Avant Tariq,
il y a eu Dieudonné. Un homme que l'élite et les médias autorisés avaient
boycotté et mis au ban de la société, principalement pour un délit imaginaire
d'antisémitisme, alors que la justice n'avait jamais pu apporter la moindre
preuve pour pouvoir le condamner. L'humoriste est en effet un
fin anticolonialiste israélien, qui sait jouer avec les lois de la
République pour ne pas tomber dans le souhait du lobby de ce système
colonialiste, celui de la confusion entre antisémitisme et antisionisme
colonialiste. L'artiste est surtout populaire et joue ses spectacles à guichets
fermés à chacune de ses apparitions, pour venir manifester sa solidarité avec
les Palestiniens et mettre à nu le mensonge de la propagande autour de cette
affaire. Ce qui rend fous furieux les amis d'Israël et ceux qui s'acharnent à
enterrer l'injustice que les Palestiniens subissent depuis plus d'un
demi-siècle. Dieudonné, en plus d'informer en disséquant le mensonge de la
propagande colonialiste israélienne dans ses spectacles, donne au conflit une
visibilité telle que même les intellectuels et les médias arabes n'arrivent pas
à en produire le même effet sur l'opinion. Certains, par opportunisme,
participent même à sa banalisation en le réduisant à un conflit secondaire,
voire en se disant non concernés. Dieudonné tient son courage et sa force de sa
condition, celle de la banalisation de sa conscience blessée par la barbarie de
l'esclavage que le peuple noir, dont il est issu, avait subi. De ce fait, son
problème n'est pas le peuple juif, mais l'injustice que subit le peuple
palestinien, ou tout autre peuple d'ailleurs, comme l'a été le sien et qui
continue à l'être sur le continent de ses ancêtres, sous la forme d'un
néocolonialisme qui ne dit pas son nom. C'est cette force mentale qui irrigue
son art et fortifie son esthétique. L'artiste ne dort plus en paix depuis qu'il
s'est mis à mijoter en public l'horreur d'une telle injustice. Vilipendé au
quotidien, traîné en permanence devant les tribunaux, diabolisé sans relâche
par les têtes pensantes autorisées, rien n'y fait, l'engouement pour son art
témoigne de la justesse de son discours et l'admiration du public pour son
courage à dénoncer l'injustice face aux puissants, avec toutes les conséquences
que cela implique. Tôt ou tard, il paiera à son tour, comme c'est le cas
aujourd'hui pour Tariq Ramadan, qui n'a cessé depuis
un quart de siècle à dénoncer cette injustice et d'informer méthodiquement
l'opinion sur la vérité et les dessous de cette colonisation. Il subit à son
tour depuis ce temps le pire traitement que peut subir un intellectuel engagé
aux côtés des Palestiniens pour faire triompher la justice. D'autant qu'il est
musulman et éclairé, ce qui fait de lui un individu plus dangereux encore,
aussi bien pour les lobbys du pétrole et de l'armement, que pour les dictatures
liberticides arabes et les monarchies obscurantistes. Car c'est un éveilleur de
consciences et un réformateur révolutionnaire qui met la justice sociale et la
critique de la religion musulmane au centre de ses discours. Ceux-ci sont
perçus comme une menace pour l'ordre établi par la géopolitique de la
domination et du pillage des richesses des peuples du Sud par les uns et un
danger réformateur des structures mentales archaïques, maraboutiques et sans
consistance politique pour les autres. On peut ne pas être d'accord par une
tendance conservatrice dans son opinion sur le réformisme musulman, mais par
respect à un besoin circonstanciel de spiritualité chez les croyants, on peut
toujours lui accorder le mérite d'avoir su apporter des réponses significatives
à des questions structurelles du vivre ensemble par le respect des différences.
Mais cela ne pourra balayer son immense engagement pour faire triompher la
justice au profit des Palestiniens et ses dénonciations éclairées de
l'instrumentalisation de l'islam politique par les lobbys néocolonialistes. Face au danger qu'il représente et la menace que fait peser la
lumière de ses discours, qui sont suivis par des millions, voire des dizaines
de millions de musulmans, sur les intérêts de toutes sortes de lobbyistes
malintentionnés, cupides, qui n'ont aucune considération pour la chose des
droits humains et de la justice sociale et internationale, il ne reste que le
dessous de la ceinture comme arme pour le neutraliser et détruire la conscience
collective qu'il a su forger chez ses contemporains.