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![]() ![]() ![]() Matthieu Galvani, DG de Djezzy: La nouvelle convention collective coûtera «plusieurs milliards de dinars sur trois ans»
par Mohamed Mehdi ![]() Le
partenaire social et les dirigeants de Djezzy ont
signé, mercredi dernier, les termes de la nouvelle «convention sociale», la
deuxième du genre pour l'entreprise, qui apporte «20% de hausse de salaire en
moyenne», selon le DG de l'opérateur, Matthieu Galvani.
Rencontré en marge du «Manager's Day», organisé mercredi dernier au Sofitel, le DG de Djezzy nous a annoncé la signature de la deuxième convention collective de l'entreprise après celle de 2015 «dénoncée» par le partenaire social (affilié à l'UGTA, ndlr) en décembre dernier. «La nouvelle convention collection a été négociée dans un des tournants les plus cruciaux de la transformation de l'entreprise. La particularité de la nouvelle convention, c'est qu'elle «met en place des minimas (salariaux, ndlr) et crée des filières métiers et d'expertise». «On a renégocié et relevé tous les minimas salariaux, toutes les primes, et nous avons apporté des changements dans la grille des salaires et son niveau d'hiérarchie. On est passé à 7 niveaux (de salaires, ndlr) contre 14 auparavant. Ce qui signifie que nous avons revu notre organisation pour essayer d'être le plus agile possible et donc le moins pyramidale possible, pour que la décision circule plus vite», explique M. Galvani. La création de «filières métiers» dans la nouvelle nomenclature (grille salariale) permet de «valoriser» l'expérience acquise par le personnel qui travaille chez Djezzy «depuis 2002». «On a des ingénieurs, des gestionnaires, des financiers, des trésoriers, des responsables de la communication et des ressources humaines qui ont un vrai savoir-faire. On a mis en place des filières «expertises» pour pouvoir, avec ces filières métiers, pour garantir la bonne vision, pour l'employeur et l'employé, la structure avec laquelle on veut travailler». Par ailleurs, la hausse des rémunérations convenue permet «d'augmenter de 20% en moyenne le niveau des salaires chez Djezzy». «C'est un véritable investissement dans le capital humain qu'on fait», commente le DG de l'opérateur. Coût estimé de cette hausse des salaires, «plusieurs milliards DA sur 3 ans», précise notre interlocuteur. «Je n'ai pas pris part aux négociations, en revanche, j'ai convaincu les deux actionnaires (FNI pour la partie algérienne et Veon le groupe des télécoms néerlandais), qu'on était arrivés à une convention collective saine pour l'entreprise qui permettrait de faire de bons investissements dans le capital humain et aller de l'avant», ajoute Matthieu Galvani. Les moyens pour financer cette hausse Autre précision du DG de Djezzy, la nouvelle convention collective est «à effet rétroactif à partir du 1er janvier 2019». L'effet rétroactif a été décidé dès le début de la négociation pour la «mise en confiance» du partenaire social. «C'était dans l'intérêt de tout le monde d'aller vite dans les négociations», dit-il. Précisant que si les négociations n'ont pas traîné en longueur (7 mois), «il y a eu sur certains points des conversations franches et vigoureuses». Selon le DG de Djezzy, le secteur des télécoms mobiles en Algérie et ailleurs dans le monde est caractérisé par une baisse des revenus de la voix et la hausse de ceux de la data. «Mais comme les prix de la data (Internet mobile) baissent très rapidement, et bien le marché se contracte», dit-il. «Le challenge qu'on a, c'est de continuer de générer de la valeur tout en finançant une baisse des prix et rentabiliser les investissements dans le réseau 3G/4G (13 à 14 milliards DA par an, depuis trois ans). Mais nous sommes sur des pressions fiscales plus fortes et des coûts importés, dus à l'inflation, qui sont plus importants. C'est dans cet environnement que nous avons accepté de faire augmenter notre masse salariale, parce qu'on pense que tout comme l'investissement dans le réseau 3G/4G et dans le digital, c'est important d'investir dans les hommes et les femmes qui font fonctionner ce réseau pour servir plus de 16 millions de clients», affirme le DG de Djezzy. Dans cette stratégie, des «économies d'échelle» ont été menées par Djezzy pour dégager plus de valeur. A ce titre, M. Galvani rappelle l'implémentation, il y a plus d'une année, de la plateforme Digital Business Support Systems (DBSS) qui assure la gestion de la relation client (facturation, tarification, offres commerciales?). «Nos économies ne viennent pas forcément de négociations avec nos fournisseurs ou sur les coûts fixes de la société. Les vraies économies viennent des manières différentes de travailler, qui sont plus agiles, et surtout de s'assurer que chaque employé œuvre pour servir l'objectif final. Au final, on produit une minute de communication et 1 giga d'Internet moins chers qu'avant. Cela ne nous a pas empêchés de continuer à étendre notre couverture 3G/4G, d'avoir les bons services, les bonnes offres et la fiabilité des réseaux, pour regagner des parts de marché. C'est ce qui s'est passé d'ailleurs, les deux dernières années, assez naturellement». «On attend avec impatience le paiement mobile» «La finalité n'était pas de gagner des parts de marché, c'était un résultat. La finalité pour nous, c'était de nous transformer pour être prêts pour notre métier de demain axé sur le digital», ajoute Galvani. Notre interlocuteur précise que Djezzy, «comme tous les autres opérateurs», attend «avec impatience» l'ouverture du marché du «paiement mobile» qui permettra, selon lui, de «débloquer tout un tissu économique». «On devra être prêts pour que le jour où le paiement mobile deviendra une réalité, on pourra jouer un rôle dans cet écosystème», dit-il. «En focalisant sur cette transformation, sur les métiers de demain, sur la digitalisation, sur la qualité des services et des offres, les parts de marché sont venues naturellement. Ce qui explique la formidable croissance qu'on a eue en 2018, et qu'on a stabilisée jusqu'à maintenant. C'est ce qui nous permet de financer ces augmentations de salaire», affirme le DG de Djezzy. |
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