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Doha bombardée : vers une recomposition géopolitique arabe inévitable

par Salah Lakoues

L'agression israélienne contre la capitale qatarie dépasse le cadre d'un simple acte militaire. Elle révèle la fragilité stratégique de la région et l'incapacité des pays arabes à peser collectivement sur la scène internationale. Entre l'ombre du double jeu américain, les calculs de puissance israéliens et les fractures internes au monde arabe, cet événement sonne comme un rappel brutal : seule une unité géopolitique arabe cohérente, fondée sur l'intégration économique et la mobilisation des sociétés civiles, peut transformer la vulnérabilité en souveraineté et redessiner les équilibres du Moyen-Orient.

Les pays du Golfe doivent réaliser que le projet d'Israël n'est pas de coexister pacifiquement avec eux, mais de les dominer stratégiquement, en étant un instrument des États-Unis dans la région.

Israël, pion des États-Unis au Moyen-Orient

Le narratif occidental présente Israël comme un petit État puissant qui domine la région par sa seule force. Or, en réalité, Israël agit essentiellement comme un pion des États-Unis, qui orchestrent la politique régionale à travers lui. Toutes les opérations militaires majeures, y compris les agressions au Moyen-Orient, sont souvent décidées ou coordonnées par Washington, Israël se contentant d'exécuter ces plans, notamment pour contenir l'Iran et affaiblir les acteurs non-alignés sur la stratégie américaine.

Facteurs encourageant la domination plutôt que la paix

Le projet américano-israélien de « remodelage » du Moyen-Orient vise à établir un ordre régional centré sur Israël, marginalisant l'Iran et les forces palestiniennes. Cette stratégie implique la répression des aspirations arabes à la souveraineté, sous couvert de lutte contre le terrorisme et normalisation diplomatique.

Plusieurs pays du Golfe, notamment les Émirats arabes unis, et Bahreïn, ont entamé une normalisation avec Israël, souvent sous la pression américaine, dans l'espoir de contenir l'influence iranienne et bénéficier d'une protection américaine renforcée. Mais cette normalisation ne garantit pas la fin des tensions ni un vrai respect des intérêts arabes.

Conséquences pour les pays du Golfe

Cette situation met les pays du Golfe face à un dilemme stratégique : accepter de devenir des vassaux dans un nouvel ordre régional dominé par Israël et les États-Unis, ou chercher à diversifier leurs alliances, renforcer leur autonomie politique et économique, et former un bloc arabe uni.

L'attaque israélienne inédite au Qatar, avec le soutien américain, illustre la brutalité exercée pour maintenir cette domination et rappelle aux pays arabes que toute dépendance à la protection américaine via Israël les rend vulnérables à des manœuvres politiques et militaires lourdes d'impacts.

Nécessité d'une prise de conscience et de résistance

Les pays du Golfe doivent rejeter le récit occidental qui glorifie Israël et nie la réalité du jeu américain dans la région. Une prise de conscience collective est essentielle pour :

Ne pas céder à la division interne entretenue par la politique de domination israélo-américaine.

Construire une stratégie indépendante fondée sur le développement économique, l'intégration régionale, et une politique étrangère multipolaire.

Refuser d'être des pions dans la stratégie américaine et promouvoir un ordre régional fondé sur le respect mutuel et la souveraineté.

Notre analyse met en lumière la complexité et la profondeur des enjeux géopolitiques actuels au Moyen-Orient et souligne la nécessité pour les pays arabes d'adopter une posture ferme et stratégique face aux ambitions israélo-américaines.

Notre approche met très bien en évidence le double piège que la stratégie Trump-Netanyahu tente d'imposer : d'un côté, le piège narratif (Israël présenté comme une puissance « invincible »), et de l'autre, le piège structurel (la dépendance économique et militaire des pays arabes à l'Occident). On peut approfondir ce raisonnement autour de trois dimensions :

Le piège narratif et psychologique

Les médias occidentaux amplifient l'image d'Israël « petite mais victorieuse », créant une forme de résignation ou d'humiliation dans l'opinion publique arabe.

En réalité, Israël ne pourrait maintenir une telle posture sans le soutien logistique, militaire, diplomatique et financier massif des États-Unis.

Cette illusion sert à décourager toute contestation collective arabe et à justifier les normalisations imposées comme des fatalités.

Le piège structurel de la dépendance

L'économie de rente pétrolière et gazière rend de nombreux pays arabes vulnérables aux pressions américaines et européennes (embargos, sanctions, conditionnalités financières).

La dépendance militaire (achats d'armes américaines et occidentales) enferme la région dans une spirale où l'argent du pétrole revient presque intégralement vers l'industrie militaire américaine.

Tant que cette dépendance persiste, les pays arabes restent exposés au chantage géopolitique, incapables de bâtir une politique souveraine.

La voie d'émancipation : multipolarité et développement autonome

Multipolarité : renforcer les liens avec la Chine, l'Inde, la Russie, l'Union africaine, et les BRICS+, pour réduire le monopole occidental sur la région.

Développement économique interne : investir dans l'agriculture moderne, l'eau, l'énergie renouvelable, l'industrie locale et la technologie. Ces choix permettent de créer une résilience économique indépendante.

Unité régionale : dépasser les rivalités internes pour bâtir une coopération arabe réelle (infrastructures, commerce intra-régional, projets technologiques partagés). Sans cette unité, les puissances extérieures continueront à exploiter la fragmentation.

Les preuves historiques du rôle d'Israël comme proxy américain au Moyen-Orient sont multiples et bien documentées :

Soutien militaire et stratégique depuis les années 1960

Dès les années 1960, les États-Unis ont commencé à fournir une aide militaire importante à Israël. Par exemple, en 1962 le président Kennedy autorisa la vente de missiles Hawk à Israël, malgré un précédent embargo décrété par Eisenhower. Ce soutien s'est intensifié sous Lyndon B. Johnson, notamment avant la Guerre des Six Jours en 1967, qui dota Israël d'un net avantage militaire sur ses voisins. Johnson est ainsi considéré comme le père de l'alliance militaire américano-israélienne, qui s'est développée en une industrie lucrative pour l'économie américaine.

Israël reçoit la plus grande assistance militaire américaine hors OTAN, avec des programmes conjoints de recherche et développement, ce qui montre une coopération étroite sur le plan stratégique et technologique.

Influence politique et lobbying

Le lobby pro-israélien aux États-Unis, notamment AIPAC, joue un rôle crucial dans l'orientation de la politique américaine au Moyen-Orient, agissant comme une courroie de transmission pour les intérêts israéliens, notamment par la préparation de projets de loi au Congrès et des échanges d'informations entre les gouvernements israéliens et américains.

De nombreuses tensions ont marqué cette relation, notamment lors de désaccords sur la politique israélienne en matière de colonies ou de conflits régionaux, mais le soutien financier et militaire est resté massif et quasi inconditionnel, attestant d'une position privilégiée d'Israël pour défendre des intérêts américains indirectement.

Rôle opérationnel et d'espionnage

Israël est aussi impliqué dans l'espionnage et le renseignement, coopérant avec les services américains pour cibler des pays et des zones clés au Moyen-Orient, Nord de l'Afrique et Asie. L'affaire Jonathan Pollard illustre l'existence d'un réseau d'espionnage israélien au sein des États-Unis, ce qui montre la profondeur des liens mais aussi les enjeux complexes.

Stratégie géopolitique

Israël sert d'élément avancé pour contrer l'influence d'acteurs régionaux tels que l'Iran, ou d'autres groupes hostiles aux intérêts américains. Cette fonction de relais ou mandataire permet aux États-Unis de mener une politique d'influence indirecte tout en limitant leur engagement direct sur le terrain.

En somme, de la vente d'armes et de technologies à la coordination politique et de renseignement, Israël a historiquement joué le rôle d'un proxy clé pour les intérêts américains au Moyen-Orient, agissant comme un partenaire militaire, politique et stratégique pour assurer la dominance américaine dans la région.

Conclusion stratégique

La véritable bataille au Moyen-Orient n'est pas uniquement militaire : elle est psychologique, économique et géopolitique.

Israël sert de paravent narratif pour masquer la domination américaine.

La faiblesse arabe ne réside pas dans une supposée infériorité militaire, mais dans la dépendance économique et la désunion politique.

Briser ce cycle exige une vision multipolaire, un modèle de développement autonome et une unité régionale réelle.

C'est dans cette direction que se dessine l'unique issue pour les peuples arabes : récupérer leur souveraineté et leur dignité, au lieu de se laisser enfermer dans le récit imposé par Washington et Tel-Aviv.

Le Moyen-Orient face au piège narratif de Trump et Netanyahu - La voie de la souveraineté

Face à une mise en scène géopolitique qui présente un « axe » américano-israélien comme une fatalité, les pays arabes ne doivent pas céder au récit de la résignation. La vraie réponse est collective : reconstruire la souveraineté économique, diplomatique et régionale pour écrire leur propre avenir.

Le paysage du Moyen-Orient est trop souvent réduit à une scène où la loi du plus fort dicte l'histoire. Aujourd'hui, une nouvelle mise en scène - venue de Washington et de Tel-Aviv - voudrait imposer un schéma simple et terrifiant : d'un côté, un bloc américano-israélien omnipotent ; de l'autre, un monde arabe fragmenté et impuissant. Ce récit n'est pas neutre : il est construit pour produire l'obéissance politique et la démission stratégique.

Ce récit manichéen est un leurre. Il cherche à masquer une réalité plus nuancée et, surtout, à normaliser une dépendance. Présenter Israël comme une puissance autonome, inéluctable, revient à occulter le rôle central du parapluie stratégique américain - renseignements, capacités logistiques, soutien diplomatique - qui conditionne largement la marge de manœuvre réelle. Pour Washington comme pour Tel-Aviv, ce récit sert un double objectif : légitimer des actions de court terme et installer durablement un ordre régional favorable à leurs intérêts.

Accepter cette fiction, c'est accepter d'être spectateur d'une pièce dont on n'a pas écrit le script. Refuser, en revanche, ne se limite pas à la dénonciation. Il faut proposer une stratégie concrète, un projet d'émancipation qui transforme la colère en capacité d'action. Ce projet repose sur trois chantiers prioritaires.

Libération économique par la diversification

La rente fossile a permis des progrès, mais elle a aussi verrouillé des modèles de dépendance. La sortie de ce piège exige une ambition industrielle et sociale : investir massivement dans l'éducation, la recherche, les technologies propres et la dessalination ; soutenir l'entrepreneuriat des jeunes ; transformer les villes et les zones rurales en pôles d'innovation. Une stratégie panarabe de transition énergétique - solaire, stockage, dessalement durable - peut créer emplois, souveraineté et valeur ajoutée locale. Il ne s'agit pas d'un vœu pieux : c'est une nécessité stratégique pour réduire les leviers de pression externes.

Avènement d'un multilatéralisme actif

La fin de l'ère unipolaire ouvre des marges de manœuvre. Les États arabes doivent diversifier leurs partenariats - Chine, Inde, Union africaine, pays d'Asie du Sud-Est, et acteurs régionaux - non pour remplacer une dépendance par une autre, mais pour exploiter la concurrence diplomatique et économique en faveur de leurs intérêts. Jouer la carte d'un multilatéralisme actif, fondé sur des échanges mutuellement avantageux, permet d'accroître la capacité de négociation et d'éviter l'enfermement sous ultimatums extérieurs.

Réinvention de l'unité régionale

C'est le chantier le plus ardu mais aussi le plus décisif. Les divisions internes (idéologiques, confessionnelles, institutionnelles) ne disparaîtront pas du jour au lendemain ; elles peuvent néanmoins être subordonnées à un agenda commun de sécurité, de développement et de diplomatie. Concrètement : une zone de libre-échange régionale ambitieuse, des infrastructures logistiques intégrées, une diplomatie coordonnée sur les dossiers majeurs - Palestine, Libye, Sahel - et des mécanismes de sécurité collective adaptés aux menaces contemporaines. Parler d'une seule voix ne signifie pas effacer les différences, mais les canaliser au service d'un intérêt stratégique partagé.

La dignité par la souveraineté - une perspective politique

Le projet porté depuis Washington et Tel-Aviv est souvent une stratégie courte - fondée sur des gains tactiques et la manipulation de l'opinion. Il génère instabilité et ressentiment à long terme. À l'inverse, la souveraineté que nous plaidons ici est lente à bâtir mais durable : elle repose sur des institutions, des stratégies économiques et des alliances choisies, non subies.

La reprise en main du destin régional demande du temps, de la volonté politique et une imagination stratégique à la hauteur des enjeux. Elle demande aussi des sociétés civiles fortes, des médias indépendants, des universités et des entreprises prêtes à innover. Les dirigeants peuvent initier ces transformations - mais sans l'adhésion des peuples, aucun programme de souveraineté ne tiendra.

Le piège narratif fonctionne tant que l'on continue de croire qu'il n'existe qu'un choix binaire entre soumission et confrontation. Il existe une troisième voie : la construction patiente d'une autonomie politique et économique qui restitue aux peuples arabes la dignité de décider. Ce chemin est difficile, mais il est le seul qui puisse conduire à une paix durable et respectueuse de la région.

Les atouts clés qui permettent de réussir l'approche d'une union douanière arabe sont nombreux et s'appuient sur des forces économiques, géographiques et humaines propres à la région, ainsi que sur les bénéfices attendus à court et long terme :

Atouts économiques et commerciaux

Grand marché régional : La région arabe forme un espace économique regroupant plus de 400 millions d'habitants, offrant un potentiel important de consommation et d'échanges intrarégionaux.

Diversité économique : La complémentarité des ressources naturelles (énergie, agriculture), des industries et des services entre pays favorise la création de chaînes de valeur régionales intégrées.

Réduction des coûts : L'union douanière réduit les coûts liés aux droits de douane, aux formalités commerciales et aux barrières non tarifaires, améliorant la compétitivité des acteurs économiques.

Atouts structurels

Langue et culture communes : Le partage de la langue arabe et de nombreux aspects culturels facilite la communication et les échanges, un avantage important pour la coordination politique et économique.

Proximité géographique : La faible distance entre pays permet de bénéficier d'infrastructures de transport moins coûteuses, optimisant la circulation des biens et services.

Infrastructures existantes à renforcer : Ports, aéroports, corridors terrestres déjà en place peuvent être connectés et modernisés pour fluidifier le commerce régional.

Atouts institutionnels et stratégiques

Expériences préalables : L'existence de dispositifs comme la Grande Zone Arabe de Libre-Échange (GAFTA) offre une base juridique et opérationnelle à développer.

Volonté politique croissante : Malgré les tensions, des initiatives récentes indiquent une volonté accrue des pays arabes pour une coopération économique plus étroite.

Potentiel d'attractivité pour les investissements : Une zone intégrée attire davantage les investisseurs étrangers recherchant une large base commune sans barrières tarifaires ni réglementaires.

Atouts sociaux et humains

Jeunesse active et diplômée : La population jeune et souvent diplômée des pays arabes constitue un vivier de talents pour soutenir les secteurs innovants et technologiques dans le cadre d'une intégration économique.

Emigration et diaspora : Un réseau de diasporas arabes peut soutenir les échanges commerciaux, les investissements et le transfert de technologies.

Ces atouts naturels, culturels, économiques et institutionnels, s'ils sont bien mobilisés et coordonnés, constituent un socle solide pour réussir l'union douanière arabe. Ils offrent une opportunité majeure de stimuler la croissance, la diversification économique régionale et de renforcer la souveraineté politique et économique des pays arabes sur la scène mondiale.

Si besoin, une synthèse détaillée peut être fournie sur les leviers à amplifier pour capitaliser sur ces atouts. Les atouts pour réussir l'approche d'une union douanière entre pays arabes sont notamment :

Un grand marché régional de plus de 400 millions d'habitants, offrant un potentiel important de consommation et d'échanges intra-régionaux.

La diversité des économies arabes, avec des ressources naturelles complémentaires et des secteurs industriels et de services variés, favorisant la création de chaînes de valeur régionales intégrées.

La réduction des coûts liés aux droits de douane, formalités commerciales et barrières non tarifaires, augmentant la compétitivité des économies locales.

Une langue commune (l'arabe) et des facteurs culturels partagés, facilitant la communication et la coopération régionale.

La proximité géographique qui permet d'optimiser les infrastructures de transport pour un commerce plus fluide.

L'expérience préalable avec la Grande Zone Arabe de Libre-Échange (GAFTA) qui offre une base légale et opérationnelle pour avancer vers l'union douanière.

La jeunesse nombreuse et souvent diplômée dans la région, qui peut soutenir le développement de secteurs innovants intégrés dans une économie régionalisée.

La volonté politique croissante malgré les défis historiques, qui peut être un moteur de l'intégration.

La possibilité d'attirer des investissements étrangers plus importants grâce à la création d'un grand espace économique intégré.

Ces atouts combinés donnent une base solide pour le succès de l'union douanière arabe, avec des bénéfices économiques, sociaux et politiques importants à la clé.

Manifeste pour l'intégration arabe

L'unité, la souveraineté et la jeunesse comme horizon

L'heure n'est plus aux illusions. Les peuples arabes voient clair : derrière chaque promesse américaine se cache une division, derrière chaque médiation israélienne se cache une domination. Les élites arabes n'ont plus le droit à l'erreur. Dans un monde où les blocs se forment et s'affirment, rester fragmentés revient à disparaître de l'histoire.

Sortir du piège des critiques stériles

La priorité absolue, aujourd'hui, est simple : les élites politiques arabes doivent cesser de se critiquer et de s'affaiblir mutuellement.

Chaque attaque médiatique, chaque querelle diplomatique, chaque rivalité inutile est une victoire offerte sur un plateau à Israël et à ses parrains américains.

Il ne s'agit pas de nier nos différences, mais de les gérer avec intelligence. Un narratif nouveau doit émerger : non pas celui des divisions et des rancunes, mais celui de la construction commune.

Un narratif intelligent et mobilisateur

Le monde arabe a besoin d'un langage politique nouveau, capable de rallier les peuples au lieu de les diviser. Ce narratif doit :

Mettre en avant l'idée que notre destin est lié - Maghreb, Machrek, Golfe.

Redonner confiance en la force collective arabe, au lieu de cultiver la peur de l'autre.

Défendre une vision de l'avenir fondée sur la souveraineté économique, l'indépendance énergétique et la justice sociale.

Faire de la Palestine le cœur symbolique de cette unité, non comme un fardeau, mais comme un moteur de dignité et de mobilisation.

Ce narratif doit être pédagogique, stratégique et inspirant : il doit transformer la frustration en espoir et l'humiliation en puissance.

Mobiliser la jeunesse : le vrai capital arabe

Nous ne devons jamais l'oublier : plus de la moitié de la population arabe a moins de 30 ans. Cette jeunesse est à la fois notre plus grand atout et notre plus grand risque. Si elle est abandonnée au chômage, à l'exil ou au désespoir, elle deviendra une bombe à retardement. Mais si elle est intégrée dans un projet collectif, elle deviendra une force historique de transformation.

L'intégration arabe doit être présentée comme une aventure pour la jeunesse :

Un marché de 400 millions de consommateurs où elle pourra créer et innover ;

Un espace culturel unifié où l'identité arabe sera célébrée et modernisée ;

Une arène politique où les jeunes ne seront plus spectateurs, mais acteurs.

La jeunesse arabe n'attend pas des slogans creux, elle attend un projet crédible, une vision claire et des leaders courageux.

L'intégration comme acte de résistance et de renaissance

Face au double jeu de Trump, face aux Accords d'Abraham qui nous fragmentent, face aux occupations militaires et économiques, l'intégration arabe est un acte de résistance. Mais elle est aussi plus que cela : elle est une renaissance, une chance unique de transformer nos ressources, notre géographie et notre culture commune en puissance.

Nous ne pouvons plus attendre que d'autres écrivent notre histoire. C'est à nous de prendre la plume, et c'est à nos élites d'avoir le courage de tracer un horizon commun.

Appel final

Aux élites arabes, nous disons : arrêtez les critiques stériles, adoptez un narratif intelligent, mobilisez la jeunesse.

Aux peuples arabes, nous disons : l'unité n'est pas un rêve, c'est une responsabilité.

À la jeunesse, nous disons : vous êtes les bâtisseurs d'un avenir souverain, prenez la place qui vous revient.

Le temps des divisions est terminé. Le temps de l'intégration a commencé. L'histoire nous regarde : ne laissons pas passer ce rendez-vous.