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Tel un couperet, la
nouvelle de la mort de Mokhtar Henni, ex-Wali de Jijel et de Tlemcen est tombée
en cette veille de l'Aïd El -Fitr, comme pour gâcher la fête pour sa famille et
pour ceux parmi nous, qui l'avons connu et apprécié. Ce grand commis de l'Etat,
digne héritier de cette noblesse qu'a enfanté Mazouna, la savante, aura marqué
durablement les populations de Jijel et de Tlemcen, qu'il a servi avec
abnégation et loyauté. Ce fin connaisseur du fonctionnement des collectivités
locales, a été forgé à l'école de Medeghri, cet autre haut commis de l'Etat.
Après avoir été Moudjahid, il a eu le mérite d'entreprendre des études
supérieures à l'Ecole nationale d'administration, pour devenir successivement,
Chef de daïra, Secrétaire général, et par la suite, un Wali exemplaire à plus
d'un titre, dans sa qualité de visionnaire et de stratège hors pair, qui
faisait l'admiration de tous ses collaborateurs. Les briefings quasi-quotidiens
qu'il dirigeait en maître de séance, étaient pour nous, membres de son
exécutif, des enseignements forts utiles pour la prise de décisions, non sans
avoir mesuré au préalable, son impact sur la vie économique, sociale et
culturelle. C'est à partir de plusieurs sources d'informations puisées auprès
de la société civile et par recoupements, qu'il forgeait son opinion, souvent
la mieux appropriée par rapport à nos approches technicistes. Plus qu'un chef
animé par l'esprit dirigiste et encore moins par l'arrogance que procure le
pouvoir, Si Mokhtar était pour nous, un guide et une référence de ressourcement
qui aura marqué chacun parmi nous, pour avoir bénéficier de cet enseignement
spécifique de l'école de la vie et son pragmatisme qu'incarnait notre Maître.
Pour ce qui me concerne, en ma qualité de DPAT, au sein de son exécutif, je
n'ai éprouvé aucune peine à le convaincre de la justesse de la politique
d'aménagement du territoire, à un moment où ce grand projet de société a été
totalement éclipsé par l'ouverture à l'économie de marché et les évènements
d'octobre 1988.
C'est en effet, à contre courant de la morosité et de l'incertitude ambiante, que Tlemcen se distingua comme une wilaya pilote en matière de prospective territoriale. C'est à ce moment, où le moral de la Nation était au plus bas, que Mokhtar HENNI, a su relever le défi d'un développement bien inspiré, pour avoir considéré que l'équilibre régional et l'égalité des chances à travers tout le territoire, sont deux constantes essentielles à la cohésion sociale. Cette conviction profonde fût traduite dans les faits à travers : l'émergence de politiques spécifiques pour le développement des zones frontalières, à l'économie de montagne, à l'option Hauts plateaux et celle du littoral. Avec Si Mokhtar, le Département de l'aménagement du territoire avait le vent en poupe, à tel point que le territoire de la wilaya, fût organisé en cinq (5) aires de planification et que fût introduite pour la première fois, la notion d'intercommunalité afin d'amener les collectivités locales à développer des réflexes de solidarité territoriale et de réaliser de la sorte, des économies d'échelles. Il est aussi, le père fondateur de l'Université de Tlemcen, dont le dossier de création fût élaboré au niveau de la DPAT, non seulement dans son exposé des motifs, mais aussi, et surtout, dans ses orientations et sa déclinaison en projets d'Instituts, pour la réalisation desquels, furent mobilisés tous les moyens, au demeurant limités, dont disposait la wilaya. C'est aussi, sous sa direction, que furent initiés les grands projets structurants de technopole de Chetouane, de gare maritime de Ghazaouet et de nouvelles agglomérations urbaines. Si Mokhtar était aussi, un fervent défenseur du patrimoine symbolisé par le combat qu'il mena pour la réhabilitation du Mechouar, la mosquée de Nedroma et de bien d'autres vestiges aussi prestigieux que chargé d'histoire. Il est bien heureux de constater qu'aujourd'hui, qua dans la continuité dus servie public,, bien des projets fruits d'une longue maturation, ont été concrétisés avec succès et sont fortement plébiscités par la population., ce qui souligne fortement, l'esprit visionnaire de ce grand commis de l'Etat qu'était notre ami Mokhtar HENNI. Il était aussi, cet homme de cœur, qui savait apprécier ou déceler la misère humaine à sa juste valeur et qui avait de la considération pour les plus méritants de ses cadres. Si Mokhtar, était de cette race de cadre intègre de la nation, qui ont su marquer durablement leur passage par leurs actions et leurs empreintes sur la vie économique et sociale à l'échelle de leurs entités territoriales. Son respect des Institutions de la République et de la chose publique, sa probité, son esprit d'abnégation et sa loyauté, ont fait de lui, un être admirable, cité pour l'exemple et un modèle pour tout commis de l'Etat soucieux d'accomplir sa mission dans le strict respect de l'intérêt de la collectivité et de son bien être. Si Mokhtar nous a quittés, non sans avoir longtemps souffert de cette douleur induite par la perte de son fils dans un accident de la route, en cette autre veille de l'Aïd. Il n'a pas pu survivre à ce chagrin profond qui l'a anéanti moralement, au point où il a vécu ses derniers jours dans une sorte d'enferment reclus sur lui-même à Mostaganem. Et tel l?artiste, toi l'Ami, qui ne savait pas te plaindre, tu as tiré ta révérence, non sans avoir empli nos cœurs de tristesse, mais aussi notre mémoire de bien d'agréables souvenirs de ce grand Homme que tu as été. Puisse Dieu le Tout puissant t'accueillir dans son vaste paradis. Ina lillahi, oua inna ileïhi radjioune ! |
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