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Les frontières
algériennes avec les six pays limitrophes sont bien gardées par les équipes de
l'Armée nationale populaire (ANP) et si le nouveau président Abdelmadjid Tebboune devait réunir le haut conseil de sécurité c'est
juste pour rassurer l'opinion publique que la crise actuelle n'affecte pas le
degré de vigilance des pouvoirs publics pour avoir une attention soutenue sur
son environnement externe.
Ni Fayez El Sarraj qui prédit la chute de l'Algérie et même de la Tunisie si la Lybie tomberait ni le maréchal Haftar qui vient de donner à ses hommes de lancer ce qu'il a appelé «l'assaut final» n'ont emballé l'armée algérienne de quelques manières que ce soit. Le haut conseil de sécurité a défini encore une fois la position diplomatique de l'Algérie de ne jamais s'ingérer dans les affaire internes de ses partenaires en particulier et de n'importe quel pays étranger en général. Tout porte à croire qu'il existe en Algérie une parfaite symbiose sur cette question entre l'ANP d'une part et la présidence de la République de l'autre. En dépit de la crise que vit l'Algérie avec un Hirak pacifique qui ne laisse aucun vide pour qu'une partie étrangère puisse trouver l'occasion de l'exploiter que ce soit de la Libye, du Mali ou tout autre pays occidental pour ses intérêts. Par contre l'opinion tunisienne trouve que leur président fraîchement élu il y a un peu plus de deux mois prend du temps en accordant de l'importance aux détails qui laisse du vacant à l'essentiel. Pour cette approche, la nature a horreur du vide que les autres se hâtent de rentabiliser. C'est ce que s'empresse de faire Rached Ghannouchi, puisqu'il n'hésite pas à envahir l'espace laissé vacant par le président pour l'accaparer et se le réapproprier. Pourquoi Ghannouchi justement ? Parce qu'il a pris sa décision sur le conflit libyen en prenant partie ouvertement avec le Gouvernement d'union nationale libyen de Fayez El Sarraj. Il bénéficie selon ses propres déclarations aux médias de la légitimité des autres pays. Pour lui, la position de la Tunisie qu'il appelle «notre position», elle est claire : «Il faut qu'il y ait une condition sine qua non de la mise en place de la paix entre les Libyens.» Il pense qu'aujourd'hui la sécurité dans ce pays empire de plus en plus. Il existe selon lui un «effet boomerang » qu'aucun pays limitrophe ne pourra contrôler. Le président turc a déclaré le 9 décembre que son pays pourrait déployer des troupes en Libye mais souhaite le concrétiser avec la Tunisie et l'Algérie. Le maréchal Haftar chauffe l'atmosphère déjà atomique dans la région en déclarant que «l'heure zéro a sonné pour l'assaut large et total attendu par tout Libyen libre et honnête». Pourquoi cette heure a sonné ? Le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez El Sarraj, reconnu par l'ONU, est extrêmement affaibli et ce, face à l'offensive du maréchal Khalifa Haftar. C'était donc au locataire de l'instance du Bardo et pas du président élu d'inquiéter les Tunisiens sur ce qui se passe en Libye et pense qu'il y a intérêt à ce que la sécurité de la Tunisie soit renforcée. Mais reste la question, face à une absence d'un gouvernement stable : quelles sont les mesures qui ont été prises en place en cas d'instabilité ? Ce cafouillage dans la hiérarchie et surtout des prérogatives entre le président de la République élu et celui d'Ennahdha a fait réagir la percutante présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi, en même temps chef de son bloc parlementaire, le vendredi dernier 27 décembre, que «le président de la République Kaïs Saïed doit s'adresser directement au peuple tunisien et à annoncer une position officielle qu'il s'engage à respecter devant le peuple et devant les parties qu'il a rencontrées concernant le dossier libyen». Elle remet les pendules à l'heure en rappelant le rôle du chef de l'Etat «en tant que chef du Conseil de sécurité nationale, il doit présenter au peuple les préparatifs entrepris par la Tunisie et rassurer le peuple sur l'intégrité de son sol et de ses frontières». Elle a réitéré sur les ondes Chems que « le président de la République devrait soumettre au peuple la coordination en cours entre les différentes unités de sécurité et militaires pour protéger le sol national ». Donc au vu de ce qui se passe actuellement en Tunisie et surtout ce retard qu'a pris Jemli pour former son gouvernement de compétence nationale qui devait être annoncé en vain ce même vendredi 27 décembre, pour le cas de l'Algérie, elle reste à ce niveau en avance puisque les manifestations des mardi et vendredi n'ont pas retardé le plan sécuritaire sur lequel l'ANP reste en œuvre et attentive dès le début des conflits aussi bien en Libye qu'au Sahel en général. Sa position est claire, elle défend ses frontières et ne s'ingère pas dans les affaires internes des pays concernés par ces conflits. 1-La visite de Recep Tayyip Erdogan était une surprise pour les Tunisiens C'est seulement lit-on dans une dépêche quand son avion a atterri à Tunis-Carthage que le peuple tunisien était informé de la visite du président turc. Alors, on était en droit de se demander pourquoi? Est-ce pour des raisons de sécurité, ou par peur de le voir hué par la foule à l'aéroport ou pour d'autres raisons relevant du secret d'Etat ? Quoi qu'il en soit, et quelles que soient les raisons de ce débarquement impromptu et quelque peu cavalier, Kaïs Saïed accueillait le président turc à sa descente d'avion. De la composition de sa délégation, les observateurs ont tout compris. Ce qui est sûr, cela n'a rien de fraternel et encore moins économique justement «dont l'échange scandaleusement inégal avec la Turquie est en partie responsable de l'effondrement de sa balance commerciale». En effet, Erdogan a débarqué avec ses ministres de la Défense et des Affaires étrangères, ainsi qu'avec le patron des services secrets turcs. Il a choisi un président tout neuf, néophyte en politique pour le convaincre de rejoindre l'axe Turquie-Qatar-Gouvernement Sarraj sinon tenter de servir de facilitateur pour convaincre à son tour son voisin algérien pour faire autant. Ce que résument les analystes tunisiens de la manière ci-après: «Erdogan est venu convaincre la Tunisie d'être du côté de Sarraj, l'homme-lige des milices armées de Tripoli. Et contre Haftar, l'homme qui mène la bataille pour libérer son pays du terrorisme islamiste». Ce que craignent ces mêmes analystes c'est le choix du président Erdogan pour la Tunisie et pourquoi ce casserait-il la tête de le faire ? Dans un pays, dit-on, gouverné depuis neuf ans par Ennahdha. Et qui vient d'élire un président inexpérimenté en matière politique et diplomatique. La Turquie n'a aucune difficulté à obtenir ce qu'elle veut. Bien que le maréchal Haftar et l'armée libyenne soient dans une position offensive; bien qu'ils soient soutenus par la Russie, la France, l'Italie, l'Egypte et bien d'autres pays, la Tunisie a choisi le camp des perdants. Un choix fait contre ses intérêts stratégiques supérieurs; et ce, en connaissance de cause. Car, ceux qui tiennent les rênes du pouvoir depuis neuf ans ont largement prouvé que l'intérêt de la confrérie passe avant l'intérêt du pays. Ce n'est pas du tout le cas de l'Algérie, même en période de crise, la cohésion populaire reste intacte lorsqu'il s'agit de nos frontières. Il faut dire aussi que dès ces premières semaines au palais de Carthage, sous une recommandation supposée de Rached Ghannouchi, le président Kaïs Saïed s'est affiché et, partant, faire de même pour le pays qu'il représente en accueillant l'islamiste Khaled Mecheri, ainsi que les représentants d'une seule tribu libyenne qui ne porte dans son cœur le maréchal Haftar, c'est plus que suffisant pour que les observateurs et les Etats proches ou lointains sachent quel parti la Tunisie a pris dans l'interminable conflit libyen. 2- Erdogan brouille les cartes là où il passe Il est devenu limpide comme l'eau de roche que les pays occidentaux comme la France, les Etats-Unis, l'Allemagne auquel vient de se joindre la Turquie, s'en foutent éperdument de ce qu'adviendra du peuple libyen en moins ceux qui lui sont limitrophes. Leur seul intérêt est d'abord géostratégique, ensuite économique. Même la coalition formée par l'Egypte et certaines monarchies des pays du Golfe reste à leur service. Justement il n'y a que les pays frontaliers comme l'Algérie et la Tunisie du côté Maghreb qui œuvre honnêtement pour réunir tous les Libyens autour d'une table pour trouver une solution. C'est un leurre aussi que de croire que l'Algérie craint en cas d'embrasement de la région une infiltration terroriste dans son territoire. Ces groupes iront partout là où il est possible sauf en Algérie pour une simple raison : ils ne trouveront pas un soutien populaire à la base. La France dont la politique en Libye en a fait une poudrière après la chute du régime Kadhafi continue à tergiverser tantôt d'un côté et parfois de l'autre. En effet, elle arme le maréchal Haftar pour le voir vaincre et pleure avec Fayez El Sarraj pour gagner sa confiance. Si l'implication politique et militaire de la Turquie est aisément compréhensible en Syrie par exemple le long de sa frontière sud où le conflit aux répercussions multiples pour son propre territoire, son intervention située à l'extrême éloignement pourrait surprendre plus qu'un. Mais le président turc a une réponse à tout «Nous irons là où nous sommes conviés, nous n'irons pas là où nous ne sommes pas invités. Comme nous y sommes conviés, nous répondrons favorablement » et d'ajouter «Nous soutiendrons par tous les moyens le gouvernement de Tripoli, qui résiste contre un général putschiste soutenu par des pays arabes et européens». Pourtant les objectifs des accords économiques passés avec le GNA ne trompent personne. Il ambitionne visiblement de projeter son pays dans un rôle de puissance régionale dans les divers conflits du monde arabo-musulman. Il commence par signer deux accords le 27 novembre dernier. Le premier plus rassurant pour le GNA libyen est celui d'un protocole d'entente pour une coopération militaire et qui est entrée en vigueur le jeudi 26 décembre dernier. Il a été publié au Journal officiel turc. Il prévoit le soutien à la création d'une force d'intervention rapide pour le transfert de compétences, l'entraînement des forces terrestres, maritimes et aériennes libyennes par des experts militaires turcs, ainsi que la fourniture de matériel. Le deuxième accord crucial signé avec le GNA libyen est maritime. Il concerne une délimitation territoriale qui permet à Ankara de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures, très disputées par la Grèce, l'Egypte, Chypre et Israël. Furieux, Athènes a annoncé dimanche qu'un accord sur le gazoduc East Med, concurrent des projets turcs, serait signé avec Chypre et Israël le 2 janvier. La Turquie et la Libye pourraient mener des activités d'exploration conjointes au large de Chypre, dans une zone qui recèle d'importants gisements de gaz. *Consultant, économiste pétrolier |
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