéré jusque-là. La crise sanitaire mondiale est venue compliquer les choses avec un volume horaire rétréci et des programmes super-chargés, une équation assez difficile à résoudre. Ce recul de niveau ne date pas d'aujourd'hui, nous dira, Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste. «Le niveau des élèves a baissé depuis plus d'une dizaine d'années», a-t-il souligné. En précisant que son syndicat et d'autres formations syndicales avaient déjà tiré la sonnette d'alarme sur cette situation de recul de niveau qui menace les capacités intellectuelles des nouvelles générations.

Et d'affirmer que son syndicat a, à maintes fois, exigé une réforme approfondie qui sera précédée d'un diagnostic exhaustif, élaboré par les experts et les acteurs du terrain «et non pas des experts installés dans des bureaux». Et ce, pour asseoir une vision globale sur un nouveau système d'enseignement qui assurera la «qualité». Bien évidemment, dit-il, loin de tout conflit ou calcul, qu'il soit politique ou idéologique. Il ajoute qu'aujourd'hui, l'élève et l'enseignant sont sous pression. Le système scolaire a imposé un rythme infernal aux élèves notamment dans le primaire, où les programmes dépassent bien les capacités d'un enfant. Ce dernier trouve du mal à appréhender, comprendre et mémoriser le contenu du programme qui est déjà volumineux. Dans d'autres paliers, les élèves sont en classe avec des difficultés de compréhension et d'assimilation. L'enseignant faute de moyens et de formation se contente difficilement de boucler les programmes.

Zoubir Rouina, président du Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (CLA), a affirmé à notre journal, que pour assurer un cursus scolaire de qualité, il faut avoir un système d'enseignement avec des objectifs bien précis qu'il faudrait atteindre. Et ce, avec une évaluation continue. Mais dit-il, il est impossible d'aller vers une réforme sans une volonté politique et sans mettre les moyens «humains et matériels». Nous n'avons pas encore vu le fruit de l'approche par compétence, adoptée actuellement qui a voulu changer les pratiques des enseignants ou le mode d'enseignement, car dit-il, une telle approche a besoin de moyens «humains et matériels». Pourtant, dit-il, tout le monde a travaillé peut-être plus qu'avant, cadres et responsables du ministère, enseignants, inspecteurs, personnel éducatif en général, les élèves avec le soutien de leurs parents, mais sans avoir des résultats probants. Car dit-il, une réforme ne peut réussir sans avoir les moyens adéquats.

Tout le monde connaît les infrastructures pédagogiques dont certaines manquent cruellement de moyens, sans parler des mauvaises conditions de travail et les conditions socioprofessionnelles du personnel éducatif qui n'ont toujours pas évolué. Avec des programmes éducatifs assez chargés. Et surtout, le manque de formation continue au profit des enseignants. Et de conclure «les choses semblent compliquées aujourd'hui, avec la survenue et la persistance de la pandémie mondiale de la Covid-19, notamment par rapport à son impact sur le secteur éducatif et bien d'autres secteurs. Seule une volonté politique ferme en faveur d'une réforme adéquate bien outillée, pourrait inverser la donne».