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Oran :
Altercation mortelle au «vieux moulin» de M'dina J'dida: L'accusé écope de quatre ans
par M. Nadir ![]() Mardi
dernier, le tribunal criminel de première instance a examiné une affaire dans
laquelle R. Bouhmidi était accusé de violences
volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, et G. Ahmed,
poursuivi de non dénonciation de crime et non-assistance à personne en danger.
Les faits remontent à la soirée du mercredi 19 avril 2017 lorsque les services de police ont été alertés sur la personne d'un homme gisant sur par terre, au pied de «r'ha lakdima» (le vieux moulin) de M'dina J'dida, bâtisse de cinq étages, ouverte aux quarte vents, squattée par les alcooliques et autres vagabonds. Arrivés sur les lieux les policiers constatent le décès de K. Belkacem, 54 ans, gardien de voitures connu pour son penchant pour la bouteille. Le médecin légiste qui effectue l'autopsie conclut à un décès provoqué par plusieurs blessures et fractures. L'enquête sur cette mort suspecte conduit la police jusqu'à un certain R. Bouhmidi, vendeur de fruits et légumes de 43 ans, qui, la nuit du drame, aurait confié à un ami avoir poussé la victime du premier étage du «vieux moulin». Interpellé, le suspect reconnaît avoir eu une altercation avec Belkacem -après que celui-ci s'en soit injustement pris à un SDF qui avait l'habitude de coucher au 3ème étage- que son adversaire l'avait frappé à la tête avec une bouteille et qu'en réaction, il l'avait repoussé. Déclarations qui coïncident avec la déposition du témoin sur lequel la police s'était basée pour arrêter le suspect. Le SDF est également interpellé et interrogé : G. Ahmed, 64 ans, friper de son état, reconnaît avoir été interpellé par Belkacem cette soirée-là mais qu'il ne s'y était pas arrêté, préférant monter se coucher au 3ème étage. Après instruction, R. Bouhmidi sera inculpé et mis en détention pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, selon l'article 264, alinéa 4, du code pénal. G. Ahmed sera également inculpé pour non-dénonciation de crime et non-assistance à personne en danger, conformément aux articles 181 et 182, alinéa 2, du code pénal. Il sera laissé en liberté. Mardi lors du procès, R. Bouhmidi changera de version en soutenant ne pas avoir poussé la victime : «Je venais à peine de m'installer dans un coin quand j'ai entendu la victime s'en prendre à Ahmed. Je lui en ai fait le reproche en disant qu'il n'avait pas à s'en prendre à un vieil homme. Belkacem m'a intimé l'ordre de ne pas m'en mêler avant de me frapper à la tête avec une bouteille. La tête en sang, j'ai descendu les escaliers et quand je suis arrivé dehors, je l'ai trouvé à terre. Il était blessé, il m'a demandé d'appeler les secours», jurera l'accusé en larmes. De son côté, G. Ahmed maintiendra ses premières déclarations : «La victime m'a demandé pourquoi je dormais là, je lui ai répondu que je n'avais pas d'autre choix et je suis monté dormir. Je n'ai rien entendu de particulier, la zone étant pleine de bruits et de cris émanant d'ivrogne ou de vagabonds». Appelé à la barre, Laouedj, dont le témoignage à charge avait conduit la police à Bouhmidi, maintiendra sa version : «Bouhmidi est venu me voir pour me dire qu'il avait eu une altercation avec Belkacem, et qu'il l'avait poussé du 1er étage parce qu'il l'avait frappé avec une bouteille. Il était très agité» Dans bref réquisitoire dirigé à la fois contre l'alcool et les alcooliques, le représentant du ministère public requerra 15 années de réclusion contre Bouhmidi et 2 ans de prison contre Ahmed : «Les faits sont établis et le témoignage de Laouedj ne souffre d'aucune ambiguïté», dira-t-il en guise d'arguments. Regrettant que son client ait été poursuivi sur la base d'un témoignage par ouï-dire et non d'un témoin oculaire, que le juge d'instruction n'ait pas jugé utile de procéder à une reconstitution du crime et qu'il n'y ait pas eu de confrontation entre son client et le témoin à charge, l'avocat de Bouhmidi demandera l'acquittement de son client en insistant sur le fait que celui-ci a tout nié à la barre. Désigné au début du procès par la présidente, l'accusé n'étant pas représenté, l'avocat de G. Ahmed a souligné que son client n'avait pas assisté à l'altercation entre Bouhmidi et Belkacem puisqu'il dormait au 3ème étage et qu'il ne pouvait logiquement pas être coupable de non-dénonciation de crime et de non-assistance à personne en danger : «D'après les débats, il m'est apparu qu'il y a un gros doute sur le dossier. Et le doute doit profiter à l'accusé», a-t-il conclu en plaidant également l'acquittement. Après délibérations, le tribunal criminel déclarera R. Bouhmidi coupable des faits qui lui sont reprochés et le condamnera à quatre ans de prison ferme. G. Ahmed, lui, sera acquitté. |
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