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Le pays en situation «d'urgence absolue»

par Kharroubi Habib

Dans la tribune qu'il a publiée ce mardi 23 juillet dans le quotidien «El Watan», Ali Benflis, l'ancien chef de gouvernement et président du parti «Talaie El Houriet», a estimé qu'il y a urgence à résoudre la crise politique qui secoue le pays depuis cinq mois. Pour lui, «toutes les situations auxquelles est actuellement confrontée l'Algérie au plan politique comme aux plans économique et social sont des situations d'urgence absolue», mais il n'en considère pas moins celle politique comme se situant tout en haut de la gradation de ces situations d'urgence en raison que «son règlement impératif et prioritaire conditionne tout le reste». Selon le président de «Talaie El Houriet», le «règlement de la crise politique n'est pas seulement vital en soi, il l'est aussi pour prémunir notre pays contre une entrée inévitable dans l'engrenage de la crise économique et sociale dont tous les mécanismes se mettent inexorablement en place».

L'on ne peut qu'être d'accord avec Ali Benflis sur la priorité qu'il y a à résoudre la crise politique. Tout le monde tant dans le camp du pouvoir que celui des politiques ainsi qu'au sein de la société s'affiche conscient de cette priorisation. Mais les jours, les semaines et les mois passent et cette crise politique persiste et même se complexifie sans que ses parties prenantes parviennent à s'entendre sur la démarche à suivre pour sa résolution.

La responsabilité de l'impasse incombe en premier lieu au pouvoir qui après que la crise politique a éclaté s'est entêté à ignorer les solutions qui lui ont été proposées pour son dénouement rapide et s'est fixé l'objectif de parvenir à celui-ci dans un cadre «constitutionnel» qui aux yeux des Algériens ne peut conduire qu'à la régénérescence du système et du régime contre lesquels ils se sont soulevés. Ce pouvoir a eu tout faux en pensant que les marcheurs du vendredi se contenteront d'être parvenus à déboulonner le président déchu et laisseront aux résidus de son régime la latitude de lui donner un successeur qui au mieux procéderait à un ravalement de façade du régime honni.

L'opposition et les politiques ont quant à eux fait montre d'inanité en ne mettant pas comme le demande l'urgence de la situation créée par cette crise sous le boisseau leurs querelles de chapelle, leurs luttes pour le leadership et leurs conflits égotiques pour construire un rapport de force à même de contraindre le pouvoir à une autre démarche que celle par laquelle il veut reconduire le régime. Benflis a raison de mettre en garde que le temps pour résoudre la crise politique avant qu'elle ne devienne le facteur déclenchant de celle économique et sociale est de plus en plus compté et qu'il y a donc lieu que les convergences s'opèrent permettant d'entrevoir sa résolution, à travers un nouveau pacte national émanant d'un dialogue inclusif.