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![]() ![]() ![]() ![]() La démocratie participative est-elle en marche ?
Apparemment oui, si l'on en juge par les réunions élus-citoyens tenues
récemment par certaines APC de la wilaya d'Aïn Témouchent dont celle du chef-lieu.
L'administration locale a donné son feu vert afin d'impliquer la société civile dans le processus de développement, notamment par l'enrichissement des actions entrant dans le cadre des PCD (Plans communaux de développement). La cheffe de l'exécutif, lors d'une récente rencontre avec le conseil de wilaya, a appelé les élus à donner la parole aux citoyens pour qu'ils puissent exprimer leurs doléances et participer à l'essor de leur commune. Une orientation qui vient, en quelque sorte, entériner un fait déjà contenu dans le titre 3 (articles 11, 12, 13 et 14) du code communal qui évoque la participation du citoyen à la gestion des affaires de la commune. Mais ce droit consacré par les textes n'est en pratique que rarement exercé parce que, d'une part, le citoyen se désintéresse de la chose politique et, d'autre part, les élus préfèrent en général laver leur linge sale à l'abri des regards. L'oukase émanant du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales est venu donc rappeler une disposition légale dont l'exécution ne saurait se limiter à une clause de style. Si les élus constituant l'APC sont les représentants de la société, choisis au suffrage universel -si tant est que les partis politiques possèdent un véritable ancrage populaire- et donc investis de la responsabilité (pouvoir ?) de concrétiser les aspirations des citoyens, la question que tout un chacun pourrait se poser est la suivante: est-ce qu'il sera tenu compte des préoccupations citoyennes exprimées lors de ces concertations périodiques avec les notables de la ville ? Comment pense-t-on organiser cet espace de dialogue et d'échange de points de vue et l'intégrer dans les mœurs politiques ? En admettant le fait que les avis des uns et des autres contribueront forcément à ajouter plus de crédit à la prise de décision, quelle sera la marge de manœuvre du maire face à la tutelle administrative, soit la daïra et la wilaya ? Il faut savoir que les projets inscrits dans le cadre du PCD le sont sur la base de fiches techniques présentées par l'APC qui les soumet à l'arbitrage de la hiérarchie qui juge de leur opportunité. Dans cette optique, les propositions qui peuvent provenir des débats avec la société civile ne vont pas au-delà des questions liées à l'hygiène publique, l'éclairage, le bitumage des routes, le club phare, les toilettes publiques, etc. Entre promesses et engagements, les élus tentent de faire bonne figure pour contenir la critique et ils n'y arrivent pas tous. Les édiles d'Aïn Témouchent, par exemple, essuient régulièrement des reproches sur le ramassage des ordures en raison du manque de camions qui tardent à venir malgré les commandes effectuées. Des contraintes de procédure qu'il est difficile d'expliquer aux membres de la société civile. Et quand le problème est plus complexe, cela se résume souvent à un dialogue de sourds. Un cas d'école Prenons le cas des écoles qui, en cette rentrée scolaire, ont suscité nombre de commentaires acerbes. Surcharges d'effectifs et double vacation, écoles importantes tournant avec une seule femme de ménage, cantines scolaires dépourvues de moyens, tables d'écoliers de mauvaise qualité ramenées de Hammam Bou Hadjar, des équipements pédagogiques délaissés faute de budget, ce qui fait que des APC sont incapables de remplacer des vitres, des serrures, des ampoules, des robinets? Pourquoi s'en prendre alors aux chefs d'établissement en les accusant de ne pas prendre des initiatives pour entretenir leur milieu, de ne pas mettre la main à la poche pour combler les imperfections, acheter des sacs-poubelles ou mobiliser les enseignants pour le grand ménage ? La directrice de l'éducation, au lieu de sermonner à tout bout de champ son personnel et lui exiger des sacrifices, devrait plutôt demander des comptes aux maires, voire aux services de l'académie, et donner l'impression qu'elle domine son secteur. Le procédé qui consiste à manifester sa colère en public, parfois devant la presse, est usé jusqu'à la corde. On ne devient pas plus crédible après ça. Bref, le sujet de l'école, qui relève du domaine de compétences de l'APC, intéresse au plus haut point la société civile ainsi que nous l'avons constaté. Hélas, quand la problématique, telle que nous l'avons sommairement évoquée plus haut, dépasse les prérogatives des élus de l'APC, il y a de fortes chances pour que la plèbe se résigne à accepter son sort. Nous avons vu comment la gestion antérieure à l'arrivée de l'actuel wali a souffert des appétits de certains décideurs de la commune d'Aïn Témouchent, voire de la wilaya placée sous les fourches caudines d'une engeance avec la complicité ou le silence des élus à tous les échelons. La majorité des biens patrimoniaux de la collectivité furent cédés, des POS (instruments de loi) tripatouillés, des actes de gestion controversés portés par les plaignants devant la justice... Que pouvait faire la ?'démocratie participative'', même forte à ce moment, face à la puissance des pouvoirs locaux ? Le maire de la ville ?'martyre'' essaye de mettre de l'ordre dans le sommier de consistance de la commune, mais il a du mal à rassembler les éléments du puzzle. Les domaines résistent? Démocratie participative, démocratie de proximité ou citoyenneté active, il est clair que les pouvoirs publics sont actuellement engagés dans une ?'redéfinition de leurs rapports avec les acteurs privés et la société dans son ensemble''. Cette synergie citoyens/élus apparaît comme un atout majeur de la politique de modernisation de l'administration et la réforme de l'Etat. L'intervention donc des citoyens dans le champ de la décision s'impose car elle permet de contrôler et de corriger les errances de la démocratie représentative incarnée, depuis longtemps chez nous, par les deux partis hégémoniques que sont le FLN et son clone le RND. La volonté affichée d'associer directement les populations, un réservoir de compétences multiples, aux prises de décisions doit bénéficier d'un cadre légal, structuré, sinon ces consultations démocratiques ponctuelles ne seraient plus que des séances de défoulement populaire sans suite. Avoir accès à l'information, se voir ouvrir des dossiers, interpeller qui de droit quand l'intérêt public l'exige, la démocratie participative est au centre de grands forums mondiaux, elle est devenue la référence d'un vaste réseau d'organisations internationales emmené par la Banque mondiale qui cherche à conditionner l'aide internationale à des ouvertures démocratiques de la part des pays bénéficiaires. Il est incontestable que les modes de gouvernance nécessitent aujourd'hui la mise en place de garde-fous et une implication de plus en plus active de la société civile car notre pays a grandement besoin de toute son intelligentsia pour affronter les défis de demain. |
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